Changer de métier

*Opération Reconversion

Elles l’ont fait ! Cette semaine, vous découvrirez comment Fabienne, Chantal, Marie-Jo et Nathalie ont négocié leur virage professionnel à 180°. En attendant leurs témoignages, un point sur le souvent méconnu congé individuel de formation.

Paru le 07.04.2008. Madame.Le Figaro 

Un monde du travail violent, qui exige une rentabilité toujours meilleure. L’absence de reconnaissance ou d’évolution. La certitude d’exercer un métier qui n’est pas fait pour soi. Ou la simple envie de se lancer un défi. Selon une étude de l’AFPA (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) datée de 2007, 56 % des actifs interrogés étaient disposés à changer d’orientation professionnelle dans l’année qui suivait.

Les raisons de changer de métier ne manquent pas. Et le récent rapport sur le stress au travail remis à Xavier Bertrand confirme que la sphère professionnelle est loin d’être paradisiaque pour les salariés. Vous avez vous-même été plus de 80 % à estimer dans notre rubrique Exprimez-vous que votre environnement de travail était facteur de stress.

Alors, quitte à franchir le pas, autant reprendre une activité qui donne la possibilité de s’épanouir et opérer ce que la sociologue Catherine Négroni appelle une « reconversion professionnelle volontaire », en opposition à celle qui suit un licenciement. « Je gagne moins bien ma vie qu’avant, mais j’ai multiplié ma qualité de vie par dix », résume Nathalie,

ex-cadre dans la formation professionnelle devenue confiturière (retrouvez son portrait vendredi).

« S’il n’y a pas encore à proprement parler, en France, de mouvement significatif de cadres qui démissionnent pour se reconvertir dans l’artisanat, on remarque néanmoins un accroissement des demandes de renseignements allant dans

ce sens », note Elisabeth de Dieuleveult, de l’Assemblée permanente des chambres de métiers.

Métiers d’art ou qui marquent un retour à la matière, ou encore, qui permettent d’établir une vraie relation à l’autre… Plus que la somme qui s’inscrit en bas de la fiche de paie, plus qu’une carte de visite qui impressionne, les « reconvertis » veulent de l’authentique.

*Le CIF mode d’emploi

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Le congé individuel de formation est l’un des dispositifs les plus prisés par les salariés en voie de reconversion. Pourtant, le CIF comme le DIF (droit individuel à la formation, qui permet de cumuler vingt heures par an) relèvent souvent du jargon administratif pour les salariés, et sur lequels les entreprises communiquent peu.

Le CIF s’adresse aux salariés en CDI, qui travaillent depuis au moins un an dans la même entreprise. Si c’est votre cas, vous pouvez prendre un congé d’un an maximum pour un stage à temps plein, et un congé d’une durée de 1 200 heures pour un stage de formation à temps partiel. Selon votre rémunération, vous continuerez à percevoir entre 80 à 100 % de votre salaire pendant toute la durée du CIF. C’est cet aspect financier, déterminant, que les salariés ignorent le plus souvent.

Si vous avez décidé de faire le nécessaire pour monter votre coopérative bio, il vous faut d’abord trouver l’organisme de formation qui propose dans son programme le stage qu’il vous faut. Les plus connus parmi les milliers qui se disputent le marché français sont l’AFPA, le Greta pour les professions qui touchent à la santé et l’Ifocop pour le commerce ou le marketing.

Une fois l’organisme et le stage choisis, vous remplissez une demande pour votre employeur, qui transmet votre dossier au Fongecif ou à l’OPCA de votre région, des organismes paritaires qui gèrent les crédits du CIF.

Pour que votre dossier soit validé, il faut que votre stage soit sanctionné par un diplôme. À savoir, le Fongecif ne finance pas non plus la formation par correspondance. « Évidemment, il y a des publics prioritaires, les chômeurs et les plus de 45 ans », explique-t-on au Fongecif Île-de-France.

