Deux ou trois choses qu’ils savent d’elles
De Jay McInerney à Hervé di Rosa, de Nicolas Fargues à Zep, tous ont su trouver les mots pour parler de nous : ce qui les touche, les renverse, les agace, les épate, les meurtrit parfois aussi… À l’arrivée, une déclaration. Et un portrait des femmes remarquablement juste et bienveillant. Émouvant, toujours.
ZEP, AUTEUR DE BD
Ce qui m’émeut : des grands yeux fatigués. Dans le bus du matin. Ça m’émeut à chaque fois.
Ce qui me foudroie : qu’elle soit Hélène Bruller (NDLR : son épouse).
Ce qui m’insupporte : qu’elle mette des chaussures qui ne vont pas avec ses pieds.
Ce qui m’impressionne : qu’elle sache compter jusqu’à trois en rotant.
Ce qui me blesse : qu’elle ne me voie pas.
Dernier ouvrage : Happy Sex (éd. Delcourt, sortie le 14 octobre).
ALEXIS MABILLE, CRÉATEUR
Ce qui m’émeut : sa façon de se mouvoir, d’onduler ou pas, selon son humeur, son désir et sa volonté.
Ce qui me foudroie : un regard malicieux qui veut nous faire craquer pour un caprice. Irrésistible.
Ce qui m’insupporte : une femme qui mâche son chewing-gum la bouche ouverte.
Ce qui m’impressionne : la dextérité que certaines d’entre elles peuvent avoir sur des talons vertigineux et très découverts. Bluffant.
Ce qui me blesse : une femme qui vous enfonce son talon aiguille dans le pied par mégarde dans une soirée… la douleur est insoutenable.
JAY MCINERNEY, ÉCRIVAIN
Ce qui m’émeut : le côté sexy et l’humour.
Ce qui me foudroie : un esprit séduisant.
Ce qui m’insupporte : la cruauté, la négativité.
Ce qui me blesse : c’est plus difficile que les autres questions. Quelqu’un qui ne respecte pas ce que je fais. J’ai eu une petite amie qui n’a jamais lu un seul de mes livres. Pourtant, on a vécu longtemps ensemble. En plus, elle lisait les autres écrivains !
Dernier livre : Moi tout craché (éd. de l’Olivier).PIERRE ARDITI, COMÉDIEN
Ce qui m’émeut : elle peut être à la fois mon contraire et mon indispensable. Les femmes sont un miroir exigeant, implacable et bienveillant.
Ce qui me foudroie : son absence.
Ce qui m’insupporte : je déteste qu’une femme singe les hommes. C’est un mauvais modèle. Même si les femmes n’y sont pour rien – toute la journée, elles sont obligées de prouver qu’elles peuvent faire comme eux, sinon mieux –, je trouve cela dommage.
Ce qui m’impressionne : le courage des femmes, surtout en amour. Une femme n’hésite pas à scier la branche sur laquelle elle est assise, pour ne pas la laisser pourrir.
Ce qui me blesse : qu’une femme cesse de m’aimer.Pierre Arditi est actuellement sur les planches dans Sentiments provisoires, au Théâtre Edouard-VII.HERVÉ DI ROSA, PLASTICIEN
Ce qui m’émeut : son intimité.
Ce qui me foudroie : son intelligence mêlée à son intuition, ou simplement de belles fesses, soyons honnête.
Ce qui m’insupporte : sa bêtise, comme chez les hommes.
Ce qui m’impressionne : je suis impressionné par les femmes qui réussissent dans un monde d’hommes où tout est plus difficile pour elles, qu’elles soient femme d’affaires, artiste, médecin, cuisinière, etc. Là d’où je viens, le machisme a toujours été très pesant.
Ce qui me blesse : qu’elle ne connaisse pas Hervé Di Rosa.Exposition à la Galerie Louis Carré&Cie (10, av. de Messine, 75008 Paris) : Autour du monde, 17e étape : Paris nord, à partir du 20 novembre.THIERRY FRÉMONT, COMÉDIEN
Ce qui m’émeut : un regard timide autant qu’un regard assuré ; deux facettes a priori paradoxales qui ne me laissent pas indifférent.
Ce qui me foudroie : une personnalité totalement surprenante, inattendue, bluffante, sans peurs.
Ce qui m’insupporte : un matérialisme à tous crins qui dénote une superficialité et un manque de sincérité.
Ce qui m’impressionne : une femme décidée, en accord avec elle-même, qui se réalise tant dans son jardin secret qu’au travers de sa profession, de ses engagements, de ses rêves.
