L’homme est-il une femme? il soigne son apparence!
On lui emprunte en douce sa crème exfoliante ou son baume à lèvres ; il nous brandit son régime hyperprotéiné entre deux séances d’épilation… Le mâle se soigne ! Serait-il trop en phase avec sa part de féminité ?
IL EST TATILLON AVEC SES DESSOUS
Aujourd’hui, c’est shorty pour l’homme moderne ! Ce boxer moulant, plébiscité par tous les mâles et plutôt très seyant, voire sexy, même quand on n’est pas Yannick Noah (pour Sloggy). Chez Ralph Lauren, le shorty représente désormais 70 % des ventes de sous-vêtements masculins. Notre compagnon a ses raisons, sur lesquelles nous ne nous étendrons pas – des histoires de confort, de coutures qui ne serrent pas, à la cuisse et ailleurs –, de préférer le shorty. Mais pas question d’en rafler un pack obscur au supermarché : il ne prend que « sa » marque. C’est un budget, plus du double de celui de nos petites culottes ! Mais bon, au moins, on a pu faire disparaître sans drame les caleçons vintage à nounours et à cœurs qui dataient de sa prépa HEC…
IL VIT DANS LA SALLE DE BAINS
Quand on l’a connu, il se faisait tout petit autour du lavabo. Une mousse à raser, un baume after-shave, un gel coiffant, un déo et voilà. Là, c’est l’attaque des tubes ! 27 % des hommes utilisent aujourd’hui un soin hydratant ou anti-âge, et, en 2015, on estime qu’ils seront un sur deux à s’oindre joyeusement (1)… On est donc priée de pousser son propre arsenal pour laisser l’Hydra Energetic, le High Recharge Anti-Fatigue et la Force Suprême Yeux de Monsieur s’aligner au garde-à-vous. On notera que si les intitulés et les packagings restent virils, le propos est décomplexé : il s’agit de repulper son petit épiderme. On croit rêver : un garçon qui puisait jadis timidement dans notre crème perso parce qu’on insistait ! Mais on ne va pas se plaindre : son baume ultra-lissant pour les lèvres marche très bien sur les nôtres. Il faut juste éviter de se faire prendre la main dans le pot, il déteste qu’on lui pique ses trucs…
(1) Selon la Fédération française de la parfumerie.
IL TRAQUE LE POIL
On ne parle pas là du combat immémorial de l’homme civilisé contre le monosourcil ou la pilosité excessive des narines. Sous prétexte qu’il fait du vélo ou de la natation, il pense à plus drastique : se raser les aisselles, s’offrir un torse ou des jambes lisses pour améliorer son aérodynamisme ! Pour les problématiques de poils, on avait déjà nos ados filles, va-t-on devoir supporter leur père, voire leur frère ? Le marché des crèmes dépilatoires for men et des rasoirs hommes pour le corps est en plein essor. Y a-t-il tant de sportifs de haut niveau dans les pubs, nos hommes sont-ils – comme nous – sur la voie de l’aliénation ? On se compare à des filles incroyablement minces. Ils se mesurent à des jeunes gens anormalement glabres. Et tout le monde perd un peu la tête.IL EST IMBATTABLE EN RÉGIME
En ces temps de stress, au dîner, on n’a rien contre un bon petit verre de vin ou une assiettée de lasagnes réparatrices ! C’est compter sans cette nouvelle figure du couple : l’homme qui « fait attention »… Au menu : soupe de légumes, quinoa vapeur, eau minérale et dodo. Festif après une rude journée de labeur ! Et très paradoxal : jadis, c’était lui, le pousse-au-crime, et nous, l’ayatollah de la calorie. Depuis peu, les rôles semblent sur le point de s’inverser : 46 % des hommes ont déjà fait un régime, 35 % se pèsent au moins une fois par semaine (1). Allez, on ne va pas bouder le progrès : on est historiquement la première génération de femmes qui va maigrir en couple !(1) Étude Tanita France.IL FAIT SON SHOPPING SANS NOUS
Finie la figure du mâle las, traîné de boutique en boutique par une compagne sadique ou inconsciente. 75 % des garçons de moins de 35 ans (1) adorent faire du shopping. Entre eux. Ils préfèrent s’offrir tout seuls leurs cadeaux vestimentaires (à 58 %). Le coton de la chemise n’est pas le bon, le pull pas assez en V, le jean pas assez brut : on l’aura compris, le trenta-quadra du XXe siècle est volontiers vétilleux. Il peut même lui arriver de faire la leçon à la femme de ménage sur le repassage des cols et des poignets ! Et s’il faisait aussi sa lessive ?
(1) Sondage Ipsos.