« C’est une chance de pouvoir se dire que c’est possible », commente Eveline, d’origine néerlandaise, élève à l’ESEA (École supérieure d’ébénisterie d’Avignon). « Que l’on peut tout larguer pour apprendre le métier d’artisan, et qu’en plus, on peut trouver des financements pour ça ! »
Et, bonne nouvelle, si vous contractez un CIF, vous cotisez quand même pour vos congés payés !

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*Je ne rentre pas dans les cases !Je suis en CDD. Est-ce que moi aussi, je peux bénéficier d’un CIF ?Oui, mais à certaines conditions. Il faut pouvoir rendre compte de quatre mois de CDD minimum dans la même entreprise au cours de l’année qui précède la demande de CIF. Ou, si vous sortez d’un congé maternité, pouvoir attester que vous avez travaillé vingt-quatre mois (sans qu’ils soient forcément consécutifs) pendant les cinq années précédentes. « J’ai repris un emploi dans une cafétéria pour cumuler les mois et avoir droit au Fongecif CDD », explique Géraldine, 33 ans, élève à l’ESEA.Seul écueil : le licenciement

C’est la seule situation qui ne permet pas de faire valoir ses droits à la formation professionnelle. « Si le salarié perd son emploi, il perd son droit au CIF », explique-t-on au Fongecif Île-de-France. Donc, si vous sentez que le climat social de votre entreprise tourne à l’orage, mieux vaut prendre vos dispositions… « J’ai fait un bilan de compétences et une demande de CIF avant que Corsair ne mette en place un plan de licenciement », explique Fabienne (lire son portrait), ancienne hôtesse de l’air qui a, du coup, pu utiliser ses indemnités pour finaliser son projet professionnel.

Et sinon…

Il arrive aussi que le Conseil régional, dans le cadre des dispositifs d’aide à la formation, s’engage et prenne en charge une partie des frais. « Ça a été le cas pour certains de nos jeunes élèves qui n’étaient pas encore rentrés dans le monde du travail », explique Alex Suau, responsable des services administratifs de L’ESEA. « Le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur finance par exemple une partie du coût de la formation pour les jeunes originaires de la région. » Les dossiers sont alors traités au cas par cas.

Et n’oubliez pas : si vous êtes tentée par une voie professionnelle, mais que vous doutez de vos capacités, pensez au bilan de compétences. Il dure une vingtaine d’heures, étalées sur six semaines, mais est totalement gratuit. Contactez votre ANPE.

Sites et renseignements pratiques

Le portail Orientation & Formation

Le site du ministère du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité

Le Fongecif

Les OPCA et les FAF

L’annuaire des Chambres de métiers et de l’artisanat 

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 Fabienne-1

**Comment passer des démonstrations de sécurité en uniforme à l’art de manier la pelle et le terreau aussi bien que le tulle et les ciseaux ?

Paru le 08.04.2008, par Gaëlle Rolin

« À 11 ans, ma sœur a gagné un voyage et découvert le métier d’hôtesse de l’air. C’était sa vocation. Comme je n’avais pas un supercarnet de notes, j’ai décidé de faire comme elle. » En réalité, Fabienne se passionne pour tout ce qui pousse dans un jardin. Elle prouve qu’elle a la main verte en aménageant, toute seule, ses 2 500 m2 de terrain dans la Brie : « J’ai tout appris, les espèces, la résistance, les couleurs… J’adorais ça, mais je ne le voyais pas comme un métier. »

Mais la vie entre deux avions commence à moins lui plaire.

Elle se fatigue de ne faire que croiser son mari, chef de cabine. Le déclic survient quand l’une de ses filles lui dit : « Maman,  on ne te voit pas assez, tu es tout le temps partie… » Elle a 37 ans et ignore encore qu’un plan social se prépare chez Corsair. « J’ai fait un bilan de compétences, puis j’ai commencé à travailler bénévolement et pendant mes jours de repos chez un fleuriste. » Elle demande un congé individuel de formation.

