une nuit au bord de la mer

*1–vers la pointe de Cap Falcon, derrière le phare.. 

                  ** Reportage… Niar Mohammed.

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 Nous étions un groupe de pècheurs amateurs travaillant dans la même boite, composé de deux journalistes, d’un photographe et d’un caricaturiste. Presque,  chaque fin de semaine, nous sortions ensemble en voiture, vers un endroit isolé de la corniche oranaise, pour décompresser, oublier les tracas et les soucis du boulot, ainsi que ceux de la vie quotidienne. Et pour décompresser, il n’y a pas mieux qu’une partie de pèche au bord de la mer. C’est un conseil de journaliste..et de spécialistes neurologues.
Ce jour là, avant la tombée de la nuit, nous avons laissé la voiture près des habitations au lieu dit ”Cap Falcon”, à Ain El Turck près d’Oran. Nous prîmes nos sacs à dos avec le matériel de pèche, puis nous nous dirigeâmes à pied vers la pointe de Cap Falcon, derrière le phare, en empruntant un chemin rocailleux, difficile et dangereux par endroits. Surtout la nuit sans lune.
Nous nous installàmes sur un rocher basaltique, tout près de la mer, chacun dans son coin préféré.., à l’écoute de la mer et des étoiles !
Je ne vais pas vous raconter les actions préliminaires de la partie de pèche, ni le coucher du soleil qui vous ravit à merveille, ni les prises de poissons effectuées par chacun de nous de temps en temps et le plaisir certain qu’on en tire, ni le salut amical des dauphins par dizaines, traversant le large à l’aube, en faisant des bonds en arcs harmonieusement synchronisés , dans un ballet vraiment magnifique. Ce n’est pas là mon propos.
                                                      un fait insolite
 Mais je voudrais vous parler  d’un fait insolite qui s’était produit ce jour-là, au milieu de la nuit, vers une heure du matin.
Avant de continuer, je dois rappeler une chose : le plaisir de la pèche pour moi, ce n’est pas seulement la prise de poissons (parfois je reviens bredouille à la maison), mais c’est surtout  le fait de se sentir absorbé par l’effet magique de la mer et le silence profond de la nuit, loin du monde et loin de tout tracas. Je dois vous avouer aussi, que je suis un amoureux passionné de la mer et de tout ce qui fait la beauté de notre planète. Alors je n’aime pas être dérangé par qui que ce soit, quand je suis en train de pècher, en relation intime avec la mer et le ciel !
Mais voilà que mon ami B.., le caricaturiste, au beau milieu de la nuit, s’approcha de moi après avoir abandonné le coin où il était installé, pour me souffler à voix basse et d’un air étrange : « -Tu n’entends rien, Niar ? fit-il,un peu perturbé;  » il y a une certaine présence en bas de la falaise! J’entends des voix de femmes! », ajouta-t-il.
- Des voix de femmes ?  à cette heure-ci de la nuit?  et à cet endroit isolé du monde? » .
Celà me parut bizarre, incroyable. Mais je tends l’oreille quand même pour voir…Rien !
Je réponds à mon ami B..:
- » Il n’y a rien, c’est une impression… c’est tout..!
– » si, si,..insiste-t-il, un peu emballé..viens voir..suis-moi ! « 
Je n’aime pas être dérangé quand je suis bien dans mon coin, la nuit , au bord de la mer. Et voilà qu’il insiste pour qu’on aille voir ensemble à l’endroit où il était en train de pécher. Pour le réconforter et lui faire plaisir, j’abandonne ma place et ma canne sur le rocher et je le suis.
                                                
des voix étranges
 
Une fois arrivés à l’autre coté du rocher, un peu inquiets, nous dirigeons notre regard en bas de la falaise, vers l’endroit en question qui était plongé dans une nuit opaque. C’est difficile de voir quelque chose dans ces conditions-là. Mon ami B..me lança à voix basse: « Ecoute..il y a des êtres en bas..entre les vagues..J’entends leurs voix.. ». Je tends l’oreille à nouveau. Je retiens mon souffle. J’attends un peu. C’est étrange! Effectivement, des voix…il y a des voix…des sons presque inaudibles montent du bas de la falaise, étoufés par le clapotis des vaguelettes qui se bercent dans le noir.
C’est bizarre… vraiment bizarre..! On alerte nos compagnons, les autres membres du groupe. Ils viennent nous rejoindre. Eux aussi constatent le phénomène comme nous. Et voilà que notre ami , le caricaturiste, oubliant carrément la partie de pèche, se met à nous débiter des histoires de djinn et de djinnyates ( sirènes de mer) .
– « Ce sont , dit-il, des djinnyates de la mer qui sont en train de se baigner en bas de la falaise! ».  Des sortes de sirènes venues cette nuit-là jusqu’à nous , au bord de la mer, du moins tout près de nous , pour nous tenir compagnie. Quelle chance!? B.. était  convaincu de cette présence étrange. Et voilà qu’il se met à nous raconter des histoires de djinnyates rencontrées par les jeunes et les pécheurs de Cap Falcon. En précisant même : « Il y en a même certains qui ont perdu la raison, en essayant de les rejoindre, ajoute-t-il avec ironie. C’est du moins ce qu’on raconte au village, précise-t-il. « Voilà un sujet de reportage à faire . Il faudrait d’abord faire une petite enquète parmi la population du village et ailleurs, écouter leurs dires,  pour essayer de comprendre le phénomène et l’expliquer. Peut-être même, aller plus loin, vers d’autres rivages, d’autres lieux, auprès d’autres gens insulaires qui pourraient avoir une histoire à raconter sur les sirènes et leur légende.  **Niar Mohammed    - »à suivre »                   

  2 ** Sur les pas des sirènes.  

