Location d’amis à 8 euros l’heure !
*RentaFriend s’attaque à l’Europe
*Un site internet qui permet de louer des amis !
Le site américain, qui permet de louer des amis, s’installe au Royaume-Uni et en France dans la polémique. Son objectif : partir à l’assaut de tous les solitaires d’Europe avant de viser ceux du monde entier.
En plein mois d’août, lorsque tous les amis sont partis en vacances, un sentiment de solitude peut vite faire son apparition. C’est la raison pour laquelle le site RentaFriend a choisi la période estivale pour proposer ses services au Royaume-Uni et en France. Depuis juillet dernier de l’autre côté de la Manche et depuis quelques jours sur la toile hexagonale, ce site internet américain propose de louer un ami, au sens propre du terme.
Moyennant un abonnement de 19 euros par mois environ, ou 54 euros par an, le site ouvre l’accès à une base de données contenant les profils et les coordonnées de 283.000 hommes et femmes dans le monde entier. Ces personnes, qui elles s’inscrivent gratuitement, détaillent leur nom, prénom, âge, lieu de résidence mais surtout hobbies et passions. Les 2500 abonnés peuvent alors les contacter par mail ou téléphone pour leur proposer de les accompagner au restaurant, au cinéma, pour une ballade, une soirée VIP ou un voyage.
De la compagnie à 8 euros de l’heure
Si aucun tarif n’est imposé, l’ami à louer propose généralement un prix de base de 8 euros de l’heure. Ce dernier, pour qui tous les frais sont pris en charge par la personne qui le contacte, empoche l’intégralité de la somme à la fin de la journée. Le site, lui, survit financièrement grâce aux abonnement payés pour l’accès à la base des coordonnées. «Le site est rentable», précise son fondateur Scott Rosenbaum.
D’après la version américaine de RentaFriend, lancée en octobre 2009, certains ont fait de la location de leur amitié leur gagne pain quotidien. «Si vous facturez 20 dollars de l’heure et que vous travaillez trois jours par semaines, vous pouvez vous faire 1920 dollars par mois. Si vous travailler à temps plein au même tarif horaire, vous pouvez engranger 3200 dollars mensuels», promet le site. «Il n’y a aucune obligation à être ami avec quiconque. Vous décidez avec qui lier une amitié, combien vous facturez et combien de temps vous voulez travailler. Vous faites toutes les règles ! Vous êtes le boss !».
«Une nouvelle façon de faire des rencontres»
Ce type de site de rencontres amicales payantes existe déjà au Japon où l’archipel en recense au moins une dizaine. RentaFriend exporte donc le projet en Europe. De quoi mettre mal à l’aise les associations de lutte contre la solitude. «L’idée de mettre en relation les personnes qui se sentent seules avec d’autres est positive car ces dernières ne se manifestent pas. Mais ce serait mieux si ce n’était pas payant. On risque dans ce cas de figure de se retrouver dans une relation faussée, commerciale, alors qu’il faut promouvoir les relations humaines», déplore Pierre Villelongue, de l’association Saint-Vincent-de-Paul qui lutte contre le phénomène.
«Je crois que les gens ne saisissent pas entièrement le concept. Près de 90% des membres ne sont ni seuls, ni déprimés. Les témoignages le montrent», se défend Scott Rosenbaum face à la polémique. «L’usage le plus répandu est celui de la recherche d’un ami local pour jouer le guide au cours d’un voyage ou la recherche de dialogue pour l’apprentissage des langues. Les gens achètent de la compagnie, ils louent le temps d’une autre personne pour un but précis». Scott Rosenbaum se dit d’ailleurs «abasourdi» par le débat provoqué par RentaFriend depuis son lancement en Europe : «Je pensais que les Etats-Unis étaient prudes et que les autres pays étaient plus relaxes», ironise le créateur du site.
Epinglé sur les risques de dérives sexuelles, Scott Rosenbaum balaye à nouveau les critiques : «Chaque profile est vérifié manuellement et nous avons un système de mots d’alertes qui nous permet d’agir. De toute façon, il existe des milliers de site qui proposent du sexe sur internet. Il n’y a donc aucune raison pour un individu d’essayer sur RentaFriend».
Pour la suite, Scott Rosenbaum est donc confiant. «J’ai été approché par des organismes privés et des fonds mais pour le moment, je ne cherche pas d’investisseurs. Cependant, si quelqu’un est intéressé par un rachat, je suis prêt à écouter les offres», explique-t-il. En attendant, le jeune homme de 30 ans vise une couverture internationale d’ici à la fin de l’année. «Les gens doivent ouvrir leurs esprits et observer les bénéfices qu’ils peuvent en tirer plutôt que de juger», estime-t-il. (Le Figaro-20.08.2010.)
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