S’ensuivent trois mois de cours en art floral à l’École des fleuristes de Paris, où elle apprend les bases de la botanique. Elle passe son CAP et effectue son stage pratique avec Muriel Le Couls, Meilleure Ouvrière de France, également sortie de cette école. « Quand j’ai commencé, se souvient Fabienne, ma mère a eu peur pour moi. Mon mari, lui, a été un véritable phare dans la nuit. »

Puis, en 2007, comme la météo sociale l’annonçait, Corsair met en place un plan de licenciement. Fabienne profite donc d’un congé de reclassement et touche des indemnités qui lui permettront de fignoler son projet professionnel. La compagnie aérienne offre même une subvention supplémentaire aux créateurs d’entreprise. Une aubaine ! « J’ai failli acheter une boutique pour devenir fleuriste. J’étais sur le point de signer quand je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que

je voulais. Je n’avais pas envie de travailler toute la semaine, le samedi et le dimanche matin. Je n’avais pas changé de métier pour me retrouver avec un divorce à la clé. »

 *Du terreau aux ciseaux Finalement, Fabienne décide que sa boutique, c’est dans un coin de son garage qu’elle la créera : « Je voudrais transmettre ma passion, enseigner l’art floral, donner des conseils aux jardiniers. Là où j’habite, vers Coulommiers, il y a beaucoup d’Anglais et je m’imagine parfaitement traduire mes cours.Ce serait un beau challenge. » Autres idées : attirer la gent masculine au jardin et proposer ses services aux wedding planers.Mais elle ne s’arrête pas là : avec l’argent du licenciement, elle commence une deuxième formation au Greta de la mode de Paris : « Petite, je voulais devenir dessinatrice de mode. Mais mes parents ne m’ont pas suivie. »

En fait, Fabienne a tout prévu : elle ne renoncera ni à son amour des fleurs, ni à sa passion de la mode : « L’été, je serai au jardin, et l’hiver, je ferai des robes de mariées. » Frustrée de n’avoir pu se marier en bleu comme elle le souhaitait, elle décide qu’elle fera, à son niveau, voler en éclats les traditions des jupons en tulle blanc et des robes meringues.

« En ce moment, je suis exténuée, raconte-t-elle. Entre les heures de transports, les milliers de choses à assimiler, la famille… Mais je ne regrette pas ma décision. J’ai tenu mon pari. C’est un pied de nez à mes parents. Maintenant, j’ai hâte de montrer ce que je sais faire. »

Son congé de reclassement court jusqu’en novembre. Elle veut prendre le temps d’installer son atelier à l’abri des sautes de climat et de créer son propre site internet. Les mots gestion et comptabilité lui font encore un peu peur, mais elle se dit prête à transmettre ce qu’elle sait : « Je ne sais pas si j’ai vraiment conscience de ce qui m’attend, mais je me sens vraiment bien. J’attends l’avenir. »

École des fleuristes de Paris, 3, rue Hassard, 
75019 Paris.


Tél. : 01 53 38 60 60. www.lesfleuristes.com/ecole/ru_ecole.asp

E-mail : ecole@lesfleuristes.com

 Marie-jo-1

**Comment passer de l’ambiance aseptisée d’un bureaude la Caisse Primaire d’assurance maladie à celle d’un atelier où l’on sculpte le bois en bleu de travail ?

Paru le 09.04.2008

C’est une jolie brunette de 34 ans qui s’affaire autour de la cisaille. Appliquée, elle coupe le bois qui lui servira à créer le troisième meuble du programme : une table de jeux en merisier. Marie-Jo fait partie de la promotion 2008 de l’École supérieure d’ébénisterie d’Avignon (ESEA). Cet établissement unique en France propose une formation d’ébénisterie et de sculpture-dorure sur bois. Avec une méthode bien à eux, les formateurs se lancent le défi, en dix mois, de faire de chacun des cinquante-deux élèves un artisan hors pair. Et ce, même si cette expérience constitue son premier contact avec la matière.