 A partir d’un fait insolite qui nous est arrivé cette nuit-là, pendant la partie de pèche à Cap Falcon, près d’Oran, nous avons décidé de faire une série de reportages concernant la saison estivale, en visitant les différents coins et plages de la côte-ouest algérienne, depuis « Marsa Ben Mhidi »aux frontières algéro-marocaines, jusqu’à Kristel, du côté d’Arzew ; et rapporter en même temps des témoignages et des avis de pêcheurs ou de baigneurs  sur l’existence ou non, des sirènes.
Au début , j’ai commencé par rapporter les déclarations de mon ami caricaturiste sur les sirènes qui sortent de l’eau la nuit, selon lui, et viennent près du rivage, sur les criques sauvages.
Mais j’ai bien précisé que nous ne les avions pas vues.  J’ai dit qu’il fallait sortir à la recherche de ces sirènes sur les côtes algériennes pour savoir si elles existaient vraiment ou pas;  s’il y avait des gens qui les ont vues ou rencontrées quelque part un jour, sur les plages, les criques, les iles désertes, et les coins les plus reculés du littoral.
Ce fut une recherche agréable et fructueuse.
Au cours de ce reportage, nous avons visité des endroits merveilleux, rencontré des gens formidables, des gens agréables et sympathiques, (parfois de moins sympathiques).
Pemière constation: la côte algérienne avec ses plages nombreuses, ses criques sauvages et souvent méconnues des touristes, sont d’une beauté fascinante; nous en avons été éblouis.
Deuxième constation: partout où nous nous sommes rendus, nous n’avons jamais dormi dans un hôtel ou un centre d’accueil, faute d’infrastructures adéquates à cette époque-là. Mais nous avons rencontré des gens accueillants et généreux qui nous ont donné et l’eau, et le pain, et le lait, et le fruit..et le logis! Cependant, nous avons préféré dormir parfois à la belle étoile, ou passer la nuit à pêcher.
Autre constation: nous avons rencontré, partout où nous sommes passés, des sirènes de toutes sortes: les plus diverses et les plus jolies.

  Tlemcen-1

 photo: plage Mouscarda à Marsa Ben M’hidi  

vidéo  Plage  Port-say & Moscarda

 Muscarda beach                                                                         

Marsa Ben M’hidi 

 3**  Le fétard  
     Une des plus belles plages d’Algérie, Marsa Ben Mhidi (ex.Port Say) se trouve à l’extrème-ouest du pays, à la frontière algéro-marocaine..un endroit merveilleux par sa position géographique, la diversité de son paysage (mer, foréts et montagnes) et avec sa deuxième plage fantastique Muskarda, un endroit féérique, avec sa baie en cercle et un rocher majestueux planté au beau milieu de la mer .
Pendant notre séjour dans cette plage, dans le cadre de notre reportage, deux faits ont retenu notre attention: la célébration d’un mariage traditionnel et une plongée sous-marine unique dans son genre. Je laisse ce deuxième sujet à plus tard, et je vais vous parler du premier.
Dans cette ville, il y avait un patron de café nommé Si Rabah, un type costaud mais débonnaire, un peu ventru, qui avait vécu à Paris pendant de longues années, puis il était retourné s’installer au pays. Il avait choisi ce coin merveilleux pour faire des affaires et peut-étre pour d’autres raisons encore; il gagnait beaucoup d’argent avec les touristes nationaux et étrangers. Mais l’argent qu’il prenait de la main droite, partait vite de la main gauche! Ainsi, il s’endettait tout le temps. Il avait un faible pour les fêtes et les mariages. Partout où il y avait un mariage dans la ville et les environs, il était parmi les invités d’honneur de la soirée. Il aimait beaucoup les fétes et n’en ratait aucune. Exceptés les cas d’empéchement. On le plaçait au premier rang de l’assistance, sur une chaise, à la meilleure place, tout près de l’orchestre. ll mettait ses plus beaux habits de féte, avec costume et cravate ramenés de France; et il ajoutait à cela une touche locale, en ornant sa tète avec une « razza »,une sorte de coifure typique de la région.
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La soirée était animée bien sùr par les chants et danses d’un groupe folklorique ou d’ un orchestre local qui créait l’ambiance; et la fète durait toute la nuit jusqu’au petit matin, jusqu’à l’épuisement totale. On agit avec démesure dans ces mariages-là.
Une vielle coùtume enracinée dans la localité, veut que les hommes invités au mariage, apportent à l’heureux élu, qu’il soit riche ou pauvre, une contribution substentielle en espèces.. d’autres offrent des moutons. Et cela se fait au su et au vu de tout le monde..par l intermédière du « berrah »..une sorte d’animateur expérimenté qui se charge de chauffer l’assistance pour qu’elle mette la main dans la poche sans fléchir,et continuer  à offrir des sommes d’argent plus ou moins importantes aux auteurs du mariage. Le berrah compte et montre les billets de banques, en les déclarant dans le haut-parleur et en citant le nom du généreux donateur, avec des formules élogieuses et flatteuses bien choisies.
Beaucoup de gens viennent à la soirée uniquement pour étaler leurs largesses. Si Rabah était imbattable sur ce terrain-là.
Pendant toute la soirée, le berrah stoppe de temps en temps l’action de l’orchestre, prend le micro et déclare tout haut, ainsi par exemple : » Barakat..ceci, un don de de 5000,00 dinars, de la part de Si Rabah, pour le plaisir du futur marié , sa famille et ses proches , sans oublier les nouveaux alliés, pour le plaisir de ses copins , ses amis et toute l’assistance..je répète: 5000,00Da cash de la part de Si Rabah; que Dieu les lui rende ! Allah yakhlef.
Pendant ces soirée-là, le patron du café perdait tout sens de la mesure. Dés fois il laissait dans ces mariages, toute la recette de la journée. Et le lendemain matin, il ne lui restait plus rien pour acheter le pain et le lait à ses enfants..Alors , il avait honte et  évitait de retourner ainsi à la maison, les poches vides. De plus, il devenait pour plusieurs jours, la risée des gens , et surtout de ses amis qui vont continuer à raconter cette soirée pendant un certain temps.
Cette coùtume archaïque tend à disparaître ces derniers temps; cependant, la générosité des gens, dans pareille occasion, continue à se manifester, mais avec plus de discrétion. Néanmoins les dépenses pour la célébration d’un mariage se font actuellement, de plus en plus onéreuses. Et pour le commun des gens, celà décourage toutes les bonnes volontés et les jeunes à se marier. C’est un phénomène de societé qu’on devrait étudier plus profondément et le réguler. *Niar
 
