Quand le sexe devient une drogue dure
**L’addiction sexuelle concerne 5 à 10% de la population en France
INTERVIEW – Selon le psychanalyste Jean-Benoît Dumonteix, on peut s’attendre à ce que la société ultra sexualisée compte de plus en plus d’addicts.
Psychanalyste, Jean-Benoît Dumonteix s’est spécialisé dans le traitement de la dépendance sexuelle. Avec Florence Sandis, journaliste, il publie un livre Les Sex addicts. Quand le sexe devient une drogue dure (éditions Hors Collection Témoignages, mai 2012). Plusieurs «accros» au sexe, anonymes, y témoignent. Tel Vincent qui dit avoir servi de «rabatteur» à un homme politique – qui n’était pas Dominique Strauss-Kahn, précise-t-il -, lui-même gros consommateur de femmes. Ou Céline, mariée depuis trente-six ans, qui raconte fréquenter frénétiquement les clubs échangistes, à l’insu de son entourage. Ou encore Samir qui, d’un clic sur internet, déclare assouvir ses pulsions, alors que sa jeunesse au Maroc lui avait appris que le sexe était sale.
LE FIGARO. – Comment définir l’addiction sexuelle?
Jean-Benoît DUMONTEIX. – Les personnes dépendantes font appel à la sexualité pour évacuer leur émotions négatives. Cela peut se traduire par deux formes de passage à l’acte. Soit le virtuel avec la connexion assidue à des sites de rencontres, des webcams, des réseaux sociaux orientés sur le sexe. Soit le réel avec la fréquentation compulsive de sex-clubs, de prostituées, d’escort-girls, de backrooms. Des patients peuvent très bien ne pas être intéressés par le virtuel, d’autres passer facilement du virtuel au réel. Un phénomène est très présent chez les 20-30 ans qui ont été formés à la sexualité via internet, le porno en ligne: ils ne connaissent que cela et se disent incapables de toucher l’autre physiquement. Ils ont besoin de se réfugier derrière cette protection de l’écran et ont peur de se faire rembarrer dans la vie réelle…
Cette addiction devient-elle envahissante au point de conduire la personne à se mettre en danger? L’un des témoins du livre affirme que, dans le milieu politique, c’est une attitude fréquente doublée d’un sentiment d’impunité.
Cette dépendance peut effectivement devenir très dangereuse, très vite. La personne dit savoir que son comportement est dangereux, la fait souffrir, que c’est pourtant plus fort qu’elle et qu’elle ne peut s’arrêter. C’est une façon d’évacuer le stress, notamment pour les gens occupant des postes à responsabilités, étant totalement investis dans leur métier. Le jour où l’addiction, parfois cachée depuis des années, est découverte, cela peut être catastrophique. En tombant simplement sur un SMS, le conjoint découvre qu’il partagent la vie de quelqu’un qu’il ne connaît pas vraiment.
L’entourage tombe vraiment des nues ou s’est voilé la face pendant des années?
Tout dépend. Certains proches peuvent dire, après coup: «Je sentais bien que quelque chose clochait mais je ne savais pas quoi. Maintenant que je fais l’historique de ces années, tout prend sens».
Selon vous, beaucoup des dépendants ont connu une forme de maltraitance dans leur enfance. À connotation sexuelle forcément?
Environ 80 % de mes patients sont des hommes et qui, pour beaucoup, ont subi une maltraitance liée à la sexualité. Cela ne va pas forcément jusqu’à l’agression sexuelle mais peut être un geste déplacé, un climat familial trop sexué. Ainsi, un patient évoquait des parents libertins, qui se livraient à une sexualité débridée à la maison, leurs enfants étant à peine endormis. De tels comportements mettent l’enfant en insécurité, le fragilisent par rapport à sa sexualité future.
Quelle thérapie peut être proposée?
Le plus difficile est d’arriver à casser le cycle de la dépendance. On peut intervenir quand le patient développe à la fois une honte et une souffrance par rapport à ses actes. Il commence à se dire: «Que suis-je en train de faire? Est-ce que tout cela vaut le coup?» Là, le décrochage est possible. A l’inverse, quand il cherche à assouvir sa pulsion, il n’a plus conscience de l’autre, ni même de lui. Il peut adopter un comportement à risques, par exemple multiplier les rencontres sans se protéger avec un préservatif ou risquer à tout moment d’être reconnu.