C’est le cas de Marie-Jo. Avant de respirer la sciure, elle travaillait à la Caisse primaire d’assurance maladie, en Corse, où elle gérait les contentieux financiers depuis dix ans. Un emploi stable, quatorze mois de salaire par an. Elle a tout abandonné, il y a un peu plus de six mois : « Quand on se lève le matin pour aller faire quelque chose qu’on n’aime pas, qu’on ne voit plus que le côté alimentaire du métier, c’est vite difficile à supporter. »

Elle entend alors parler de l’ESEA. Elle aime bricoler, elle aime les ambiances d’atelier, sans s’être pour autant jamais lancée dans la création d’un objet. Elle se renseigne, rencontre Louis et Alex Suau, les fondateurs de l’école. Les deux hommes sont en guerre contre les idées reçues sur les métiers manuels.

« Je répète constamment à mes élèves que pour être bon dans les métiers du bois, c’est la tête avant les mains », explique Louis Suau, le responsable pédagogique qui, à 21 ans, était le plus jeune maître ébéniste de France.

Marie-Jo est séduite par ces personnalités attachantes. Elle demande un congé individuel de formation à la CPAM, qui est accepté. Et délaisse donc les chiffres pour les outils.
Ce qui est loin d’être une sinécure : trente-huit heures de travail par semaine, des apprentissages complètement nouveaux, des cours de gestion d’entreprise artisanale pour préparer la sortie. Mais le jeu en vaut la chandelle. « Mes anciennes collègues restées en Corse m’encouragent, elles m’envient. Elles me disent : “Comme tu dois être bien…” »

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*Des sacrifices qui en valent la peineEt Marie-Jo est si bien qu’elle a décidé de rester un an de plus à Avignon pour suivre la formation de sculpture-dorure sur bois dispensée par l’ESEA. Mais si la première année a été prise en charge par son employeur dans le cadre du CIF, elle ne peut bénéficier de ce financement deux fois et devra trouverelle-même les 12 000 euros nécessaires pour continuer : « On va examiner, avec Alex Suau, les solutions qui peuvent se présenter. Sinon, on s’organisera avec mon mari, qui croit très fort en moi. » Son mari, elle l’a laissé en Corse et ne le voit qu’une fois par mois : « C’est un sacrifice, mais on sait pourquoi on le fait.
Il me voit heureuse et je le vois s’épanouir à travers moi, c’est une vraie satisfaction. » Pourtant, rien n’était gagné au départ : « Mon entourage et mes parents étaient plutôt réticents. »
À Noël, elle a bluffé tout le monde en montrant les deux premiers meubles qu’elle avait réalisés, une table en chêne et une vitrine en merisier. En plus d’acquérir de nouvelles compétences, Marie-Jo apprécie la richesse humaine qu’offre ce type d’expérience. Entre Cara, l’universitaire spécialiste de Montaigne, et Géraldine, la mère de famille, « nous recrutons des élèves entre 18 et 60 ans dans le but de créer une “minisociété” où tous les profils se retrouvent », confie Louis Suau.

Quand on demande à Marie-Jo où elle se voit dans cinq ans, elle répond : « En Corse, dans mon atelier, en train de travailler le bois. Et avec un carnet de commandes bien rempli quand même ! »

École supérieure d’ébénisterie d’Avignon (ESEA),
 

**Comment passe-t-on de l’univers de la grande distribution à celui de la sophrologie ? En se préparant tranquillement, sereinement, et sans avoir peur de se lâcher…

Paru le 10.04.2008

Pendant vingt ans, Chantal a travaillé pour une grande enseigne d’électroménager. Le week-end, elle faisait du théâtre, montait des spectacles d’animation, se déguisait en clown. Tous les trois ou quatre ans, elle postulait pour changer de poste en interne, histoire de ne pas se rouiller. Son premier congé individuel de formation, c’est en bureautique et informatique qu’elle l’a demandé, afin de valider un certain nombre de compétences.