Ce qui me blesse : me rendre compte, soudainement, que je n’ai pas en face de moi la personne que je croyais avoir.Thierry Frémont est le premier acteur français à avoir reçu un Emmy Award.ATIQ RAHIMI, ÉCRIVAIN
Ce qui m’émeut : tout ! Mais particulièrement ce geste qui consiste à repousser sa mèche de cheveux derrière l’oreille; je n’y résiste pas.
Ce qui me foudroie : sa nudité.
Ce qui m’insupporte : l’intuition des femmes. Je ne sais pas quel crétin leur a donné ça !
Ce qui m’impressionne : l’intégrité. Les femmes sont bien plus intègres que les hommes.
Ce qui me blesse : l’orgueil. Et dès qu’elles ont un homme, les femmes sont encore plus orgueilleuses…
Le prix Goncourt a été décerné à Atiq Rahimi en 2008 pour Syngué sabour (éd. P.O.L).
OLIVIER MARCHAL, CINÉASTE
Ce qui m’émeut : le côté femme-enfant et les sourires de petite fille qui me ramènent à l’adolescence et aux prémices de l’amour.
Ce qui me foudroie : l’animalité chez une femme. Son extrême sensualité. Les petits seins. Une femme qui sort de l’eau avec un tee-shirt mouillé peut me rendre carrément dingue.
Ce qui m’insupporte : la mauvaise foi. Et les femmes qui abandonnent leur féminité pour jouer aux mecs. Le côté « patronne de choc », dominatrice, m’exaspère. Je suis peut-être un peu macho mais je déteste celles qui essaient de nous ressembler.
Ce qui m’impressionne : leur endurance. Leur sang-froid. Leur capacité à encaisser. Leur incroyable force morale.
Ce qui me blesse : quand elles me disent la vérité – la vérité fait souvent mal aux hommes. Quand elles arrivent à déceler mes points faibles. Ça peut me mettre au fond comme me faire avancer. C’est probablement mon côté « gougnafier-macho-romantique » qui fait que je n’aime pas être bousculé, même quand je le mérite.
La série Braquo, réalisée par Olivier Marchal, est diffusée sur Canal+, en prime time, à partir du 12 octobre.
GUILLAUME HOUZÉ, COLLECTIONNEUR D’ART CONTEMPORAIN
Ce qui m’émeut : des attaches fines, un poignet, des chevilles…
Ce qui me foudroie : un regard.
Ce qui m’insupporte : un retard.
Ce qui m’impressionne : le courage.
Ce qui me blesse : la cruauté.
Également directeur adjoint du marketing événementiel des Galeries Lafayette, partenaire officiel de la Fiac.
NICOLAS PROST, PILOTE AUTOMOBILE
Ce qui m’émeut : l’instinct maternel. Quand un enfant qui se blesse court spontanément vers sa mère. Même le père le plus aimant ne peut pas éprouver la force de ce lien.
Ce qui me foudroie : une silhouette, de belles jambes, des cheveux longs. Quand j’ai rencontré ma fiancée, j’ai eu un coup de foudre immédiat. Une attirance très soudaine qui avait la force de l’évidence.
Ce qui m’insupporte : leur excès d’organisation. Moi, je suis plutôt cool. Ce n’est pas grave si l’on mange à 14 heures au lieu de midi, si l’on ne sait pas encore ce qu’on va faire dans dix jours ou dans un an. Elles ont parfois un besoin de planifier, d’organiser, de tout « agender » qui peut être pesant.
Ce qui m’impressionne : leur sérénité, leur solidité. Face à un drame ou à la maladie, dans des situations où les hommes paniquent souvent et s’effondrent comme des petits garçons, elles font face à l’adversité avec un courage qui m’épate.
Ce qui me blesse : un mot dur d’une femme que j’aime.
JEAN-MARIE PÉRIER, PHOTOGRAPHE
Ce qui m’émeut : le souvenir des premiers baisers et cette impression d’être choisi.
Ce qui me foudroie : la perdre. Dieu merci, désormais je suis seul. Plus d’éclairs à l’horizon.
Ce qui m’insupporte : quand elles disent « À quoi tu penses ? » Je considère ça comme un viol, surtout quand je ne pense à rien.Ce qui m’impressionne : quand elle a décidé que c’est vous qu’elle veut. Inutile de faire le malin, vous êtes cuit.
Ce qui me blesse : cette faculté qu’elle a à vous remplacer. C’est d’autant plus blessant qu’il arrive que l’heureux élu soit mieux que vous.
À paraître : Vins de Laure, portraits de vignerons français, avec l’oenologue Laure Gasparotto (éd. Grasset).