Vous estimez que les «sex addicts» représentent 5 à 10 % de la population? C’est un pourcentage très élevé. Sur quoi repose cette estimation?
Elle comprend les personnes susceptibles de devenir dépendantes. Ces chiffres reposent sur des observations dans les hôpitaux et une étude de l’Inserm. On peut s’attendre à ce que notre société, ultra sexualisée, compte de plus en plus d’addicts. Les sollicitations sont toujours plus nombreuses. La simple vue d’une publicité avec une femme nue peut déclencher une pulsion chez quelq’un de vulnérable.
L’addiction au sexe, soulignez-vous, peut souvent être satisfaite immédiatement. Pas besoin de drogue, pas forcément besoin d’argent pour se procurer son «shoot»…
Effectivement, à tout moment, on peut s’isoler, avoir une consommation rapide. Son propre corps est en effet toujours disponible. Ces personnes ne savent pas où placer le curseur de leur santé sexuelle, ne savent pas s’arrêter à la satiété et développent un comportement compulsif. Mais, il ne faut pas faire d’amalgame, les addicts ne sont pas des pervers. (Le Figaro.Santé-12.06.2012.)
**Addiction sexuelle : Qu’est-ce que c’est ?
L’addiction sexuelle est un processus dans lequel on développe une relation pathologique avec le sexe. Le concept d’addiction sexuelle est apparue à la fin des années 1970 lorsque l’on s’est aperçu que les mécanismes en jeu étaient les mêmes que ceux retrouvés dans d’autres types d’addiction : alcool, jeu, nourriture…
Le nombre de personnes souffrant d’addiction sexuelle est inconnu, celle-ci étant généralement cachée et vécue dans la honte. Reconnaître qu’il s’agit d’une maladie aide souvent à prendre conscience que l’on a besoin d’aide et qu’une prise en charge est possible.
L’addiction sexuelle conduit à avoir une vie centrée sur celle-ci, en parallèle de la vie « normale ». Cette vie parallèle devient envahissante et de plus en plus importante. Elle peut amener à s’éloigner de ses amis, de son travail et de sa famille. Elle induit également une distorsion de la réalité, tous les comportements étant interprétés dans un sens sexuel (voir question n°2).
L’addiction sexuelle est souvent croisée avec d’autres comportements addictifs.
Elle touche aussi bien les hommes que les femmes. Internet a facilité l’accès au sexe online et l’addiction au cybersex fait partie des nouvelles addictions.
*Comment ça se passe ?
L’addict au sexe développe progressivement une relation avec le sexe qui est source de souffrance. Au centre de l’addiction sexuelle se trouve un système de croyance particulier (échelle interne qui nous permet d’interpréter la réalité à travers notre système de valeur, de présupposés, de convictions, d’avis, de jugements). Le système de croyance est ce qui permet de prendre des décisions, de résoudre des problèmes, d’établir des priorités, d’interpréter les actions d’autrui, de donner du sens à ce que nous vivons… Il n’est donc pas étonnant que le comportement de l’addict au sexe semble aberrant pour celui qui a un système de croyance différent. Il est cependant parfaitement logique en soi. L’enjeu du traitement est d’ailleurs double :
a-faire prendre conscience à l’addict des points faibles de son système de croyance ;
b-lui donner des stratégies pour lui permettre d’en éviter les pièges.
