Le drame des mères célibataires

**La crise aggrave la situation économique des mères seules

Elles sont entre 1,5 million deux millions en France

Les mères seules sont particulièrement vulnérables

Le drame des mères célibataires

La pauvreté tend à se féminiser alors que le monde du travail, dominé par les codes masculins, peine à prendre en compte la situation particulière des femmes qui élèvent seules leurs enfants.

La pauvreté tend à se féminiser alors que le monde du travail, dominé par les codes masculins, peine à prendre en compte la situation particulière des femmes qui élèvent seules leurs enfants.

La société n’est pas tendre avec les femmes qui élèvent seules leurs enfants. Une situation qui relève de l’urgence lorsque ces femmes vivent dans les «zones urbaines sensibles».

Il ne fait pas bon être une maman, seule, en banlieue. Les résultats de deux enquêtes successives conduisent à ce constat.

Le premier coup de projecteur sur le sujet est venu du colloque de la Fondation Kd’urgences, tenu le 15 octobre, sous le titre évocateur de «Familles monoparentales: premières victimes de la crise». La fondation présidée par l’ancienne journaliste Christine Kelly, qui se confie à Madame Figaro , a réuni pour l’occasion plusieurs données parlantes.

Ces familles monoparentales, dont le seul parent est une mère dans 85% des cas, connaissent un taux de pauvreté de 35%, selon l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes), soit 2,5 fois plus que l’ensemble des familles.

Et pour elles, c’est une spirale infernale où résonnent les mots précarité, chômage, surendettement, aide sociale.

Contraintes de garder leurs enfants faute de moyens ou de places en crèche, les femmes seules sont davantage touchées par le chômage ou abonnées aux emplois précaires. De fait, elles sont plus fortement touchées par le surendettement. «Près d’un dossier sur deux est celui d’une famille monoparentale», est venu témoigner Jean-Louis Kiehl, président de Crésus, association de lutte contre le surendettement.

Et l’accès au logement est plus compliqué: un quart de ces familles sont en «situation de surpeuplement» (vivant dans des logements trop petits), selon l’Insee.

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Publié le 16 novembre 2012, le rapport annuel de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) revient cruellement sur le sujet. Dans ces 751 «ZUS», où le taux de pauvreté (moins de 964 euros par mois) est passé de 30,5% en 2006 à 36,1% en 2010 (contre 11,9% à 12,6% en dehors de ces quartiers), la situation des femmes est d’autant plus préoccupante.

Une famille sur cinq est monoparentale

Pour la première fois en cinq ans, leur taux de chômage est plus élevé que celui des hommes, et ce, alors même que leurs scolarités sont moins chaotiques. Un paradoxe que l’observatoire attribue au «poids des structures familiales»: elles sont en effet plus souvent à la tête de familles monoparentales qu’en dehors des ZUS et ont davantage d’enfants. À 25 ans, près de 25 % des femmes de ZUS vivant hors de chez leurs parents ont au moins un enfant, contre 10% dans les villes alentours.

L’Observatoire, qui met en avant les conséquences de cette paupérisation sur la santé des habitants, explique enfin que ces femmes souffrent plus souvent d’obésité.

La parité est décidément est un vain mot. La pauvreté tend à se féminiser, alors que le monde du travail, dominé par les codes masculins, peine à prendre en compte la situation particulière des femmes qui élèvent seules leurs enfants. Les femmes subissent de plein fouet ces inégalités que la société peine à compenser. Les aides sociales sont insuffisantes. L’allocation de parent isolé (API), créée en 1976, puis fondue dans le revenu de solidarité active (RSA) en 2009 s’élève ainsi à 813,16 € pour un parent isolé sans revenu ayant un enfant. Et si ce parent touche un salaire mensuel de 560 €, le montant de l’allocation est de 486,38 €…

La société peine à prendre en compte ses familles monoparentales. Pourtant, une famille sur cinq est aujourd’hui composée d’enfants et d’un seul parent, soit plus de deux millions de foyers. En quarante ans, elles ont plus que doublé.*Le Figaro-le 16/11/2012

***Enquête sur les mères seules

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15 oct. 2012 -Ipsos.