« Le fait d’avoir à élever seule un enfant a déterminé tout le reste. » Mais ne l’a pas empêchée de rester persuadée qu’elle ferait, à un moment donné, ce qu’elle voudrait : « Je savais

que la première partie de ma vie serait alimentaire, et que la deuxième, quand ma fille volerait de ses propres ailes, serait pour moi. » La retraite ? Elle ne l’a jamais envisagée comme la fin de sa vie professionnelle : « J’ai toujours considéré qu’à

50 ans, j’arriverais à un âge d’or, où je pourrais exploiter tout le potentiel accumulé au cours de ma vie. »

Elle laisse donc sa fille grandir, et prépare tranquillement sa reconversion. « Dans mon métier, ce qui me manquait, c’était l’humain, faire passer quelque chose d’utile. » Elle s’oriente vers la sophrologie et se forme tout en continuant à travailler : « J’ai pris des cours tous les week-ends, pendant deux ans,

au CEAS, le Centre d’études et d’applications de la sophrologie de Paris. » Elle adhère tout de suite. Mais parce qu’il lui faut un peu de temps et de fonds pour mettre en pratique sa nouvelle vie, elle retourne dans son entreprise et se donne deux ans pour monter son cabinet. En 2001, elle quitte Paris pour s’installer à Vichy, en Auvergne, dont elle est originaire :

« C’est une région de bien-être, ce qui est cohérent avec ma nouvelle profession. » Et c’est aussi plus facile financièrement de monter son cabinet en province.

 

*Se lâcher !Chantal ne le cache pas, il lui a fallu trois ans pour asseoir sa clientèle. Trois ans qui ont nécessité des sacrifices financiers. Heureusement, « quand vous faites quelque chose qui vous plaît, vous avez moins besoin de compenser en achetant ».Des patients de 25 à 80 ans se succèdent dans son cabinet, des patients qu’elle aide à s’épanouir par des exercices, des patients dont elle calme les angoisses : « J’essaye de “mettre la personne dans son corps”. C’est gratifiant de voir quelqu’un sortir du cabinet le visage ouvert, souriant. »

Tous les deux mois, Chantal revient à Paris pour parfaire son apprentissage avec des formations de coaching en développement personnel. Elle prévoit déjà d’élargir son offre, auprès des entreprises, par exemple.

Forte de son expérience, Chantal conseille aux candidats à la reconversion d’avoir confiance en eux : « Préparez calmement votre projet, renseignez-vous, posez-vous les questions qu’il faut. Et après seulement, parlez-en à vos proches, quand vous êtes suffisamment armé et sûr de vous pour entendre leurs critiques. Cette période de changement, c’est une période d’hypersensibilité. » Elle leur recommande aussi de… se lâcher : « Osez être créatif, la société est trop politiquement correcte ! »

Centre de sophrologie

5 avenue Aristide Briand 03200 Vichy – www.sophrovichy.com

Centre d’études et d’applications de la sophrologie de Paris (CEAS), 3, passage Brady,
 75010 Paris. Tél. : 01 42 08 56 01. www.sophrologie-ceas.org

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**Nathalie a laissé tomber la vie de bureau pour faire des confitures. Depuis dix ans, sa petite entreprise ne cesse de prospérer, et elle, de s’épanouir…

Paru le 11.04.2008

Dix ans dans un organisme de formation professionnelle, des études d’infirmière, mais aussi sept ans dans une entreprise d’électricité. Changer de métier, Nathalie connaît !
« Je me suis toujours beaucoup investie dans mes emplois, tout en me disant que j’y resterais le temps que ça me plairait… Je n’ai jamais eu de vision de carrière à long terme. » En somme, elle préfère la difficulté à l’ennui.

« Je ne voulais pas retenter l’aventure en entreprise. J’approchais de la quarantaine, je savais que ça allait être compliqué. » Elle a alors 37 ans et se passionne pour l’environnement. Pourquoi ne pas s’occuper d’un verger ? Mais après un stage d’un an au Potager du Roi, à Versailles, où elle étudie les arbres fruitiers sous toutes leurs nervures, elle se rend compte qu’elle n’aura pas les reins assez solides.

