Etre femme et travailler dans un univers majoritairement masculin

**Travailler dans un univers majoritairement masculin lorsque l’on est une femme provoque réactions et comportements divers. Certaines en subissent les affres, d’autres s’en amusent, d’autres encore en font une force. Des lectrices du Figaro.fr témoignent.

Daniciray travaille à la direction de la communication d’un groupe d’assurance-finance. «Seule femme dans un milieu d’hommes» elle se dit «plutôt à l’aise» dans son entreprise grâce à son caractère «exigeant et déterminé». Entourée de collègues qu’elle qualifie de compétitifs et «rivaux», Daniciray s’amuse avant tout des «3.000 commerciaux à rassurer et à féliciter, des dirigeants de haut niveau à couvrir quand ils commettent des bévues, et des discours à écrire dont ils ne comprennent pas toujours le sens ni la prononciation», confie-t-elle. Pour Daniciray, les relations de travail s’inscrivent dans un véritable «rôle de maman». «Mes collègues ont toujours été très respectueux et complices, jusqu’au jour où un tandem féminin, parachuté, a semé la zizanie», ce qui aujourd’hui fait dire à Daniciray qu’elle pourrait difficilement évoluer dans un secteur exclusivement féminin.

Quelle solidarité entre salariés ?

Chauffeur routier pendant plusieurs années, baryton a, elle aussi, su apprécier son ambiance de travail. Si aujourd’hui elle dit avoir «arrêté la route» à cause de son rythme et de ses heures supplémentaires non payées, baryton assure que ses «meilleurs amis sont hommes et routiers !» En revanche, elle explique que «les patrons, pas tous, ont été moins délicats», se souvenant de l’un d’entre eux particulièrement «odieux». Dans cette période de doutes, elle affirme avoir toujours «pu compter sur l’amitié et le soutien de [ses] collègues hommes, dont certains n’ont pas hésité à [lui] faire des attestations pour les prud’hommes». «Cela ne veux pas dire qu’ils ont tous été fins, mais dans la grande majorité, ils étaient corrects, même pour les plus machos.»

En revanche, kika14 fait part de sa déception après avoir travaillé tout l’été dans une équipe exclusivement masculine. «Quand j’ai annoncé ma grossesse à la direction, cela les a visiblement dérangé et jamais on ne m’a proposé de changer de poste», déplore-t-elle. Employée à un poste «assez physique», kika14 raconte que son chef d’équipe a toujours «occulté [sa] grossesse» : «Il s’étonnait constamment que je ne puisse plus porter telle ou telle chose, en me rabaissant avec des propos d’un autre âge», témoigne-t-elle. kika14 a également été déçue par ses collègues. Longtemps, elle a cru qu’ils lui montraient de la compassion… Jusqu’à ce qu’elle leur demande leur appui face à la direction : «Plus personne, plus de soutien, j’ai fini par m’en aller.» Pour kika14«le monde du travail [est] complètement désolidarisé».

Pour certaines, la parité n’est pas la solution

solenne333, chargée de communication et de marketing, est la seule femme sur son lieu de travail. «J’ai presque toujours évolué dans des entreprises à majorité masculine, ce qui demande une certaine adaptation, c’est sûr.» Il est essentiel pour elle de «savoir penser comme une femme tout en se mettant à la place d’un homme.» Célibataire, solenne333 dit avoir immédiatement «posé des limites» et n’estime pas être traitée distinctement par ses collègues. «Mais le patron voit les choses quelque peu différemment», avoue-t-elle. «Il me demandera de lui faire un café ou d’aller à la pharmacie lui acheter du paracétamol, ce qu’il ne demanderait absolument pas à mes collègues.» Consciente de certains «préjugés ambiants trop imprégnés», solenne333 ne réclame pas pour autant la parité hommes/femmes. «Je suis contre la politisation et la législation de la parité. Je pense qu’il est tout à fait paradoxal au nom de l’égalité d’instaurer des règles discriminantes. Bien sûr, il faut changer certains comportements, certaines idées reçues, mais c’est le mérite qui doit être le moteur d’une société.»

Certaines comme galou vont plus loin, allant jusqu’à imiter le comportement des hommes en entreprise. «J’ai la chance de ne pas avoir d’enfant et de ne pas être mariée. Cela me permet de rentrer plus tard. Les carrières se font après 18h !» Galou est tout à fait satisfaite de ses choix de vie et de ses ambitions qui la poussent aujourd’hui à «travailler deux fois plus, [se] comporter en homme». Pour elle, il s’agit là d’un moyen d’être «prise au sérieux» par un entourage essentiellement masculin. «C’est enrichissant de se mettre dans la peau de ces messieurs. C’est également typique d’un comportement animalier : observer les hommes […] et agir en conséquence.» (Le Figaro-28.10.09.)