Le système de croyance de l’addict sexuel s’appuie sur un déni de l’addiction. L’addict peut rationnaliser son comportement de telle façon qu’il se convainc de maitriser la situation (« ce que l’autre ne sait pas ne le blesse pas », « je suis plus détendu pour les autres après », « je ne serais pas comme ça si ma/mon partenaire était plus réceptive/réceptif », « ça ne fait de mal à personne », « c’est ma nature »…). Pris « la main dans le sac », l’addict peut apparaître vraiment sincère dans son intention de changer (il l’est), mais ces intentions se heurtent souvent à la réalité de son addiction s’il n’entre pas dans un processus thérapeutique (voir question n°5). L’addict est très critique vis-à-vis de son entourage qu’il juge indirectement responsable de son comportement. Il peut d’ailleurs l’en blâmer et flirter avec la paranoïa. Il n’envisage pas facilement sa responsabilité. Tout ceci explique que l’addict se replie dans un monde bien à lui et peu accessible aux autres
.L’addict entre dans le cycle de l’addiction en 4 phases :
1-obsession. Les pensées de l’addict sexuel sont focalisées sur la satisfaction de ses « besoins » sexuels. Il consacre la plus grande partie de son temps à la préparation et à la réalisation d’activités sexuelles. Ses relations professionnelles et sociales sont imprégnées de sexualité et même des comportements non équivoques de proches sont réinterprétés comme empreint d’érotisme ;
2- ritualisation. L’addict sexuel développe des comportements routiniers sous la forme d’actes ritualisés conduisant au comportement sexuel. Les rituels renforcent et entretiennent l’excitation ;
3- comportement sexuel compulsif. C’est la répétition incontrôlable du comportement sexuel addictif ;
4- désespoir. Il se traduit par un sentiment d’impuissance par rapport au comportement addictif.
Paradoxalement, c’est souvent en s’engageant à nouveau dans un cycle addictif que l’addict sexuel atténue la souffrance liée à la quatrième phase. L’addiction est donc auto-entretenue. De plus, le fait que l’addict prenne parfois de solides résolutions, lorsqu’il se trouve en phase 4, pour ne plus céder à son cycle addictif, le conforte dans son sentiment d’impuissance en cas de rechute. S’élabore alors la conviction d’être une personne faible et indigne de confiance qui entretient la honte et le repli sur soi.
*Qu’est-ce qu’on ressent?
Dans l’addition sexuelle, on ne parvient pas à maitriser son comportement sexuel addictif. Celui-ci se révèle bien trop attractif pour lui résister, même avec les meilleures résolutions. D’une part, on rationnalise le comportement et, d’autre part, on lui trouve des justifications qui balaient les réticences initiales. Tant que l’on a l’impression de « décider » de céder à son addiction, on reste dans le déni de sa maladie. On se trouve confronté aux lourdes conséquences familiales, professionnelles, amicales, financières, physiques et sociales induites pas le comportement sexuel addictif. Tout ce qui entrave la réalisation du cycle addictif passe au second plan.
On prend des résolutions pour réduire son comportement addictif et l’on fait des efforts en ce sens.
On est incapable de réduire son comportement addictif en dépit de ses sévères conséquences.
On continue de s’engager dans des comportements à risque ou auto-destructeurs.
On utilise abondamment son imagination et ses fantasmes pour tenter de contenir la tension sexuelle que l’on ressent.
On a besoin d’augmenter la quantité et la variété de ses expériences sexuelles pour entretenir le niveau d’excitation que l’on recherche.
On éprouve de violents changements d’humeur en fonction de l’activité sexuelle.
On passe beaucoup de temps pour préparer et avoir une activité sexuelle.
On néglige d’importantes activités sociales ou de loisirs en raison des comportements sexuels.
*Quels sont les différents types d’addiction sexuelle?