Les mères célibataires seraient entre 1,5 et 2 millions en France et en constante augmentation depuis ces dix dernières années. Comment les Français réagissent-ils face à l’explosion du phénomène des « mamans solos » ? Acceptent-ils ce modèle familial ou le condamnent-ils ? Comment considèrent-ils les mères célibataires et leurs enfants ? Sont-elles un modèle de « réussite » ou « d’échec » ? Et comment les mères célibataires elles-mêmes perçoivent-elles la situation de leur foyer ? Comment vivent-elles leur condition ? Est-elle subie ou assumée ? Quelle proportion de mères se retrouve aujourd’hui en grande difficulté ? Sur qui peuvent-elles compter ?

Les mamans célibataires revendiquent le fait d’être d’aussi bonnes mères que les autres : en matière d’éducation, elles ont confiance en elles-mêmes.

Le moins que l’on puisse dire est que le fait d’être une mère célibataire ne suscite plus aujourd’hui de sentiment de honte ou de culpabilité chez les mamans solos. Si de réelles différences existent entre elles et les autres mères, ce n’est pas dans la qualité de l’éducation qu’elles estiment offrir à leurs enfants. Elles ne se dévalorisent pas et se considèrent notamment autant capables que les autres mères de transmettre des valeurs à leurs enfants (80% des mères célibataires interrogées), de leur imposer des règles de vie (72% estiment le faire aussi bien que les autres mamans) et même de fixer des limites (61% contre 23% qui estiment qu’elles le font moins bien).

Elles se montrent beaucoup plus partagées sur leur capacité à garder la bonne distance avec leur enfant (49% estiment le faire aussi bien que les autres mamans contre 41% qui avouent le faire moins bien). Il est probable aussi que le rapport privilégié qu’elles peuvent entretenir avec leur enfant les poussent aussi à les considérer comme des interlocuteurs à part entière et à plus souvent réduire les distances mère/enfant.

La très grande majorité des mères célibataires considèrent aussi que leurs enfants ont autant de chance que les autres d’être disciplinés (67%), de réussir scolairement (79%) ou encore d’être équilibrés (71%).

Rares sont les mamans solos qui estiment que le fait d’être élevé dans un foyer sans père est un inconvénient en terme de réussite (seulement 11% mais 10% pensent au contraire que leur enfant a plus de chance de succès) ou de capacité à respecter les règles de vie en société (18% considèrent que c’est un désavantage pour leur petit mais 15% estiment qu’au contraire ils auront plus d’aptitude dans ce domaine).

Seul l’équilibre de leur enfant inquiète un peu plus fréquemment une partie des mamans seules mais dans des proportions toujours très minoritaires (seulement 20% craignent qu’ils aient moins de chance d’être équilibré contre 9% qui estiment qu’ils ont plus de chance de l’être). 

Loin de vivre dans la crainte des conséquences pour un enfant de vivre dans un foyer monoparental, une partie des mamans solos estime même que le fait d’être élevé ainsi peut apporter des avantages aux enfants concernés, notamment en termes d’autonomie. Dans ce domaine, près d’une mère célibataire sur deux estime que leur(s) enfant(s) sont mieux armés que les autres (48%).

Les mères célibataires se montrent donc massivement confiantes dans leur modèle d’éducation : 76% estiment que les enfants élevés par une maman seule s’en sortiront aussi bien (76%), voire mieux que les autres dans la vie (19%). Il est probable que bon nombre d’entre elles éprouvent une certaine fierté à réussir à élever leurs enfants seules comme elles le font. Rares sont celles qui se dévalorisent et éprouvent le sentiment de ne pas être un bon parent (seulement 16%). Au contraire, elles se reconnaissent beaucoup de courage (87%) et une forte capacité d’organisation (87%).

Les Français reconnaissent les mamans solos comme des mères « presque » comme les autres : probablement la marque d’une réelle acceptation des nouvelles structures familiales et certainement la fin d’une stigmatisation.