                                            

   4  **  le monde à l’envers 
         Nous étions attablés au café de Si Rabah, à la plage Marsa Ben Mhidi, en  train de commenter le mariage de la veille, ( lire l’article précédent)  l’ambiance et les faits marquants de la fète, quand un couple de touristes européens, d’un certain àge, passèrent devant nous, emportant avec eux, les accessoires de la plongée sous-marine ainsi qu’une quantité de poissons divers. Le patron du café qui leur louait une chambre derrière son établissement, les salua à haute voix; puis il leur dit en criant : » pourquoi ne voulez-vous pas nous ramener le mérou que vous  allez voir au fond de l’eau ? Je vous donnerai en échange, une semaine de séjours gratis chez moi, lança-t-il en leur intention, tout en ajoutant:  » Je vous en ferai un bon plat que vous n’oublieriez pas de votre vie ! « . Les deux touristes lui répondirent d’un sourire affable sans plus, puis ils continuérent leur chemin vers le bord de la mer, du côté de la montagne, entre la plage principale et Muskarda.                                        

 ils sont fous ces touristes! 

 «Ils sont fous ces touristes, dit Ammi Rabah d’un air déconcerté, tout en se mettant à essuyer notre table avec une serviette bien propre. « -Je ne comprends pas, ajouta-t-il, le monde est devenu à l’envers! Les gens vont au fond de l’eau pour ramener du poisson, un mérou, un sargue, une rascasse, ou tout autre pièce, et ces Roumis font l’inverse! Ils plongent dans le fond pour aller nourrir  le mérou et reviennent les mains vides! Allez comprendre !» Curieux d’en savoir plus, nous invitons le patron du café, à s’attabler avec nous. Il ne se fit pas prier. Il ramena un chaise, s’installa près de nous, et se mit à nous raconter l’histoire de ces deux touristes fort sympathiques en apparence. Nous sûmes qu’ils viennent chaque année passer les vacances à Marsa Ben Mhidi où ils ont trouvé une chambre chez Si Rabah pour leur séjours. Celui-ci leur réserve à  chaque fois , un accueil des plus chaleureux. En outre, il leur fournit les petits déjeuners et tous les repas qu’ils commandent. Il les invitent parfois chez lui, à la maison où sa femme se fait un plaisir de leur préparer un bon couscous avec de la viande de mouton, des pois-chiches et du raisin sec..un vrai régal !    

    pourquoi pas une paella?  