L’addict sexuel peut expérimenter de nombreux comportements sexuels différents pour maintenir son niveau d’excitation. On distingue 12 grandes catégories :
1-addiction aux fantasmes sexuels. L’addiction est centrée sur la création de scénarios élaborés. L’addict imagine les moindres détails de l’acte sexuel et de ce qui précède, sans d’ailleurs forcément tenter de passer à l’acte. Ces fantasmes envahissent la vie de l’addict au point de lui faire perdre toute envie de connexion émotionnelle avec sa/son partenaire ;
2-addiction à la conquête sexuelle. Ce qui intéresse l’addict, c’est la première phase de la relation sexuelle. Celle qui nécessite de séduire, de vaincre les réticences éventuelles de l’autre pour le posséder sexuellement ;
3-addiction au sexe inconnu. L’addict est excité par une relation sexuelle brève, immédiate avec un(e) inconnu(e) sans se préoccuper des risques ;
4-addiction au sexe tarifé. L’addict recherche une relation sexuelle dans laquelle il contrôle tout (choix du/des/de la partenaire, choix des pratiques sexuelles) par l’argent ;
5-addiction au sexe monnayé. L’addict s’excite en vendant sa participation sexuelle à des photos ou vidéos pornographiques, en se prostituant, en échangeant ses faveurs sexuelles contre des cadeaux ou de la drogue ;
6-addiction au sexe voyeuriste. L’addict est excité par le pouvoir de surprendre d’autres personnes nues ou engagées dans des actes sexuels. Le risque d’être découvert participe à l’excitation (voir la fiche sur le voyeurisme) ;
7-addiction au sexe exhibitionniste. L’addict est excité en s’exposant nu au regard d’autrui. Choquer et surprendre contribuent à accroitre l’excitation (voir la fiche sur l’exhibitionnisme) ;
8-addiction au sexe intrusif. L’addict cherche à imposer le sexe – réellement ou en paroles – à d’autres personnes en situation vulnérable. Il peut s’agir de commentaires sexuels appuyés à des moments inappropriés ou d’attouchements déguisés. L’addict utilise aisément une position de pouvoir pour parvenir à ses fins ;
9-addiction à l’échange sexuel violent. L’addict puise son excitation et son plaisir dans la douleur, infligée ou reçue. Les liens, baillons, menottes, fouets, pinces et autres objets sont souvent utilisés pour accroître la peur et l’excitation. L’addict peut se mettre lui-même en situation dangereuse pour satisfaire ses pulsions (voir la fiche sur le sadomasochisme) ;
10-addiction au sexe désincarné. Le noyau d’excitation de l’addict n’est pas une personne entière mais un objet sexuel (une partie du corps, un sextoy, un animal, etc.). L’impression de pouvoir vient du contrôle du déroulement de la sexualité ;
11-addiction à la pédophilie. L’addict est excité par la sexualité impliquant des enfants. Qu’il s’agisse de visionner du matériel pornographique pédophile, de parler de sexualité à des enfants, de les soumettre à du matériel érotique ou pornographique ou de les exploiter sexuellement (voir la fiche sur la pédophilie) ;
12-addiction au cybersexe. L’addict utilise les ressources d’Internet pour visionner du matériel pornographique, échanger sexuellement (avec ou sans passage à l’acte) avec d’autres personnes ou s’inventer une identité sexuelle. La sensation d’anonymat, de sécurité, d’impunité facilite l’excitation et le comportement compulsif envahissant.
*Quel est le traitement ?
Il est inspiré des étapes du traitement utilisé par les Alcooliques Anonymes. Contrairement à une idée reçue, le traitement n’implique pas une personne mais deux : l’addict et le co-addict, c’est-à-dire le/la partenaire de vie. En effet, par son comportement, le co-addict participe au système addictif (voir question n°6). La première étape du traitement est, pour l’addict et le co-addict, d’admettre que l’on est impuissant(e) par rapport à l’addiction sexuelle et que notre vie est devenue incontrôlable. Il faut également décrypter avec un thérapeute le système de croyance (voir question n°2) sur lequel les deux partenaires fonctionnent.
Chacun doit admettre que la combinaison des influences liées à notre culture, notre famille et nos croyances personnelles est plus forte que notre volonté. Ceci permet de supprimer la conviction, pour l’addict, qu’il/elle est faible et indigne d’être aimé(e), et pour le co-addict, qu’il/elle fait preuve d’amour par son comportement. C’est aussi indispensable pour accepter l’aide d’autrui et ne plus rester enfermé dans l’univers de l’addiction. Pour certains, la religion ou la spiritualité aident à se reconsidérer comme un être humain avec ses qualités et ses faiblesses.
Admettre que personne ne choisit ce qui l’excite atténue également la honte ou la culpabilité éprouvée par rapport à l’univers addictif. Faire honnêtement et sans concession l’inventaire de ses qualités et des ses faiblesses permet à l’addict et au co-addict non seulement de se confronter à leur humanité, mais aussi de reconsidérer l’auto-dépréciation qu’il/elle s’inflige. L’étape suivante consiste à exposer à son/sa partenaire l’inventaire que l’on a fait de ses propres qualités et faiblesses. Ceci implique de se débarrasser de la crainte d’être rejeté parce que l’on se sera mis à nu face à l’autre.