Nul doute que face à l’importance du phénomène des mères célibataires, l’opinion des Français a beaucoup évolué au cours des dernières années. Nombreux sont ceux qui connaissent une ou plusieurs femmes qui élèvent seules leurs enfants. Par ailleurs, l’augmentation du nombre de mamans solos au sein de la population française s’est accompagnée d’autres changements qui ont aussi eu des impacts forts sur la structure familiale et la parentalité (l’explosion des familles recomposées, le débat sur le droit au mariage et à l’adoption pour les couples homosexuels…). L’ensemble de ces phénomènes et leur importance ont aussi généré de profondes évolutions dans la façon même dont les français pensent les modèles familiaux.

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Dans leur majorité, les Français considèrent aujourd’hui que les mères célibataires sont aussi capables que les autres de transmettre des valeurs à leurs enfants (72%) et de leur imposer des règles de vie (60%). Du fait même de l’absence de père (qui reste probablement à leurs yeux le principal point de référence en matière d’autorité), ils se montrent plus dubitatifs sur leur capacité à fixer des limites (49% considèrent qu’elles font aussi bien mais 42% pensent qu’elles sont moins capables que les autres dans ce domaine). La plupart des Français estiment aussi que les enfants des mères célibataires ont autant de chance que les autres de réussir scolairement (71%). Près de 4 Français sur 10 pensent aussi, tout comme les mères célibataires, que les enfants élevés par leur mère seule ont plus de chance d’être autonomes que les autres (39%). En revanche, ils se montrent un peu plus mesurés sur les conséquences de ce modèle familial sur l’équilibre de l’enfant même si 58% des personnes interrogées estiment qu’ils ont autant de chance que les autres d’être équilibré (contre 37% qui soutiennent l’opinion inverse).

Au final, près de 8 Français sur 10 estiment que les enfants élevés par une mère seule s’en sortira aussi bien que les autres (79%). Seulement 14% des personnes interrogées ont le sentiment que le fait d’être le fils ou la fille d’une maman solo aura des conséquences négatives pour eux lorsqu’ils seront adultes. Le modèle familial de la mère célibataire élevant ses enfants sans l’aide d’un conjoint s’est donc peu à peu imposé aux Français et a même gagné leur respect. Certes, ils ont presque tous le sentiment que ces mamans là sont stressées (87%) et débordées (84%) mais les problèmes qu’elles rencontrent sont « positivés » car dans le même temps, ils considèrent qu’elles sont courageuses (84%) et organisées (76%).

Pour la majorité des mères célibataires, reconstruire sa vie avec un conjoint/un père n’est pas vraiment une priorité.

S’il est une idée reçue à laquelle les résultats de l’enquête viennent tordre le cou, c’est bien celle du malaise, voire du mal-être que pourrait générer l’absence du père ou du conjoint dans la vie de ces mamans solos. Il ne s’agit pas de dire que ces mères rejettent la présence masculine au sein de leur foyer, loin s’en faut. Toutefois, ce n’est pas une priorité absolue pour bon nombre d’entre elles et ce pour plusieurs raisons.

D’abord, parce que beaucoup estiment que si le nombre de mères qui élèvent seules leur enfant est aussi important, c’est d’abord et avant tout parce que les femmes acceptent moins de choses qu’auparavant de la part des hommes (58%). Si l’on en croit leur déclaration, il s’agirait là plus d’une situation choisie que subie. Les Français font d’ailleurs un constat identique (57%). Les mères célibataires considèrent aussi que la gent masculine assume aussi moins ses responsabilités qu’avant (35%). Il y a une réelle exigence chez ces mamans qui ne semblent plus prêtes à accepter la présence d’un père ou d’un conjoint à n’importe quel prix.