FRÉDÉRIC LENOIR, PHILOSOPHE
Ce qui m’émeut : la vulnérabilité à fleur de visage, l’ouverture du coeur, un petit détail ou l’alchimie d’un tout.
Ce qui me foudroie :la grâce.
Ce qui m’insupporte : la cigarette au lit, la mauvaise foi, le narcissisme.
Ce qui m’impressionne : le talent.
Ce qui me blesse : le rejet amoureux, la parole donnée et reprise.
Dernier livre : Socrate, Jésus, Bouddha. Trois maîtres de vie (éd. Fayard).
MICHEL ONFRAY, PHILOSOPHE
Ce qui m’émeut : a priori, j’aurais envie de vous répondre « la même chose que chez un homme ». Mais après réflexion, nous savons bien que la différence sexuelle est déterminante… Alors m’émeut cette appartenance à la moitié oubliée, négligée, humiliée de l’humanité.
Ce qui me foudroie : laissons parler l’amateur d’éthologie ; ce qui de leur féminité entre en contact direct avec mon inconscient et active en moi une poussée d’adrénaline…
Ce qui m’insupporte : le féminisme agressif construit sur un essentialisme intégriste. À quoi il faut ajouter un féminisme mondain qui se bat pour qu’on
écrive «professeure» mais qui laisse dans l’ombre l’esclavagisme au quotidien de millions de femmes.
Ce qui m’impressionne : leur résistance, leur capacité à tracer un sillon droit quand elles l’ont décidé. Leur grandeur supérieure quand elles sont grandes.
Ce qui me blesse : me retrouver dans le camp des misogynes quand je n’épouse pas la cause du féminisme agressif ou de sa formule mondaine.
Dernier ouvrage : Le Recours aux forêts : la tentation de Démocrite (éd. Galilée).
NICOLAS REY, ÉCRIVAIN
Ce qui m’émeut : sa maladresse, lorsque, par exemple, elle retire un chandail et le coince dans ses cheveux.
Ce qui me foudroie : son cul.
Ce qui m’insupporte : alors que je n’ai pas répondu à son premier message, le fait qu’elle rappelle une seconde fois.
Ce qui m’impressionne : tout ! Je me sentirais totalement incapable d’être une femme, avec cette obligation d’être sexy, mère de famille, attractive, compétitive dans l’entreprise, tout en trouvant le temps de s’épiler. À leur place, je ne tiendrais pas quarante-huit heures ! Les femmes sont des surhommes.
Ce qui me blesse : d’avoir fait une connerie au point de la décevoir.
Dernier roman : Vallauris plage (éd. Grasset). Nicolas Rey est aussi chroniqueur sur France Inter et animateur de « Starmag » sur TPS Star.
DANIEL PICOULY, ÉCRIVAIN
Ce qui m’émeut : qu’elle soit en noir et blanc. Qu’elle ait le trait, les ombres, les creux, le grain des premières émotions. Celles d’avant la colorisation des sentiments.
Ce qui me foudroie : leur chagrin. Ce chagrin tellurique. Cette bombe lâchée. Cet abandon définitif qui, pour une raison que je n’identifie pas, me fait penser à « la Naissance de Vénus », de Botticelli. Peut-être à cause de cette coquille en pétales qu’on croirait posée là pour recueillir toutes les larmes retenues dans le coeur des femmes.
Ce qui m’insupporte : la beauté portée comme une croix. Ces femmes qui feignent d’être lasses d’être belles. Elles sont harassées de beauté, fatiguées qu’on les regarde, épuisées d’admiration. Ces beautés mornes vous toisent avec l’air de dire : « Plains-moi… mais surtout, continue de te retourner sur mon passage. »
Ce qui m’impressionne : leur façon de laisser croire aux hommes qu’ils gouvernent, depuis le début de cette brève période qu’on appelle l’histoire de l’humanité.
Ce qui me blesse : de me voir renvoyer mes lettres d’amour avec les fautes d’orthographe soulignées en rouge. Il me vient alors une rage dysorthographique qui me fait leur souhaiter de vivre malheureuses avec un petit Robert, mal accordées du participe, sans être ni avoir. J’aime à penser qu’elles divorceront pour faute, tant et tant de fois qu’elles récolteront un zéro pointé à cette copie qu’on appelle… la vie. (Le Figaro-10.10.09.)
Le magazine culturel qu’il anime, Café Picouly, est diffusé chaque vendredi sur France 5.
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*Comment les hommes voient les femmes?