L’addict doit ensuite pouvoir demander pardon à ceux qu’il a fait souffrir (sauf, bien sûr, si cela risque d’induire plus de souffrance à ces personnes). Le fait de se rendre compte que l’on peut être accepté pour ce que l’on est, avec ses qualités et ses faiblesses, permet de reprendre la responsabilité de ses actes, élément clé de la guérison. Car si l’on n’est pas responsable de ce qui nous excite, on l’est, en revanche, de ses actes. Il n’est pas de véritable intimité entre deux être si l’on n’accepte pas de montrer sa vulnérabilité à l’autre et le risque d’être rejeté. Mais l’une des prises de conscience qui peut modifier en profondeur le système de croyance de l’addict est de se rendre compte que d’autres personnes se soucient sincèrement de ses souffrances et de ses besoins psychiques fondamentaux (être aimé, être en sécurité, pouvoir espérer…) et qu’il/elle peut compter sur les autres.
Au fil de ce programme, l’addict découvre d’autres moyens d’atténuer ses angoisses et souffrances mentales, il reprend sa liberté et le contrôle de sa vie par un repositionnement du sexe à sa plus juste mesure.
*Quel est le rôle du ou de la partenaire de l’addict sexuel ?
Le ou la partenaire de l’addict joue un rôle dans le maintien et le renforcement du système addictif. Tout d’abord par son déni de la situation. Très souvent le co-addict refuse de suivre son inconscient. Il/elle écarte les doutes et suspicions qui l’assaillent, même quand des preuves du comportement addictif semblent flagrantes. Tout comme le système de croyance biaisé de l’addict (voir question n°2), le co-addict rationnalise les événements et les comportements pour entretenir ses illusions.
Le co-addict peut aussi renforcer le sentiment de faiblesse, de honte et d’indignité de l’addict (dont on sait le rôle moteur dans l’entretien de l’addiction, voir question n°5) en le blâmant, pour masquer ses propres vulnérabilités. De la même façon, toutes les stratégies de surveillance et de contrôle mises en place par le co-addict ne font que le déresponsabiliser et le renforcer dans son sentiment d’impuissance à se contrôler.
Bien souvent, le comportement du co-addict repose sur la peur d’affronter la souffrance qu’il y aurait à renoncer à l’idéalisation de l’autre. C’est aussi parfois une façon de conjurer le risque de le perdre.
En utilisant la sexualité du couple pour contrôler son/sa partenaire addict (en guise de récompense ou de punition, par exemple), le/la co-addict l’entretient dans l’idée qu’il/elle ne doit compter que sur elle/lui-même pour satisfaire ses « besoins » sexuels.
Enfin, en cultivant le secret autour du comportement addictif de son/sa partenaire, le/la co-addict perpétue le mythe qu’il/elle va trouver une solution ou que le problème pourra être résolu sans aide extérieure. Le plus souvent, ses échecs le/la conduisent à renforcer encore son comportement co-addictif au lieu de le remettre en question. Dr Damien Mascret – Mai 2011.(Figaro-Santé)
******Références
Carnes P. Don’t call it love, Bantam Books, New york, 1991.
Carnes P. Out of the shadows : understanding sexual addiction, Hazelden (2nd edition), Center City, Minnesota, 1992.
Turner M. Uncovering and treating sex addiction in couples therapy, in Hertlein K., Weeks G., Gambescia N. (editors), Systemic sex therapy (pp.263-285), Routledge, New York, 2009.
Willi J. Couples in collusion, Jason Aronson/New York and London, 1982.
Hajak F., Garwood P. Hidden bedroom partners, Libra Publishers, Inc. San Diego, 1987.
Sternberg R., Weis K. The new psychology of love, Yale University Press, New Haven, 2006.
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«Réapprendre le sens du désir vrai»
INTERVIEW – Marc Valleur, psychiatre, est médecin-chef de l’hôpital Marmottan à Paris, centre de soins et d’accompagnement des pratiques addictives. En juin, il a publié un essai sur les thèmes des addictions contemporaines, Le Désir malade (Éd. JC Lattès), avec Jean-Claude Matysiak.
Le Figaro. – En France, il existe des consultations pour les dépendants sexuels mais il n’y a pas de centres spécialisés comme aux États-Unis. Sommes-nous en retard ?