Ensuite, les résultats de l’enquête montrent que la présence d’un conjoint, notamment pour les aider à élever leurs enfants, ne s’apparente pas pour bon nombre d’entre elles à la poursuite d’un « graal ». Plus d’une maman célibataire sur deux affirme aujourd’hui ne pas souhaiter vivre avec un nouveau compagnon (55% contre 45% qui disent le contraire). Certes, l’âge est ici un facteur particulièrement clivant. Si 70% des mamans solos ayant moins de 35 ans souhaitent « refaire » leur vie (mais parmi elles seulement 24% répondent « oui, tout à fait »), elles ne sont plus que 46% à dire de même dans la tranche 35-44 ans et 36% chez les 45 ans et plus. Il est aussi probable que bon nombre de ces mères consacrent prioritairement leur temps à l’éducation de l’enfant, avant d’envisager une recomposition éventuelle de leur foyer. Il n’en reste pas moins vrai que ce n’est pas une priorité absolue (seulement 13% de l’ensemble des mères interrogées disent que c’est une chose qu’elles souhaitent « tout à fait »).

Les mères célibataires rencontrent des difficultés importantes et multiples (dans les domaines des finances, de l’organisation et des solidarités) et bon nombre d’entre elles estiment qu’elles risquent de ne pas s’en sortir. 

Les difficultés que les mères célibataires peuvent rencontrer ne sont pas nouvelles, elles ont été maintes fois soulignées. Toutefois, avec la crise économique, elles prennent une importance très préoccupante. De leur propre aveu, le manque d’argent est la principale difficulté qu’elles rencontrent au jour le jour (53%). C’est un phénomène que les Français identifient aussi parfaitement bien puisqu’eux aussi considèrent que c’est la difficulté majeure à laquelle les mères célibataires doivent faire face (44%), même s’ils la minimisent par rapport aux mères interrogées.

D’ailleurs, presqu’une mère célibataire sur deux (45%) avoue ne pas arriver à boucler leur budget sans être à découvert. Plus grave, près d’une maman solo sur cinq dit s’en sortir de plus en plus difficilement et craindre de basculer dans la précarité (19%). Pour bon nombre de ces femmes, la situation financière est donc aujourd’hui particulièrement grave. Les mères célibataires se montrent aussi particulièrement démunies en termes d’aide et de solidarité. Plus d’une maman sur deux a tout le temps ou souvent le sentiment qu’elle ne peut compter sur personne (52%). Elles se retrouvent particulièrement seules avec peu de relais à leur disposition pour les soutenir.

Cette situation génère une certaine détresse chez beaucoup de mères qui élèvent seules leur enfant : plus d’une maman sur quatre éprouve fréquemment le sentiment qu’elle ne va pas s’en sortir (28%).

Cela n’empêche pas la grande majorité des mamans solos interrogées de se déclarer toutefois heureuses (72% mais seulement 12% disent « oui, tout à fait »). Elles sont aussi souvent fières de ce qu’elles réussissent à accomplir. Il n’en reste pas moins vrai que plus d’une mère célibataire sur quatre dit ne pas être heureuse (28%).15 oct. 2012 -Ipsos.

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*La vie privée des mères seules

Elles sont 1,5 million en France à élever près de 3 millions d’enfants. Et pourtant on parle peu de ces femmes qui, entre boulot et vie familiale, ont du mal à trouver une place pour l’amour. Un tiers d’entre elles n’ont plus de sexualité.

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Si la célibataire est libre de séduire quand et qui bon lui semble, la mère solitaire est souvent coincée à demeure, dans une situation et un rôle en contradiction avec une vie personnelle. Son intimité passe au second plan. Entre enfants, carrière, ex-mari, charges domestiques, etc., pas toujours facile de l’imposer. Avant que « le copain de maman » ne pose ses valises, la logique suggère que cette Cendrillon ait trouvé le temps, l’énergie, l’envie d’égarer sa pantoufle, qu’elle offre à ce prétendant l’occasion d’exercer son charme et que les enfants, petits ou grands, acceptent de partager maman.

Qui sont elles ?

Elles sont 1,5 million de mères seules qui élèvent près de 3 millions d’enfants. Peu d’ouvrages s’intéressent à leur sexualité, comme s’il était paradoxal qu’elles expriment encore des désirs amoureux ou envisagent une nouvelle union. La trentaine de celles que nous avons rencontrées sont divorcées, l’une est veuve. Elles vivent avec un ou plusieurs enfants, comme la moitié des femmes séparées qui ont entre 25 et 44 ans (Source : Francoscopie et Insee 1999).