On s’en sort bien, finalement, quand on sait qu’il pourrait :
- Se mettre au jockstrap. Quèsaco ? La version sport du string – une sorte de suspensoir sans la ficelle –, très prisée des athlètes américains et donc connotée hypervirile, en dépit de son look chippendale.
- Se coller des faux cils. Il en rêvait, les Anglais l’ont fait. La marque anglaise Eylure (vendue chez Harrods) commercialise depuis le mois de juillet des faux cils men only, montés sur une bande transparente pour éviter le raccord à l’eye-liner.
- S’offrir une épilation maillot. Et définitive, s’il vous plaît ! Dans les centres laser, c’est « la » zone où les hommes veulent qu’on éradique leurs vilains poils… Loin devant le torse et le dos !
- Se faire un trait de khôl. On trouve un crayon noir spécifique homme chez Jean Paul Gaultier, mais les conseillères Sephora notent que les garçons piochent de plus en plus volontiers dans les lignes pas trop chères pour fille, en gris ou brun…
- Investir dans un slip volumateur. Côté pile, citons le shorty rembourré qui fait la fesse rebondie (chez Gia ou Dim) ; côté face… toutes sortes d’astucieux slips à coussinets ou coutures de soutien qui « avantagent » ceux qui ne sont pas satisfaits de leurs mensurations ! (Le Figaro-16.10.09)
******Et si les hommes tombaient encientes ? !
D’un côté, EllaOne, superpilule du lendemain, très bientôt sur le marché européen, efficace jusqu’à cinq jours après un rapport sexuel non protégé. De l’autre, une campagne épatante de l’Inpes, qui incite les hommes à s’intéresser à la grossesse. À la veille de la Journée mondiale de la contraception, ces deux dispositifs affichent le même objectif : réduire le nombre d’avortements.
De la sensibilisation, mais aussi des actes. L’Agence européenne pour l’évaluation des médicaments (EMEA) s’apprête à donner son aval pour la commercialisation d’EllaOne, la pilule dite « du surlendemain », produite par le laboratoire français HRA Pharma. Elle serait efficace à 97 % et jusqu’à cinq jours après un rapport sexuel non protégé, contre quarante-huit heures pour la pilule
« classique » du lendemain, la Norlevo.
Le hic ? Son prix et son accessibilité. EllaOne n’est pas remboursée par la Sécurité sociale et son coût se chiffrerait aux alentours de 50 euros. Norlevo coûte 7,60 euros, a été disponible en vente libre dès sa mise sur le marché, alors qu’il faudra une ordonnance pour obtenir EllaOne. Une situation qui révolte le Planning familial.
« Cette pilule d’urgence doit pouvoir être délivrée sans ordonnance : pharmacies, infirmeries scolaires, centres de planification… et être remboursée, donc accessible financièrement au plus grand nombre et gratuite pour les mineures », déplore Marie-Pierre Martinet.
EllaOne est plébiscitée par les gynécologues autant que par les associations. « Quand l’accident arrive un samedi soir et que l’on ne trouve une pharmacie que le lundi ou le mardi, il est trop tard. Or les jeunes filles reportent souvent l’achat de la pilule du lendemain, n’osent pas et traînent dans la démarche », explique le docteur Marc-Alain Rozan, président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof). « Aujourd’hui, il y a 200 000 I. V. G. par an pour 800 000 naissances. Si l’on veut lutter contre l’avortement, cette pilule est une très bonne solution. Je vois tous les jours des jeunes filles qui préfèrent l’I. V. G. à une pilule payante parce que c’est gratuit et anonyme. »
Mais n’y a-t-il pas un risque de relâchement dans la planification de la contraception si les femmes savent que ce dispositif si efficace existe en vente libre ? « Aucune inquiétude, poursuit Marie-Pierre Martinet. On présente souvent les contraceptifs d’urgence comme des solutions anti-tête de linotte, mais les femmes sont conscientes des enjeux. Les deux tiers des I. V. G. ont lieu alors que la femme est sous contraception, cela veut bien dire qu’il y a un problème dans le choix de la méthode. »
Autrement dit, il faut sortir du tout-pilule, qui est bien loin de convenir à toutes les femmes. Et informer, encore et encore. C’est dans cette optique que l’Inpes, en plus de sa campagne miroir, propose depuis le 15 septembre une version relookée du site choisirsacontraception.fr, où l’ensemble des moyens existants sont expliqués. Les objectifs des pouvoirs publics, des médecins et des associations convergent : faire baisser le nombre d’avortements, dans un contexte où l’accès à l’I. V. G. chirurgicale est toujours compliqué, délais d’attente et clause de conscience obligent… Et s’il faut pour cela que les hommes, le temps d’un spot télé (1), angoissent pour un retard de règles et se demandent qui peut être la mère de leur enfant, on redemande de telles campagnes de sensibilisation.(Le Figaro)
Interesting…