**il me voie comme je suis…
Miroir, miroir… Un peu par jeu, beaucoup par curiosité, » Le Figaro » a interrogé la population masculine et cherché à déchiffrer son regard sur les femmes.
Surprise ! Comme le révèle le sondage exclusif “Madame Figaro”-CSA, les hommes s’amusent de nos complexes. Ils nous aiment naturelles, bien dans notre peau, joliment vivantes. La fin d’un malentendu ?
Pour le sociologue de la nudité, Christophe Colera, cet attendrissement pour nos imperfections traduit bien « l’existence d’un hiatus entre des normes de beauté “officielle” apposées aux femmes des magazines, beauté digne de l’idéal de la statuaire grecque, et un rapport réel des hommes à leurs compagnes ou aux femmes croisées quotidiennement, qui s’inscrit, lui, dans une trame narrative, un vécu affectif ». Sans oublier, ajoute-t-il, que les grandes séductrices, « celles qui ont eu ce pouvoir d’hypnotiser les hommes, ont souvent été dans l’Histoire très éloignées des canons de leur époque. Même si certaines constantes anthropologiques – de grands yeux, un nez fin, une différence marquée entre le tour de taille et celui des hanches – sont toujours perçues comme des éléments de beauté par-delà les modes ».
Notre sondage délivre à sa manière un avertissement retentissant : les hommes détestent que nous ressassions nos complexes. Ils sont même 80 % à juger agaçant qu’une femme pointe systématiquement ce qu’elle n’aime pas chez elle. Et ne supportent pas les dégâts collatéraux : refuser de dire son âge, rechigner à se mettre en maillot, vouloir suivre un régime… « Tout cela est considéré comme une autoflagellation féminine qui ne recueille pas un sentiment positif chez les hommes », souligne Jean-Daniel Lévy. Christophe Colera pointe là un refus de la part des hommes de comportements trop compulsifs. « Le choix de faire du sport évoque à leurs yeux une décision dynamique, tandis que l’obsession du miroir, ou du régime, peut avoir quelque chose de répétitif, voire de morbide, tel que Kieerkegard ou Freud ont pu l’envisager. »
**Le rejet du collagène
Une des surprises du sondage est de constater combien les hommes sont unanimes dans presque toutes leurs réponses, quel que soit leur âge, leur profession, leur lieu de vie. « Les regards sont certes marqués d’une intensité différente, mais ils vont tous dans la même direction », note Jean-Daniel Lévy. En clair : l’immense majorité des hommes est sensible aux femmes qui s’acceptent telles qu’elles sont, plongées dans la vie réelle et pas figées dans un décor de pub, forcément imparfaites. « On est loin des fantasmes des transhumanistes américains, qui veulent conduire femmes et hommes à l’éternité par l’implant de nouveaux matériaux en tout genre », reprend Christophe Colera. Le rejet unanime du collagène dans les lèvres tient probablement, pour le sociologue, à « la dimension affective particulière accordée de tout temps par l’humanité au visage, support de la personnalité – “persona” en grec veut dire “masque”. D’ailleurs l’anthropologue Desmond Morris a rappelé il y a peu que si le rôle des lèvres était plus important que celui des seins, c’est parce qu’il touche directement aux affects les plus profonds. Le baiser sur la bouche est interdit par les prostituées. »
Le concept de la femme-objet en prendrait-il ici pour son grade ? Certainement, même si une certaine ambiguïté demeure : les hommes, sur certaines touches précises, veulent bien voir chasser le naturel, puisque rares sont ceux qui apprécient une épilation approximative, ou encore des cernes. « Il y a un rapport à l’épilation de plus en plus tatillon dans nos sociétés, commente Christophe Colera, qui jure avec le goût de la pilosité spontanée des années 1970 par exemple. Cela peut tenir à une singularité française – dénoncée par les naturistes de la fin du XIXe siècle –, qui valorise un dénudé “raffiné” plutôt qu’une nudité naturelle, à la différence des Allemands par exemple. »
Nullement ambiguë, en revanche, cette propension des Français à se retourner sur une femme dans la rue : « ce n’est pas politiquement correct de le confesser. Mais la franchise des sondés à cette question crédibilise toutes les autres réponses, qui sont loin d’être prudes », conclut Jean-Daniel Lévy. Reste qu’en miroir de cette question qui peut paraître légère – sur combien de femmes vous retournez-vous chaque jour dans la rue ?- Christophe Colera repère « la persistance d’une valorisation sociale (patriarcale ?) de l’homme qui sait apprécier les belles femmes. On est loin, poursuit l’anthropologue, de la déclaration de Périclès à Socrate selon laquelle les yeux du stratège doivent être chastes comme ses mains, ou de celle de Jésus dans l’Évangile, pour qui regarder une femme, c’est déjà commettre l’adultère»…. La franchise des sondés colle certes à l’image culturelle du séducteur en France, et elle pourrait nous faire sourire, donnant enfin tort à ce mot de La Bruyère : « Les hommes et les femmes conviennent rarement sur le mérite d’une femme : leurs intérêts sont trop différents. »
“ Les hommes sont moins dans l’apparence qu’on ne le croit ”
JANINE MOSSUZ-LAVAU, SOCIOLOGUE (1)
– Pourquoi est-ce ce qui nous déplaît qui justement les attendrit ?