Marc VALLEUR. – Il faut se méfier des cures de désintoxication «à l’américaine», effectuées dans des cliniques privées pour un coût exorbitant. Quand le golfeur Tiger Woods va dans un centre, le fait-il pour soigner une vraie addiction ou pour se racheter une conduite et améliorer son image ?
En France, plusieurs hôpitaux prennent aujourd’hui en charge des «sex addicts», qui dans leur grande majorité sont dépendants aux sites pornographiques sur Internet. L’addiction au sexe commence à être mieux reconnue, comme l’ensemble des addictions dites sans drogues. À Marmottan, une consultation existe depuis cinq ans. Nous avons une psychologue qui s’est spécialisée sur ce sujet et suit une centaine de patients. Il arrive que ces derniers soient hospitalisés mais pour dépression, et non directement pour leur dépendance.
Comment pose-t-on le diagnostic ?
Le dépendant au sexe n’est pas forcément une personne à la vie sexuelle intense. C’est une personne qui ne parvient pas à arrêter ces pratiques alors qu’elle le souhaite et cette compulsion détruit sa vie professionnelle, affective… Nous avons parfois des demandes de consultation de personnes qui pensent à tort être dépendantes au sexe. Des maris qui ont trompé leur femme par exemple. Ils se sentent très coupables et imaginent qu’ils sont malades.
Comment soigne-t-on une addiction au sexe ?
La base du traitement est la psychothérapie, avec une dimension comportementale dans un premier temps afin de trouver les déclencheurs des pulsions et réfléchir à la manière de les faire cesser. Puis il faut comprendre pourquoi la sexualité est surinvestie et si l’addiction masque une dépression. Cela peut prendre plusieurs mois comme plusieurs années. Mais en parler, c’est déjà commencer à sortir de la spirale addictive et à briser la solitude, un facteur dépressogène. Cette première étape est essentielle. Il ne s’agit pas de faire du sevrage. Lors de ce travail, les patients doivent réapprendre à voir l’autre comme une personne et non comme un objet pour retrouver le sens du désir vrai.
Groupes de paroles, traitements médicamenteux : que pensez-vous des autres formes de prise en charge ?
Il existe un groupe d’entraide sur le modèle des alcooliques anonymes : les Dasa (dépendants affectifs et sexuels anonymes), qui appliquent un programme en douze étapes pour le maintien de l’abstinence. Ce mouvement, d’origine protestante, est né en 1935. Il n’implique ni argent ni relation de pouvoir et n’entre pas en concurrence avec la psychothérapie. Ce type de groupe peut aider les patients à se sentir moins seuls.
Par ailleurs, il n’y a pas de traitement chimique spécifique pour l’addiction sexuelle, mais les antidépresseurs peuvent être indiqués car elle est souvent associée à une dépression. Les médicaments peuvent aussi aider à éliminer les pensées obsédantes, répétitives. (Figaro.Santé-23.11.2011.)
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Comment on devient accro au sexe
On sait que l’addiction au sexe devient une véritable épidémie. Mais on connaît moins bien les « coulisses » de la dépendance. Cette addiction s’insinue peu à peu. Au départ, c’est l’envie de reproduire ce plaisir le plus de fois possibles. Mais il en faut plus, toujours plus… Au point de ne plus pouvoir être heureux d’avoir du plaisir physique.
Tout comme l’alcool ou la drogue, on est considéré comme accro au sexe « lorsque la pensée est entièrement dirigée vers le besoin de dégager une tension que la personne concernée ne sait se mettre à distance. Il y a quelque chose qui s’inscrit dans le corps. Cette répétition comportementale devient un mode de vie qui annule toute raison », explique Joëlle Mignot, psychologue sexologue clinicienne et rédactrice en chef de la revue Sexualités Humaines sur Europe1.
Pour la spécialiste, l’addiction ne doit pas être confondue avec perversion: « Dans l’addiction, l’individu est dépendant de ce qui se passe en lui, alors que dans la perversion il y a une volonté d’utiliser l’autre comme un objet. Il faut aussi distinguer l’addiction de la séduction, dans laquelle l’individu cherche avant tout à se rassurer. Dans l’addiction, il est en relation permanente avec sa jouissance. »
Pour d’autres spécialistes, on parle d’addiction lorsque la dépendance (au porno, aux relations sexuelles, à la masturbation…), se déroule en quatre différentes phases. La première est l’obsession (le faire occupe toutes les pensées). La seconde étape est le rituel (les choses à mettre en place pour stimuler l’excitation avant l’acte). La troisième est l’impulsivité : compulsivement, la personne dépendante va procéder à l’acte. Enfin, après, la honte d’avoir cédé à l’envie.