La période qui suit la fin d’une union est le plus souvent chaotique. Les mères se réorganisent, pansent leurs plaies, partagées entre la peur de ne pas surmonter leur sentiment d’échec et l’envie d’apprivoiser une nouvelle indépendance. Une phase de solitude et de panique que Clotilde, 29 ans, analyste financier et mère d’un bébé de 1 an, vit assez mal. « Je m’enferme dans le cycle “maison, boulot, bébé”. Epuisée, n’ayant pas vu ma fille de la journée, je n’ai pas l’esprit à la fête quand je rentre le soir. Je profite des rares week-ends où son père s’en occupe pour dormir. Mes amis tentent de me changer les idées, mais ils ont des préoccupations et des envies de célibataires, en complet décalage avec les miens. Quand je les vois, je me sens “paria”, et j’ai honte d’avoir raté mon couple. » Lui arrive-t-il de lever les yeux sur un homme ? « Quand je rencontre quelqu’un, ma première phrase est : “Je suis divorcée et j’ai un bébé”. C’est assez dissuasif, non ? »

Les vraies priorités

Cette solitude permet cependant de reconnaître et de fixer ses vraies priorités. « Celles de me reconstruire, de retrouver confiance en moi, poursuit Clotilde. J’ai des moments d’angoisse, avec la peur de rester seule. Je sors parfois au cinéma ou voir une expo avec un homme, mais je ne vais pas plus loin. Je me sens trop fragile pour aborder une nouvelle relation. »

L’abstinence passagère peut aussi s’inscrire dans la durée. Par choix, culpabilité, manque de temps, de liberté. « J’ai tenté quelques aventures. Trop compliqué. Finalement, je m’en passe très bien », raconte Céline, 32 ans, qui n’a pas fait l’amour depuis cinq ans.

« Moi, j’ai voulu préserver mon fils, qui devenait agressif dès qu’un homme m’approchait. Et puis, je n’avais pas les moyens de m’offrir une baby-sitter », explique Armelle, 43 ans, mère d’un adolescent dont le père n’a plus donné signe de vie. Céline et Armelle ne sont pas des cas isolés : 35 % des fem-mes seules, tous âges confondus, n’ont aucune activité sexuelle.

Florence, 36 ans, a vécu son temps d’adaptation différemment. « Mon couple battait de l’aile, j’ai eu le temps d’apprivoiser l’idée d’élever seule mes deux filles, de réussir ma spécialisation en anesthésie et d’évoluer vers plus d’indépendance psychologique. » Ce dernier point s’est avéré le plus délicat. « Renoncer à cette utopie qui consiste à croire qu’un homme allait me révéler, affronter cette évidence qui m’est tombée dessus : “Je suis seule au monde.” » Cette analyse, doublée d’un « réel besoin sexuel », l’a incitée à prendre des amants « sans prise de risque affectif » parmi son réseau amical. « Mais entre mes gardes de nuit et mes journées de dingue, il m’était impossible de voir mon mec en l’absence de mes filles. Nous en avons parlé, et elles ont accepté qu’il vienne de temps en temps à la maison. »

Réaction de ses préadolescentes ? « Elles ont tout essayé : gêne, ricanements, indifférence, séduction, chantage – “S’il revient, on retourne chez papa” – gentillesse hypocrite – “On est bien, seules toutes les trois.” Je n’étais pas dupe. Je leur ai expliqué que je les comprenais, mais que je n’avais pas envie de me passer des hommes. Aujourd’hui, elles se comportent avec eux comme avec n’importe quel autre de mes copains. »

La « période des liens faibles »

Installée dans sa nouvelle position de chef de famille, la mère solitaire cherche souvent à ne pas le rester, sans pour autant ébranler ses nouvelles marques. C’est la « période des liens faibles », ainsi nommée par le sociologue Jean-Claude Kauffmann, auteur de La Femme seule et le Prince Charmant (Pocket, 2001).