– Ils sont d’abord émus par ce que j’appelle les « endroits stratégiques », c’est-à-dire ceux que les hommes caressent : le ventre, les seins, les fesses. Les rides ou les cernes, en revanche, ne sont pas des éléments évocateurs de sensualité, d’échange. Ce qui prouve que les hommes sont moins dans l’apparence qu’on ne le croit. C’est tout l’intérêt de ce sondage. C’est aussi la preuve que les hommes ne prennent pas pour argent comptant le modèle féminin de femmes filiformes ou androgynes que l’on tend à leur imposer. Ils parlent des femmes qu’ils côtoient chaque jour, dans le métro, au bureau : un peu rondes, bien dans leur peau, émouvantes. Cela renvoie à quelque chose d’assez permanent dans les goûts des hommes, qui tend plus du côté de la peinture de Renoir, avec ses femmes tout en rondeurs, très sensuelles, que des défilés de mode actuels.
Je dirais que ce sondage redonne une image de la société française telle qu’elle est, et non telle qu’elle peut être représentée par la publicité.
L’âge ou le niveau social des sondés importent-ils ?
Peu. Même si chaque tranche d’âge juge attendrissant les défauts liés… à son âge. Par exemple, les 50 ans et plus sont les plus indulgents pour les rides. Mais d’une façon générale, on note un certain consensus dans les réponses. Le recours à la chirurgie esthétique est unanimement rejeté, car il témoigne d’une certaine crainte de voir sa partenaire devenir une autre femme. Les hommes condamnent aussi très largement les régimes parce qu’ils en supportent directement les conséquences. Soit madame met toute la famille au régime, soit elle chipote dans son coin et fait bande à part, ce qui n’est jamais convivial.
La surprise vient du clivage politique ?
Le plus drôle, c’est que dans ce sondage, les hommes qui acceptent davantage la liposuccion et les injections antirides se trouvent du côté des Verts ! On avait imaginé, à tort, qu’ils penchaient pour tout ce qui est naturel…
(1) Directrice de recherche au CNRS et au Cevipof (Centre de recherches de Sciences po). Vient de publier Guerre des sexes : stop !, éditions Flammarion.
“Les femmes devraient croire les hommes quand ils leur font un compliment”
ANTOINE PELISSOLO, PSYCHIATRE (1)
– Croyez-vous à l’indulgence des hommes vis-à-vis de nos complexes ?
– Ils ont de l’indulgence pour les défauts qu’ils ont en commun avec les femmes, comme le petit ventre et les rides. On peut imaginer qu’il y a là un phénomène d’identification. Mais les hommes ont aussi du mal à accepter des femmes trop centrées sur elles-mêmes, obsédées par leurs complexes, qui oublient de tenir compte de leur avis. Cela rejoint ce qu’on appele « l’anxiété sociale » : on prête à l’autre les pensées que l’on a sur soi-même. L’autre est considéré comme un miroir, dépossédé de son jugement propre.
Quels enseignements tirez-vous de ce sondage ?
Certes, les femmes aujourd’hui ont à affronter des diktats de l’esthétisme et du jeunisme de plus en plus envahissants. Mais elles devraient être plus attentives au regard de leur partenaire, et croire les hommes quand ils leur font un compliment : c’est sincère. Enfin, si les hommes avouent qu’ils se retournent en moyenne sur huit femmes par jour, ce n’est pas seulement parce qu’il y a là une réaction hormonale. C’est aussi une façon d’entrer en communication. Je dirais aux femmes : même si vous êtes gênées par le fait qu’un homme se retourne sur vous, dites-vous bien que c’est d’abord une marque d’attention, qui ne véhicule pas forcément une idée à connotation sexuelle…(Le Figaro-31.10.09.)
(1) Responsable d’un centre spécialisé dans les troubles anxieux et phobiques à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière. Coauteur de Ne plus rougir et accepter le regard des autres, éditions Odile Jacob.
Well, all things considered…
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