« L’addiction sexuelle est par ailleurs souvent très liée à la pulsion de mort. Il y a derrière cela quelque chose de l’ordre de l’autodestruction, en annulant tout le reste de la vie », précise la spécialiste à la radio française.
Les hommes les plus touchés
Ces addictions sexuelles sont moins présentes chez les femmes. « C’est certainement parce que chez l’homme, le mécanisme de l’éjaculation est lié au mécanisme de la jouissance », constate-t-elle.
Des traitements existent pour ceux qui souffrent de cette addiction et veulent s’en sortir. Un sexologue peut rediriger les personnes qui en sont atteintes vers un spécialiste (psychanalyste, psychothérapie, médicaments, groupes de parole…).
Le tout est d’en parler le plus rapidement possible à un professionnel, au risque de s’enliser dans la dépendance et le désespoir qu’elle occasionne.* 7s7 – 07/12/11
**L’addiction au sexe est une véritable épidémie
plus de 9 millions d’Américains souffrent d’addiction au sexe!
Les accros au sexe ont encore de beaux jours devant eux: selon les experts, plus de 9 millions d’Américains souffrent d’addiction au sexe! Et là où auparavant, les malades étaient généralement des hommes âgés entre 40 et 50 ans, désormais le problème touche également les jeunes et les femmes.
Selon Newsweek, il y a dix ans, aux Etats-Unis, il n’existait qu’une centaine de sexologues qui traitaient ce problème. Aujourd’hui, ils sont environ 1.500 à s’attaquer au comportement compulsif. Et au pays de l’Oncle Sam toujours, il existe des dizaines de centres spécialisés qui accueillent des accros à la bagatelle. Les malades sont comme les toxicomanes ou les alcooliques: ils cherchent du sexe à tout prix et de plus en plus extrême pour garder de bonnes sensations.
A la recherche de l’émotion forte
Selon Robert Weiss, du Sexual Recovery Institute de Los Angeles, les accros au sexe cherchent « l’émotion forte ». « Ils se perdent, prostituées après prostituées, relations extraconjugales après relations extraconjugales. Ils finissent par perdre les relations auxquelles ils tenaient, ils attrapent des maladies, perdent leur job. »
Tami Verhelst, vice-président de l’International Institute for Trauma and Addiction Professionals, confie au Newsweek que cette addiction touche désormais tout le monde, à tous les âges. « J’ai vu des grands-pères se faire surprendre en train de regarder du porno sur leur ordinateur par leurs petits-enfants et des petits-enfants envoyer des sextos à 12 ans à peine. »
Une épidémie qui touche les stars aussi
Cette véritable « épidémie » concerne également quelques personnalités. Citons notamment Tiger Woods ou encore Dominique Strauss-Kahn. Pour David Duchovny, la réalité a rejoint la fiction: héros de la série Californication, où il saute sur tout ce qui bouge, il a dû être soigné pour ses envies pressantes de sexe au quotidien.
Pour le psychiatre français Marc Valleur, auteur d’un essai sur les addictions d’aujourd’hui baptisé Le Désir malade, la dépendance au sexe se soigne par « psychothérapie », « avec une dimension comportementale dans un premier temps afin de trouver les déclencheurs des pulsions et réfléchir à la manière de les faire cesser. »
Il ajoute, dans les pages du Figaro: « Puis il faut comprendre pourquoi la sexualité est surinvestie et si l’addiction masque une dépression. » Le traitement est long: entre plusieurs mois et plusieurs années. « Mais en parler, c’est déjà commencer à sortir de la spirale addictive et à briser la solitude, un facteur dépressogène. Cette première étape est essentielle. Il ne s’agit pas de faire du sevrage. Lors de ce travail, les patients doivent réapprendre à voir l’autre comme une personne et non comme un objet pour retrouver le sens du désir vrai. » * 7s7 – 30/11/11
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