Beaucoup de vacanciers ignorent les dangers de la mer

Un trop grand nombre de vacanciers partent encore à l’assaut des vagues sans réelle formation. 

Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie et de la Mer, vient de le rappeler aux plaisanciers du bassin d’Arcachon : les consignes de sécurité doivent être respectées lors des sorties en mer.

«Il s’agit d’un élément naturel qui nous dépasse, qui change», a souligné le ministre en rappelant qu’une cinquantaine de personnes trouvait la mort en mer chaque année. Insistant sur les risques liés au milieu, il a rappelé que toute sortie requiert une certaine préparation. Notamment des mesures assez simples telle que la consultation de la météo, précaution élémentaire qui semble pourtant échapper à certains vacanciers néophytes. En effet, 56 % des Français prennent au moins une fois par an la route de la plage, ce qui implique un grand nombre de non-initiés aux différents risques de l’environnement marin.

Yves Lagane, président de la Société nationale des sauveteurs en mer (SNSM), appelle ces vacanciers des «consommateurs de mer». Il en dresse le profil : «des nouveaux acquéreurs de petits bateaux à moteur sollicitant parfois les secours pour des événements sans danger réel pour des habitués, mais plaçant en difficulté le plaisancier inexpérimenté» . Cependant pour Yves Lagane, «il ne s’agit pas de stigmatiser ces personnes, elles sont souvent en quête d’informations pour éviter cela».

L’avis est plus tranché pour Gérard D’Aboville, président du Conseil supérieur de la navigation de plaisance et des sports nautiques et premier homme à avoir traversé l’océan Atlantique en solitaire à la rame. Il voit dans cette méconnaissance de la mer, le signe chez les usagers de l’absence d’une véritable passion pour le monde marin accompagnée d’un désir de l’appréhender instantanément. Pour lui, il s’agit plus d’une attitude de «zapping» face aux loisirs. «Ils veulent toucher à tout sans passer par l’initiation.»

Il est de bon ton d’opposer les adeptes de la voile à ceux des «pistons diesel». La pratique de la voile serait censée demander une réelle connaissance de la mer à la différence d’une sortie en zodiac où le vacancier peut s’imaginer tourner simplement un volant. Une opinion que contestent les professionnels de la mer en mettant en garde contre cette impression de maîtriser les éléments.

 

Car il ne suffit pas d’un passage chez le loueur de bateau pour partir sans danger à l’assaut des vagues. Yves Lagane se souvient d’un marin d’opérette ayant dérangé les secours, en demandant «le chiffre pour aller en Corse». Le plaisancier mal préparé demandait, en fait, le cap compas qui est dépendant de la position de l’embarcation !

Pour David Le Breton, auteur de l’ouvrage  Passions du risque et professeur de sociologie à l’université de Strasbourg, on peut distinguer deux types de prise de risques : « Il y a celui pris délibérément, notamment par l’activité physique.» C’est la figure du nouvel aventurier. «Il y a ensuite celui lié à l’ignorance des dangers : le touriste inconscient.» Selon l’universitaire, cette dernière attitude, liée à la démocratisation des loisirs, ne concerne pas seulement la mer mais aussi la montagne ou le désert. (Le Figaro-03.08.2010.) 

 

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