 Leur loisir préféré, c’était la plongée sous-marine, mais ils ramenaient rarement du poisson!..seulement quelques fois, quand le patron du café insistait en les suppliant. Mais le plus étonnant dans cette histoire, et le plus ahurissant pour Si Rabah, c’est quand il les voit acheter des cépias, des calamars, des poulpes et d’autres poissons encore de bonne quantité, pour les porter au fond de l’eau, à un mérou devenu leur ami, au fil des rencontres. Et la même scène se répétait devant ses yeux à chaque fois. Un jour, il leur dit:  » -Pourquoi faire toutes ces dépenses pour rien? Ramenez-moi tout ce poisson au lieu d’aller le jeter en mer , et je vous en ferai un bonne paella! « . Le couple de touristes essayérent de lui expliquer la relation un peu spéciale qui les liait à cet être marin. La première fois au cours de leur plongée habituelle, ça fait plus de deux ans déjà, ils avaient fait la rencontre d’un gros mérou, de la taille d’un homme, il était niché dans un trou au fond de la mer, entre les récifs, pointant son nez juste pour voir et surveiller tout mouvement devant lui.    Un mérou chouchouté  « -Quand il nous a vus au début, ajoutèrent-ils, il semblai inquiet, méfiant, rétissant. Nous nous sommes approchés de lui doucement, sans l’effrayer. Au bout d’un moment c’était lui qui venait vers nous et commença à faire des va-et-viens continus, sansqu’il se sente menacé. Nous sommes retournés au même endroit, plusieurs fois par la suite pour le rencontrer. Il était toujours là à nous attendre. Aussi bizarre que celà peut paraître, il semblait tout heureux de nous revoir ; il accourait à notre rencontre et venait prendre les mollusques et les autres poissons que nous lui ramenions avec nous et qu’il se faisait un plaisir de les attrapper et de les avaler goùlument. Il se laissait toucher, caresser, cajoler et étreindre. Il entrait dans le jeu que nous entâmions avec lui, d’une manière spontanée:  il nous donnait des petites tapes avec son gros nez. Une vraie amitié s’était développée entre nous et lui et cela avait continué ainsi depuis trois ans. Ce mérou-là, nous ne l’échangerions jamais contre tout l’or du monde. Nous ne pouvons, ni ne voulons l’attrapper. Ni même les autres mérous de son espèce.. Ils sont bien là où ils sont. Laissons-les  vivre. Pourquoi les tuer et les massacrer?    

 vers un déséquilibre 

   Si Rabah n’en revenait pas de cette histoire. Il ne comprenait pas l’attitude de ces deux touristes « bizarres ». Mais nous, nous avons compris..bien compris le sens profond de cette relation entre le mérou et ses bienfaiteurs. Partout autour de nous, sur terre, sur mer, vivent des animaux en parfaite symbiose avec leur environnement; toutefois, ils sont menacés de disparition par la faute des hommes, comme le mérou, le phoque moine, la tortue de mer, et d’autres espèces encore.Tout comme les valeurs humaines les plus nobles et les plus authentiques qui se font de plus en plus rares. Si nous continuons dans cette tendance, dans ce ravage et cette démesure, ne nous dirigeons-nous pas,  vers un monde qui aurait perdu son équilibre? Un monde sans àme? Un monde à l’envers?  *Niar    **additif: le mérou, une espèce protégée. 

  Il existe environ 100 espèces de mérou dans le monde. Sa taille varie entre 40cm et 2,50 mètres. En Méditerranée et sur les côtes algériennes, on rencontre surtout le mérou brun. Ces mérous vivent dans les récifs de corail; ils vivent en solitaires dans des grottes ou des crevasses, ne laissnt sortir que leurs énormes tètes, attendant passer devant eux, des proies qu’ils happent dans un mouvement brusque, avant de retourner rapidement dans leurs gites où ils se sentent en sécurité. C’est un poisson casanier qui vit seul  et qui s’aventure peu, loin de chez lui. C’est un poisson fort sympathique, malgrès son apparence inquiétante. Il peut vivre jusqu’à 25ans . Le mérou est un poisson hermaphrodite. A sa naissance, il est toujours femelle, puis il devient màle à l’àge de 7ans à 10ans. Il fait partie des espèces protégés. 

   5 ** un village fantome  

 Après un séjours agréable de quelques jours dans cette plage à l’extrémité de la frontière-ouest du pays, nous avions quitté tôt le matin , la jolie petite ville de Marsa Ben Mhidi, vers une destination inconnue. C’était la première que nous nous aventurions dans cette zone-là et nous voulions visiter une à une, toutes les plages de la côte-ouest algérienne. Ainsi,  nous ne savions pas quelle serait exactement la prochaine étape, ni le nom de la plage que nous allions découvrir. C’était tout nouveau pour nous; en pleine aventure et découverte. Nous avions pris avec nous, en plus de l’appareil photo (bien-sûr), une carte géographique de la région, et nous suivions toute route ou chemin débouchant à une crique, une plage ou un coin perdu au bord de la mer.
C’était le temps de la paix, de l’insouciance, de la confiance, des espérances toutes sortes, de la fraternité effective et de la solidarité spontannée. Des mots qui ne veulent plus dire grand-chose par les temps qui courent.
On pouvait aller partout dans le pays, de jour comme de nuit, sans craindre d’ètre inquiétés ou contrariés. Et partout où l’on passait, les gens vous offraient l’hospitalité avec beaucoup de gentillesse et de générosité.
Je peux dire que c’était la belle époque. Les gens étaient heureux avec peu de moyens.
Maintenant, beaucoup de choses ont changé. Mais dans quel sens?
Sans bien préparer l’avenir, on avait laissé trainer  les problèmes qui surgissaient avec les nouvelles générations;  des situations différentes sont apparues. Les gens de l’époque qui étaient sensés garder et protéger   »la maison »,  ont tourné le dos à leurs véritables responsabilités et ont laissé les choses empirer ! Qu’ont-il fait du pays ce temps-là? Et par la suite?
Ainsi, des conséquences logiques, dramatiqques parfois,  sont arrivées par la suite, surprenant tout le monde, des conséquences catastrophiques, inimaginables!…Et cela, c’est une autre histoire.
 *Niar