À la même époque, la Maison de l’environnement d’Issy-les-Moulineaux cherche une animatrice pour faire des confitures : « J’ai vu ça comme une façon de déstresser, tout en mettant à profit les fruits de mon verger. » Il ne lui en faut pas plus pour entrevoir la possibilité d’une nouvelle profession. « La Chambre de métiers et de l’artisanat m’a déconseillé de vouloir devenir animatrice dans ce genre d’atelier, en me disant que j’en vivrais difficilement. En revanche, elle m’a guidée vers la fabrication et la vente de confitures. »

Une idée qui l’amuse et l’angoisse en même temps : « J’entrevoyais la lourdeur des contrôles sanitaires. Et surtout, je me disais : “Qui va me les acheter, ces confitures ?” »

Et puis, émoustillée par l’envie de relever le défi, elle achète une bassine en cuivre et un économe.

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*Au-dessus, sur l’étagère du hautCe métier colle en fait parfaitement avec ce qu’elle recherche : « Je voulais travailler de chez moi, ne pas me tuer à la tâche, pouvoir voir mon mari, mais quand même gagner un peu d’argent. » Elle démarche donc les producteurs locaux pour s’alimenter en grande quantité. « Le plus difficile, se souvient Nathalie, a été de mettre en confiance les arboriculteurs. »Elle s’équipe, achète une camionnette, mais doit installer son atelier dans sa cuisine : ses indemnités de licenciement se sont envolées depuis longtemps… Elle travaille exclusivement les fruits de sa région : pomme, prune, rhubarbe, associés à des épices. « Quand on épluche 4 tonnes de pommes, on a le temps de réfléchir aux saveurs ! » Rhubarbe à la fleur de sureau, brugnon au poivre long sont quelques-uns des parfums qu’elle développe. Elle vend ses créations exclusivement sur les salons gastronomiques : « Je ne voulais pas être dans une boutique à attendre le client toute la journée. Cela me déprimait. Et puis, ce n’est pas dans cette optique que je voulais me reconvertir. » Ce qu’elle aime, c’est voir les gens goûter ses confitures. Elle sillonne une bonne vingtaine de salons au printemps et à l’automne, et produit le reste de l’année. Elle a aussi quelques points de vente dans les fermes et compte une clientèle de fidèles qui lui passent commande.

Sur les étiquettes de ses pots, on peut lire « Au-dessus, sur l’étagère du haut », le nom qu’elle a choisi pour sa petite entreprise : « On m’a pourtant conseillé de trouver un nom court, plus facile à retenir. Mais même si les gens se souviennent rarement de la marque exacte, il leur reste une impression imagée, celle de la petite fille qui se hisse sur la pointe des pieds pour attraper un pot de confiture. »

Pour son premier salon, Nathalie proposait cent pots et cinq parfums aux consommateurs. Dix ans plus tard, elle cuit 9 tonnes de fruits par an pour produire quinze mille pots dans plus de quarante parfums différents. Et surtout, elle a découvert une nouvelle vie, en bottes de caoutchouc et tablier, qui lui plaît plus que l’ancienne en talons aiguilles : « Je me lève à l’heure que je veux, et si j’ai envie de cuire des confitures jusqu’à 2 heures du matin, je peux le faire.

Il m’arrive aussi, quand je pars sur un salon, de dormir dans ma camionnette ! Je me sens vraiment bien dans peau, j’ai l’impression de réaliser quelque chose de plus personnel. »(Madame.Le Figaro)

Au-dessus, sur l’étagère du haut

Nathalie Macker, 31, rue des Grouettes, 91320 Boutigny-sur-Essonne. confitures.surletagereduhaut@wanadoo.fr“(ext)Chambre de métiers et de l’artisanat« :http://www.artisanat.frLe Potager du Roi, www.potager-du-roi.fr

Les formations annualisées du Potager du Roi,

www.ecole-paysage.fr/fc/annualis.html

 

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9 réponses à “Changer de métier”

  1. 11 11 2011
    league of legends download (00:12:56) :

    I don’t know why…

  2. 18 07 2012
    zambrano ludy (17:46:07) :

    Bonjour, je suis une femme intéressée par une formation de décoratrice-fleuriste . je voudrais savoir comment faire pour obtenir toutes les informations sur les cours de fleuriste, mais je suis en chomage . merci.

  3. 20 12 2012
    bloons tower defense 5 (19:54:54) :

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    bloons tower defense 5

  4. 12 07 2013
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