« Mon amant, mon fiancé, mon jules – bizarre, il n’y a pas de qualificatif précis – est un ami de mon ex, raconte Nouria, 34 ans. Deux ans après mon divorce, notre liaison reste discrète. Cela signifie qu’elle doit mûrir, car je n’ai pas envie de présenter à mon fils une succession de soupirants. » Son « copain », également séparé, l’accueille dans son studio. « Les goûters d’anniversaire sont une aubaine, perspective d’une après-midi de galipettes. » Ou bien son fils passe la nuit chez une voisine amie, la même situation.

Une gestion délicate entre bon sens et désir

La dualité femme-mère requiert une gestion délicate, avec pour objectif ambitieux de ne léser ni l’enfant, qui sent sa mère lui échapper, ni ce « fiancé entre parenthèses ». « J’ai le sentiment de me débrouiller au mieux dans un entre-deux affectif avec un compteur dans la tête, poursuit Nouria, qui assure éprouver un minimum de frustration. Combien de sorties avec mon fils cette semaine ? Combien de temps passé avec mon ami ? Certes, cela demande un bon “timing”, et le contrôle de ses pulsions. En compensation, ça pimente le désir, et “optimise” le temps consacré à chacun. »

Entre bon sens et désir, ces mères façonnent leur vie privée en fonction de leurs disponibilités. « Tu m’accordes des miettes », ronchonnent les soupirants. « Tu sors encore ? » reprochent les enfants. « Elles paient les pots cassés d’une période de transition qui n’a pas encore, et qui est très loin d’avoir dégagé de nouveaux repères », constate Jean-Claude Kauffmann. Car le solo maternel est austère, si le père n’assure pas le relais.

Le remariage

49 % des femmes divorcées se remarient autour de 40 ans (Source : Francoscopie et Insee 1999) avec un divorcé également. Ce phénomène s’explique sans doute par la présence d’enfants, dont la charge peut effrayer les célibataires. « Face à ma situation, certains passaient leur chemin, d’autres comprenaient qu’il fallait compter avec les enfants, analyse Marie-Ange, 38 ans, qui vit depuis deux ans avec Damien, divorcé lui aussi. Il a d’abord été mon amant secret. Il venait dîner à la maison avec d’autres personnes puis est passé “en copain”, avant de se fondre en vacances au milieu d’un groupe d’amis communs. Des liens se sont créés entre lui et les enfants. »

Marie-Ange se souvient cependant d’avoir dû justifier et négocier l’installation de Damien avec sa progéniture. « C’est une personne très importante pour moi, avec laquelle j’ai envie que nous vivions. Je vous propose, si vous êtes d’accord, d’essayer. » Ses enfants, de 6 et 8 ans, semblent ravis. Mais elle doit tempérer leur excès de possessivité et le petit dernier inonde son lit chaque nuit.

« Ce nouvel homme brise chez le jeune enfant, même s’il ne le formule pas, son espérance profonde de réconcilier son père et sa mère, disent communément les thérapeutes. L’intégration se heurte alors à de multiples zones d’accrochage entre le nouveau venu, souvent accompagné de ses propres enfants, et ceux dérangés dans leur confort monoparental. Normal. Personne ne devient père, fils ou sœur instantanément. »
Une adolescente se souvient de l’arrivée du compagnon de sa mère. « J’ai mis du temps pour faire le deuil de ma vie avec elle, pour apprécier ce mec qui ne quittait ni ses pantoufles ni la télé ; pour accepter la métamorphose de ma mère, femme indépendante et militante de gauche, qui chouchoutait “Monsieur” avec des petits plats. »

Petits et grands ne comprennent pas toujours qu’une page est en partie tournée. « Ce deuxième couple est différent. Il n’a rien à voir avec l’aventure amoureuse fusionnelle du premier, reprend Marie-Ange. Les rôles, les territoires, les règles sont plus marqués. Je suis la “mère-père” au quotidien pour les enfants. Il est l’ami de maman, sans le pouvoir d’autorité que je partage avec leur père. »

Le rôle du père

Une succession de familles – l’originelle, la monoparentale et la recomposée – dans lesquelles chaque élément exprime ses capacités à délier, renouer, réinventer des liens. Autant d’épreuves, que la mère seule traversera plus facilement si le père assume son rôle : dans la garde des enfants, assurant ainsi à son ex-femme un espace et un droit de liberté, et dans une coparentalité effective, évitant à la mère la tentation de la partager avec son prétendant.