                            Comme dans un film d’Hitchcock
A la sortie de Marsa Ben Mhidi, à quelques kilomètres plus loin, une bifurcation à gauche de la route, se présenta à nous. Nous nous y engageâmes sans savoir où elle menait exactement. Nous étions en pleine exploration.
C’était le matin. Un très beau matin, avec une fraicheur délicieuse, un soleil tout neuf et joyeux qui venait à peine de se réveiller.
On a beaucoup écrit sur la beauté des couchers de soleil au bord de la mer; mais pas autant, me semble-t-il, sur l’aube et l’aurore, les premiers frémissement du jour dans les campagnes. C’est aussi impressionnant et magnifique.
Il faisait beau ;  des montagnes majestueuses se dressaient ici et là autour de nous. Un sentiment de paix et de sérénité régnait partout à la campagne ce matin-là. Après avoir fait quelques kilomètres par la route, nous rencontràmes par hasard un petit hameau composé de plusieurs maisons en chaume et en pierre. En le traversant en voiture, un fait retint notre attention: le petit village semblait désert; car nous ne vimes personne dehors parmi les habitants: aucun homme, aucune femme, mème pas des enfants jouant dans la rue!  Sauf quelques poules, un àne, deux ou trois vaches broutant dans un pré, et un chien qui les gardait, remplissaient ainsi le décor.
Mon compagnon de voyage et ami, le photographe B.R.exprima son sentiment en faisant cette remarque tout à fait appropriée: « c’est un village fantôme, fit-il; on aurait dit une scène dans un film d’Hitchcock ! Mais où sont partis les habitants du coin perdu?  » ..Nous quitàmes le hameau en poursuivant notre chemin vers la mer .

                                                 touisa
Un peu plus loin, dans un champ de blé, il y avait tout un beau monde: du plus petit au plus agé… hommes, femmes..enfants. Tous étaient là, réquisitionnés pour la moisson du blé.. une «  touisa »..pour aider le propriétaire du champ. C’étaient les habitants du fameux hameau fantôme que nous avions traversé auparavant; ils étaient là en train de couper ou de ramasser les épis de blé, dans une ambiance de féte. La plupart portaient des chapeaux en « doum » pour se protéger contre le soleil. Nous leur adressàmes des signes et des saluts amicaux. Un groupe de bambins accourùrent vers nous pour nous demander où nous voulions aller ou si nous étions perdus dans les parages…C’était rare, selon eux de voir une voiture passer par là.
Nous leur demandions de nous indiquer la direction de la mer et le nom de la plage qui se trouvait là-bas à côté de leurs terres. Ils le firent avec empressement, en précisant qu’il n’y avait pas de route goudronnée menant jusqu’à la plage de « Beider »… c’était le nom qu’ils nous avaient donné; il y avait seulement un chemin impraticable. « Il faudrait donc, disent-ils,  laisser la voiture à mi-chemin, et poursuivre à pied, si nous voulions atteindre la côte.  » Ne craignez rien, ajoutaient-ils, pour la voiture; personne ne viendra la toucher. »
Nous suivimes leurs consignes à la lettre.
Au cours de notre marche, nous rencontràmes sur notre chemin, des sources thermales chaudes qui jaillissaient ici et là du flanc de la montagne,et se perdaient dans un ravin, alimentant un oued qui allait se jeter en mer..des sources thermales sauvages, méconnues et inexploitées, à cette époque-là. Je crois qu’elles le sont restées jusqu’à nos jours.
Nous continuàmes à avancer à pieds sur une piste dégradée et tortueuse. Arrivés en bas, derrière une petite colline argileuse, nous nous arrétàmes bouches-bées, un instant, enchantés par l’apparition de la grande bleu. Nous respiràmes profondément un bon coup, muets..éblouis. La mer s’offrait à nous de nouveau. Belle comme toujours..
 *Niar                      

  6** le vieil homme et la mer 


C’était la première fois que nous mettions les pieds sur la plage de Beider, à l’est de Marsa Ben Mhidi, un certain été de l’année 1983. Un coin isolé et paisible, caché au pied d’une montagne jeune et boisée. Nous n’y sommes jamais aventurés auparavant.
Dès l’abord, ce fùt  le coup de foudre ! Une mer  très belle, limpide, accueillante, avec plusieurs nuances de bleu. Peu profonde par endroits,  on peut s’y promener à pieds, sur plusieurs mètres vers le large. A gauche, on pouvait apercevoir tout en haut, sur le flanc de la montagne, les vestiges d’une sorte de téléphérique qui avait servi auparavant, pour le transport du minerais et qui  s’étendait  jusqu’à la pointe d’un cap ; il était utilisé naguère pour le chargement direct dans les bàteaux, du minerai destiné à l’exportation. Maintenant, il ne reste plus que des pylones  encore debout et des cables rouillés accrochés parmis les arbres, témoignant encore de cette époque révolue.
La mer très belle nous adressait des clins d’œil irrésistibles. Sans hésiter, nous nous précipitàmes  vers elle comme des gosses ravis. Arrivés au bord de l’eau, nous parcourùmes du regard  la surface de la mer qui s’étendait devant nos yeux, immense.   
A une dizaine de mètres devant nous, une silhouette de forme humaine surgit de l’eau, puis se mit à se déplacer en rampant. On ne voyait au début que la tète et deux bras..Est-ce un habitant de la mer  venu des profondeurs ? La silhouette commença à s’approcher et devint plus précise : c’était un homme d’un certain âge qui avait des difficultés à se relever. L’eau n’était pas profonde pourtant, et il continuait à avancer à plat ventre avec les mains.
Nous étions en train de suivre la scène, quand une demi-douzaine de garçonnets surgirent par derrière les rochers où ils pêchaient des crabes, ils coururent bruyamment dans l’eau en trottant vers l’homme en question, ils lui prêtèrent leurs jeunes épaules pour qu’il s’appuyât sur elles ; puis ils l’aidèrent à sortir de l’eau. Il s’assit sur un petit rocher poli par l’action des vagues, et demanda aux enfants d’aller chercher le panier de figues de barbarie.(handya) posé quelque part.
Nous étions stupéfaits d’admiration : le vieillard qui venait de sortir de l’eau, n’avait qu’un seul  pied, et il savait bien nager. Son handicap ne l’empêchait pas d’aller prendre un bain dans la mer, de si bon matin.
 Il avait la mer pour lui tout seul, car il n’y avait pas, ce jour-là,  d’autres nageurs ou estivant sur cette plage.  *Niar

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                                 Salam  alikoum
La curiosité de journalistes nous poussa à en savoir un peu plus sur son histoire. Nous nous approchâmes de lui et du groupe de bambins qui l’entouraient. 
« -Salam alikoum, dis-je, en lui tendant la main pour le saluer. (Que la paix de Dieu soit avec vous)
Je m’arrête ici un instant, avant de continuer, pour rappeler le sens profond de cette expression, communément  utilisée par les Musulmants pour saluer les gens. Ce n’est pas seulement une formule élémentaire de politesse et de respect. C’est plus que cela : un symbole, une façon de vivre et de communiquer avec les autres. Et ce n’est pas un hasard si elle commence par le mot « PAIX » -salam- qui est  l’un des attributs de Dieu ; cette paix qui doit étre vécue et pratiquée dans la société et dans la vie de tous les jours, avec  toutes les créatures de Dieu, les humains et les autres. Tout à l’opposé de ce que  croient généralement les islamophobes et les ennémis de l’Islam, ainsi que les ignorants de tous bords. 
« Salam » : c’est la paix qui guide le bon musulman à vivre en bonne entente et en harmonie, avec tout le monde. Avec son environnement immédiat et lointain. Avec soi-même aussi. « Mais beaucoup de gens ne savent pas », dit  Dieu dans le Coran.

Le vénérable vieil homme répondit à mon salut en me le rendant : « et sur toi aussi le salut de Dieu ».Il ajouta :-« soyez les bienvenus ! Asseyez-vous et partagez avec nous ces figues de barbarie toutes fraiches »,(handya) qu’il était en train d’éplucher. *Niar 

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   Handya
Cette plante « handya », par sa résistance à l’aridité du sol et à la sécheresse même, pousse et se propage partout dans cette région et dans tout le nord de l’Algérie. Elle est plantée notamment autour des maisons et des gourbis à la campagne, en guise de haies protectrices contre toute intrusion de l’extérieur. Le fruit est délicieux et apaise la soif pendant l’été. Mais ses épines sont douloureuses. Les bambins avaient apporté avec eux tout un panier plein de figues de barbarie qu’ils avaient cueillies en route, en se rendant à la plage. Ils les avaient bien lavées et mises au frais dans un coin à l’ombre, avant de les manger avec l’homme qui les accompagnait.
Le vieil homme se mit à nous en éplucher quelques unes et à les offrir aux membres du groupe. En suivant la dextérité de ses mains calleuses en train de couper le fruit avec un canif, je ne pus m’empécher de le regarder attentivement. Il avait un visage serein et noble, tané par le soleil et le vent, avec une barbiche toute blanche qui pendait au menton, un nez long, bien tracé,  et surtout, des yeux bleus, encore pétillants de vie, malgrès son àge avancé qui dépassait les 70 ans. Il avait d’autre part, une bouche large et paisible, avec des lèvres épaisses, un peu flétries par le temps, et de grandes oreilles décollées légérement. Son cràne était rasé entièrement. Et tout cela lui conférait une certaine bonté, et un respect indéniable.
 