La vie privée de ces femmes particulières est une donnée inédite dont chacune explore et négocie les potentialités : celle d’être fidèle à leur rôle maternel et celle de croire encore en leur avenir de femme, sans percevoir l’enfant comme une entrave ou un rempart contre la solitude.

L’avis de l’expert : Robert Neuburger

« La mère doit se sentir libre de choisir sa relation avec son amant »

Est-il préférable qu’une mère seule ait un amant secret ou un homme à la maison ?
Robert Neuburger: L’important est que la mère se sente libre de choisir son mode relationnel avec son ou ses amants. Personne ne peut dire ce qui est mieux pour elle ou pour ses enfants. C’est plus compliqué si elle veut déléguer à cet homme une fonction parentale. Cela demande alors un travail avec les enfants.

Comment le présenter aux enfants si elle envisage une relation stable ?
Robert Neuburger : A elle d’établir le statut qu’elle veut lui donner, sachant que l’enfant racontera tout à son père. Le reste concerne sa vie privée. Toutes les formules fonctionnent, à condition d’être assumées sans culpabilité, jusque dans leur particularisme : homosexualité, abstinence ou amants multiples.

La présence d’un homme est-elle source d’équilibre pour les enfants ?
Robert Neuburger : Au moindre problème, les mères seules s’entendent dire : « Ah ! S’il y avait un homme à la maison ! » Rappelons que les familles où les pères sont présents rencontrent autant de problèmes éducatifs que les familles monoparentales, à niveau socio-économique égal. La loi a fait en sorte, en remplaçant l’autorité paternelle par l’autorité parentale, que les femmes aient un statut légitime de « père de famille » lorsqu’elles sont en situation de responsabilité parentale. Beaucoup sont à l’aise et ne souhaitent pas se remarier.

Que conseiller en cas de remariage ?
Robert Neuburger : Les familles recomposées ne tuent pas les familles du passé et ne donnent pas nécessairement une assurance de stabilité. Les mères doivent ménager des moments « comme avant » : dîners, sorties avec les enfants, etc.*source: Psychologie.com

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*Le drame des mères célibataires

Les différents services de la direction de l’action sociale à Oran, ont enregistré 380 nourrissons issus de « mariages hors normes », durant les six premiers mois de l’année en cours, apprend-on auprès de l’institution sociale.Une litote qui cadre mal avec la réalité du terrain compte tenu de l’amplitude du phénomène. Parmi les bébés, une centaine souffrant de malnutrition et des maladies puérils sont pris en charge par des structures spécialisées. Selon notre source, les enfants handicapés sont automatiquement pris en charge par la pouponnière d’Oran. « Nous veillons à leur sécurité et à leur bien être au niveau de nos structures sociales médicalisées », ajoute-t-on. Par ailleurs, plus de cinquante enfants ont récemment fait l’objet de placement au sein des familles alors que dix sept nourrissons ont été remis à leurs mères biologiques. Cette dernière disposition qui entre dans le cadre du rapprochement de la mère avec son enfant tend à tisser les liens solides autour de la petite victime. Un suivi drastique est accompli par les services de l’action sociale qui mettent en exergue l’application des textes de loi. Dans cet ordre d’idées, des orientations sont prises en compte afin de garantir une protection sociale à l’enfant. Ainsi, les châtiments corporels et autres maltraitances sont aussitôt et sévèrement réprimés. « Les différents services de la DAS agissent de concert avec la justice en cas de dépassements physiques ou morales sur l’enfant », nous indique-t-on. L’institution sociale récupère de facto l’enfant brutalisé et le place dans un établissement spécialisé. Sur un autre plan, les statistiques planifiées par le département de l’action sociale ne sont pas encore achevés.