Séquelles de l’armée coloniale
Les figues de barbarie étaient succulantes et fraiches. Mes compagnons en redemandèrent ; et le révérent grand-père continuait à en leur offrir avec joie. Dans le même temps, il nous raconta l’histoire de son pied qu’il avait perdu un certain jour.
Il était agriculteur, comme la plupart des habitants de la région. Un jour qu’il était sorti de chez lui pour aller travailler dans son champ, il sauta sur une mine abandonnée par l’armée coloniale ; elle était enfouie sous terre. C’est ainsi qu’il perdit  son pied droit dans ce malheur. D’autres comme lui, ont laissé leur vie dans l’explosion de ces engins d’une manière inattendue. Les terres dans plusieurs localités de la région demeuraient truffées de mines semées et abandonnées, depuis la guerre de libération ; et malgrès ce danger permanent,  les paysans devaient s’adonner à leur agriculture pour vivre. Depuis la perte de son pied droit, le bonhomme avait cessé de travailler; il recevait de l’Etat une toute petite pension pour survivre ; surtout qu’il avait à nourrir une bonne douzaine d’enfants, garçons et filles. D’autre part, il n’avait pas les moyens pour se faire fabriquer une jambe artificielle. Perdu dans ce coin isolé, personne ne pensait à lui pour l’aider. Il continuait à vivre avec son handicap, et à faire des enfants.
-« Et ces bambins-là qui sont autour de vous ? Qui sont-ils, demandai-je, en se doutant un peu de la réponse.
-« Eh bien, ce sont tous mes enfants.. j’en ai d’autres à la maison avec leurs mères.(au pluriel)
-« Avec leurs mères ? dis-je, curieux. Combien as-tu de femmes ?
-j’en ai eu plusieurs..et elles  semblent heureuses de vivre ensemble ! 

**Sur cette question de société, il y a des gens qui peuvent se sentir génés ou rétifs à ce genre de comportement. Cependant, ils doivent méditer sur les conséquences de ce phénomène: en discutant avec le vénérable homme, il m’avait appris qu’il n’y avait pas, dans son village, des femmes abandonnées ou sans protection…. il n’y avait pas de vieilles filles ou de jeunes femmes non mariées ! La culture et les traditions sont telles que la société prend en charge tous ses enfants, filles ou jeunes hommes en âge de se marier…ils sont casés en couples ou d’une autre manière…Il n’y a pas donc de femmes qui restent abandonnées à leur sort, sans soutien ou sans mari ! Et c’est dans ce cadre-là qu’il faut comprendre et appréhender la question de la polygamie. Cependant, chacun peut avoir sa propre opinion sur le phénomène.
- » et les sirènes de mer? lui ai-je demandé avant de le quitter pour une autre destination, en as-tu entendu parler?  - « oui, vaguement…des histoires que certains marins racontent aux enfants. Mais moi, je n’en ai jamais vues par ici. A part mes sirènes à moi qui m’attendent à la maison!  » (à suivre) *Niar

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          de l’or noir à la plage  

 

«Sidna Youchaa » est une plage qui s’est développée et qui a acquis une notoriété accrue, grâce notamment à sa proximité avec la ville de Nédroma, une cité chargée d’histoire, de culture et de spiritualité, avec un passé glorieux. Elle est surtout fréquentée par les Nédroumis, et aussi par d’autres estivants de la région, notamment les émigrés qui y viennent passer leurs vacances d’été.
Le nom de Youchaa n’est pas très usité dans la région. Selon une légende, la plage doit cette dénomination à l’époque des Phéniciens qui, à ce que l’on sait déjà dans les livres d’histoire, se sont aventurés le long des cotes algériennes, jusqu’à ce lieu, avec l’arrivée par bàteaux, d’une tribu proche ou descendante du prophète Youchaà. C’est une petite plage coupée en deux, par un oued asséché la plupart du temps et qui se jette sur la mer. Comme d’autres communes de la région, restées déshéritées tout le temps, l’endroit a connu des hauts et des bas, selon l’humeur des gestionnaires du moment où leur incompétence. L’endroit  est couvert par une petite forêt d’eucalyptus qui ajoute au lieu un charme indéniable. Naguère, les Nédroumis venaient y camper en famille, sous des tentes, ou bien en entourant un carré d’arbres avec des haïks ou des morceaux de toile, pour y séjourner en toute quiétude, le temps qu’ils voulaient. Aujourd’hui, il y a des cabanons, des chalets, des villas, des bungalows, des cafés, des épiceries et d’autres commodités encore. On peut toujours essayer de chercher une ou deux chambres à louer pour la saison estivale. Mais avec la demande de plus en plus forte, cela devient difficile. Il y a aussi des camps de vacances pour les entreprises huppées. Parfois le rivage est envahi de galets qui viennent rompre quelque peu l’aspect habituel de la plage.
 


  Des randonnées  magnifiques
Tout autour, sur les terres environnantes et les flancs des montagnes, des populations
se sont installées depuis toujours, en vivant des produits de la terre, ou en survivant le temps d’un été, avec la venue des touristes et les changements apportés par la saison estivale. L’endroit est aussi réputé par ses randonnées à pied sur des petits sentiers glissants et dangereux par certains endroits, accrochés au flancs de la montagne à l’est de la plage, et menant au mausolée de Lalla Setti dressé sur une falaise au dessus de la mer, puis à un coin dit « Draz-bennemri », plus bas, sur l’autre coté de la montagne, avec une petite grotte traversée par les vagues quand la mer est déchainée. Cette appellation vient du vocable :tissage-(draz) et du mot 
phoque moine-(bennemri). En d’autres termes il suggère l’idée « d’ un métier à tisser pour phoques ».Essayez de deviner la raison de cette comparaison : draz, c’est pour le bruit des vagues déferlantes qui viennent s’abattre contre les rochers de la grotte, et bennemri, pour rappeler que le lieu abritait autrefois une colonie importante de phoques moines, disparus maintenant, et qui venaient s’ébattre tranquillement dans ses eaux poissonneuses. Il y a lieu de rappeler aussi un autre site féerique, situé à l’est de la plage : la crique de « Barba-Djani », un endroit plein de légendes, mais inaccessible pour les randonneurs à pied (accessible seulement par barque). Certains racontent que les sirènes de la Méditerranée venaient autrefois y trouver refuge pour se reposer et s’y plaire ! Voilà encore dans ces lieux, des traces de sirènes dont nous sommes sortis à la recherche! 