Absence de structures d’accueil

« Eu égard aux tabous qui entourent ce genre de situation, nous envisageons d’organiser des campagnes de sensibilisation et de vulgarisation au profit des larges couches sociales », affirme notre interlocutrice. Dans ce contexte, les services compétents planchent sur un projet pour la prise en charge des petits enfants abandonnés et ce, dès leur naissance. On notera à ce sujet que pas moins de 85 bébés abandonnés ont été enregistrés à Oran en l’espace de 10 mois. « Une vingtaine de bébés ont été découverts morts de faim. Nous avons même retrouvé des petits corps sans vie dans des poubelles ou laissés dans les cages d’escalier », ajoute un responsable social local. Le phénomène de l’abandon des bébés ne date pas d’aujourd’hui et trouve son explication dans l’absence de structures d’accueil dignes de ce nom. « Depuis plus de dix ans, aucun établissement spécialisé dans le suivi des mères célibataires n’a vu le jour. Une situation qui ajoute au désarroi des jeunes mères célibataires qui sont vouées aux gémonies par la société, le géniteur de l’enfant et la famille », observe un psychologue.

Pointée du doigt et marginalisée, la mère célibataire est confrontée aux inimitiés de son entourage et de son voisinage immédiat. Le travail de prise en charge doit donc être revu sous les angles de la protection sociale de la mère célibataire et de son nourrisson. Un sociologue estime que l’autonomie financière de la mère est vivement recommandée. Il observe à juste titre que les autorités locales et centrales doivent absolument prendre leurs responsabilités. Selon notre interlocuteur, il a été constaté que plus de la moitié des mères célibataires (60%) sont âgées de moins de 25 ans dont 20% sont des mineures âgées entre 15 et 17 ans. L’absence de prévention risque d’amplifier davantage ce phénomène qui doit être traité dans un cadre global de toutes les formes d’inégalité des chances entre les hommes et les femmes pour réduire les cas des mères célibataires, assure-t-on. (El Watan-21.07.2010.)

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*Le Maroc compte 27 199 mères célibataires

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*Le Maroc compte 27 199 mères célibataires ayant donné naissance à 45 424 enfants en 2009 tandis que 21% d’entre elles ont entre 3 et 6 enfants.

Selon une enquête menée en 2010 par l’association INSAF et dont la presse a publié hier des extraits, 210 343 femmes ont donné naissance à au moins 340 903 enfants au cours de l’intervalle 2003-2009. Les 15-20 ans arrivaient en tête de liste avec 32% de l’ensemble, suivies de la tranche d’âge 21-25 ans et 26-30 ans avec respectivement 29% et 12%. En général, souligne l’association, 61% de ces femmes ont moins de 26 ans et qu’en 2009 environ 14% de ces mères accouchaient de leur second enfant et 10% de leur troisième.

Durant la même année (2009), les mères célibataires qui accouchaient de leur premier enfant représentaient 65%. L’enquête révèle, par ailleurs, que les régions Marrakech-Tensift-El Haouz et Souss-Massa-Draa occupaient les deux premières positions avec respectivement 3 066 cas et 3 062 cas, tandis que le fléau dans le Grand-Casablanca a vu le nombre se multiplier par quatre. La capitale économique du Maroc a totalisé, de 2003 à 2010, un effectif de 21 135 mères célibataires ayant au moins un enfant soit 10% de cette population. L’association INSAF tente d’analyser les origines du problème en menant des actions de sensibilisation sur l’ampleur du problème et la marginalisation des mères célibataires.*DonneTonAvis.com-le 3 mai 2011

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2 réponses à “Le drame des mères célibataires”

  1. 10 03 2012
    guillory (15:45:02) :

    ecris petit et en bleu très dificile à lire.

  2. 29 12 2012
    bloons tower defense 5 (01:39:34) :

    Your internet site is ROCK!
    bloons tower defense 5

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