*voir vidéo Plage Sidna Youchaà.       

Barbadjani beach

Ghazaouet-Sidna Youchaà-Bédeir

                                    Une révélation fracassante
Nous avions passé à Sidna Youchaa trois jours merveilleux. Nous y avions rencontré des amis et des proches qui voulaient nous garder avec eux davantage. Nous avions passé une nuit notamment au Q.G.de la protection civile dont nous avions gardé de bons souvenirs. Une nuit dans un mariage à Nédroma à 7 km de la plage. Et une nuit en train de pécher au bord de la mer. C’était..i.n.o.u.b.l.i.a.b.l.e. !

Le matin du dernier jour, alors que nous étions attablés sur la terrasse d’un café, en train de prendre le petit déjeuner avant d’entamer le départ pour une autre destination, un agent saisonnier (maitre-nageur) de la protection civile dont nous avions fait connaissance auparavant, était venu  se joindre à nous, pour nous faire part, dit-il, d’une information capitale qui pouvait changer la situation socio-économique de la localité, et même de la région toute entière. Une révélation sensationnelle ! Nous l’invitâmes à prendre un café avec nous, tout disposés à l’écouter attentivement. Le jeune agent, bon maitre-nageur, habitait avec ses parents , dans une maison rurale, tout au sommet de la montagne Barba-djani, à l’est. et pour descendre  à la plage, il prenait régulièrement un raccourci à pied, longeant la côte, au lieu de suivre la route normale, plus longue. C’est au cours de ces descentes qu’il a fait une découverte importante, selon lui. Ce matin-là, au moment de notre départ, il voulait profiter de notre présence pour se confier à nous, avec l’intention d’obtenir «  notre aide » pour faire bouger la situation déshéritée dans cette localité, contre l’éternel problème du chômage ! Beaucoup de gens ici et ailleurs, croient que le journaliste possède une baguette magique pour changer les choses. Notre bonhomme aussi.       


 
Rêver un peu…pourquoi pas ?


« -Eh bien raconte ! dis-je tout ouïe et curieux de savoir de quoi il s’agissait.

« -Il y a du pétrole, i.c.i., à Sidna Youchaa, fit-il à voix basse, comme s’il s’agissait d’un grand secret qu’ il ne voulait pas que d’autres entendent.

« -Du pétrole ! ici !, rétorquai-je, surpris et incrédule ; tu plaisantes !

« -Je ne plaisante pas ; j’en suis sùr !

« -A-t-on effectué des prospections ?  des analyses ?  des recherches appropriées ?

« -Non, dit-il. Le pétrole coule à l’air libre en bas de la montagne ; et on peut le voir.

« -Le voir ? demandai-je, interloqué.

« -oui. Il n’y a que moi qui connaîs l’endroit avec quelques copains », ajouta-t-il, sùr de lui.

Voilà une révélation fracassante, pensai-je, si cela était vrai. Il faudrait vérifier, voir d’autres détails.

« -Tu peux nous montrer l’endroit en question? ajoutai-je, de plus en plus curieux.

« -Sans problème, fit-il. Si vous voulez, allons voir maintenant.

L’information était si inattendue et si intéressante qu’il ne fallait plus perdre de temps pour aller vérifier. Nous reportàmes le moment du départ à plus tard et nous suivimes le jeune maitre-nageur. Il nous fit marcher à pied, une bonne quarantaine de minutes sur des sentiers méconnus et des bifurcations dangereuses, pendant que je commençais à douter un peu de la véracité de ses propos. Arrivés à l’endroit en question, il nous montra sur le versant d’une colline, une poussière blanchâtre fine comme de la farine, humide par endroits, avec des tàches grasses qui semblaient huileuses. A première vue, le fait nous troubla et nous parut curieux. Cela pouvait bien suggérer, en effet, l’existance d’un écoulement singulier. Je m’approchai davantage de cet amas de poussière étrange, j’en prenais une poignée dans ma main et la portai à mon nez pour la sentir.

Aucune odeur. Ni celle du pétrole ou de quelque chose d’autre. Il n’y avait aucune odeur. Donc pas de pétrole, comme le croyait de bonne foi, notre maitre-nageur. L’apparence bizarre de cette poudre grasseuse, du fait  d’un écoulement d’eau d’une source invisible à l’œil nu, lui avait laissait croire que c’était du pétrole. Il en rèvait peut-étre. Il espérait sérieusement que cela fût vrai. De l’or noir à Sidna-Youchaa, cela aurait changé beaucoup de choses dans la localité et toute la région. entière.  **Par :  Niar  Mohamed 

-à suivre


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3 réponses à “une nuit au bord de la mer”

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