Lampedusa, Guantanamo version italienne !
** les migrants venus de Tunisie et de Libye traités en Italie comme du bétail **ils sont transbordés par une grue, dans des filets
**Horreur au large de Lampedusa
***300 réfugiés somaliens et érythréens engloutis par la mer à quelques mètres des côtes italiennes
Ils avaient embarqué au port libyen de Misrata
C’est la première fois qu’un deuil national est décrété dans toute la péninsule, à la mémoire des migrants morts en Méditerranée. En ce triste vendredi, les Italiens ont voulu se rappeler les 300 réfugiés somaliens et érythréens engloutis par la mer à quelques mètres des côtes italiennes. Plusieurs d’entre eux auraient pu être sauvés par les nombreux chalutiers qui ont croisé leur route, mais l’indifférence a eu raison de leur rêve d’une vie meilleure.
Rome (Italie)
correspondante d’El Watan:Nacéra Benali
Ils étaient environ 500 migrants, des Somaliens et des Erythréens, dont des enfants et des femmes enceintes, à avoir embarqué au port de Misrata, dans l’est de la Libye, à destination de l’eldorado européen. Les passeurs les ont entassés, serrés comme des sardines, sur une petite embarcation dirigée vers les côtes italiennes. «On était tellement à l’étroit qu’on ne pouvait même pas bouger», a confié l’un d’eux à des secouristes très émus par ce drame immonde. Alors qu’ils approchaient finalement des côtes siciliennes, pas loin de l’île des Lapins, les migrants ont décidé d’alerter les autres bateaux, face à leur détresse, en brûlant une couverture. Mais l’essence répandue sur le pont a transformé l’embarcation en torche et les malheureux réfugiés n’ont eu que le temps de se jeter à l’eau, alors que la plupart d’entre eux ne savaient pas nager.
Repérés par un chalutier qui a donné l’alerte, seuls 151 naufragés ont eu la vie sauve grâce aux secours rapides qui se sont lancés à leur rescousse pour leur éviter le pire. Mais pour plusieurs autres dizaines, on parle de 300 personnes, environ, il était déjà trop tard. Une centaine de corps, surtout des femmes et des enfants, gisant à 40 m de profondeur, ont été localisés jeudi soir, par les plongeurs de la marine italienne. L’un des présumés passeurs, un Tunisien, reconnu par les migrants, a été arrêté par la police italienne.
La maire de l’île de Lampedusa, Giusi Nicolini, en larmes face aux journalistes, ne mâche pas ses mots : «C’est l’horreur continue.» Face aux dizaines de morts qui se multiplient au fur et à mesure que les vedettes des garde-côtes font l’aller-retour au port, elle laisse échapper : «Nous ne savons plus où entasser les corps.» Le souverain pontife a, lui aussi, des mots très durs pour décrire son sentiment face au drame poignant qui a frappé, une fois de plus, l’île de Lampedusa, qu’il avait visitée lors de son premier voyage en tant que nouveau pape.
«C’est une honte. De telles tragédies ne doivent pas se répéter.»Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a estimé que ce drame des migrants africains aux portes de l’Europe devrait «pousser à l’action». Pour sa part, le chef de l’Etat italien, Giorgio Napolitano, a appelé à une collaboration avec «les pays de provenance de ces flux de migrants demandeurs d’asile» afin d’instaurer «un contrôle permanent des côtes d’où partent ces voyages de désespoir et de mort»
Lundi passé, 13 autres réfugiés érythréens ont trouvé la mort, pas loin des plages de Raguse (sud de la Sicile), après que les passeurs les ont obligés, à coups de cravache, à se jeter à l’eau. Les 200 autres ont eu la vie sauve grâce aux secours. Un autre groupe de réfugiés, syriens, a touché terre, mercredi passé, sur les plages de Syracuse.*Nacéra Benali-El Watan-05.10.2013
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*Plus de 130 personnes sont mortes et 200 portées disparues après le naufrage aujourd’hui -jeudi 03.10.2013- d’un bateau transportant des migrants de la Corne de l’Afrique, dans le sud de l’Italie.
*voir vidéo: naufrage de migrants a Lampedusa
«C’est une horreur, une horreur ; ils n’arrêtent pas d’apporter des corps», explique en pleurs à l’agence italienne Ansa, la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini. Des déclarations qui interviennent après le naufrage plus tôt ce jeudi matin d’un navire transportant des migrants africains. Au moins 130 sont morts, 200 sont portés disparus. Le gouvernement italien a d’ores et déjà prévu un deuil national qui sera proclamé vendredi.
Le bateau avait à son bord entre 400 et 500 migrants au moment du drame. Selon les enquêteurs, les passagers du navire ont mis le feu à des couvertures pour signaler leur présence à des navires marchands. En raison du fioul, le navire aurait pris feu et ensuite coulé.
Peu après 11h30, seuls 151 survivants avaient pu être ramenés à terre, secourus par les sauveteurs des garde-côtes, mais aussi par des bateaux de pêcheurs. Après un premier bilan faisant état de 92 morts, au moins quarante cadavres ont été découverts en milieu d’après-midi par des plongeurs dans et autour de l’embarcation qui git retournée à une quarantaine de mètres de profondeur, à environ 500 mètres de la côte.
Les migrants seraient pour la plupart originaires de Somalie, a affirmé Antonio Candela, responsable de l’assistance sanitaire à Lampedusa. Interrogés par des médias, des rescapés sur place ont dit être partis deux jours plus tôt de Misrata (Libye) et que des bateaux de pêche «les ont vus mais ne leur ont pas porté secours».
Le présumé passeur a été arrêté par la police
«Les opérations de sauvetage sont encore en cours», non loin de l’île des Lapins, près de Lampedusa, a déclaré un responsable de la police douanière. Quatre bâtiments des garde-côtes et des carabiniers ainsi que deux hélicoptères sont mobilisés. L’alerte avait été donnée vers 7h20 par un bateau de pêche, dont l’équipage s’est immédiatement porté au secours des naufragés avant l’arrivée des navires des garde-côtes.
Le nombre de victimes ne cessant de s’accroître, les corps qui se trouvent pour l’instant dans le port de Lampedusa ont commencé à être transférés en ambulance dans un hangar de l’aéroport. Selon les médias, un jeune Tunisien, recueilli lui aussi, aurait été reconnu par les survivants comme l’un des passeurs et arrêté par la police.
«Une honte» selon le Pape
Ce naufrage survient quatre jours après celui d’une autre embarcation qui a coûté la vie à 13 clandestins au large de la Sicile orientale.
«Je ne peux pas ne pas évoquer les nombreuses victimes de cet énième naufrage, a déclaré le Pape à la fin d’un discours au Vatican. La parole qui me vient en tête est la honte. C’est une honte», a-t-il expliqué, avant d’appeler dans un tweet à «prier Dieu pour le tragique naufrage».*Le Figaro-03.10.2013
**Les migrants de Lampedusa ont été torturés et violés avant leur départ
Toutes les femmes du camp ont été violées
« Cela nous rappelle les pires moments de l’histoire humaine »
Des dizaines de migrants, passagers du navire qui a coulé le 3 octobre 2013 près de Lampedusa, avaient été séquestrés, torturés et les femmes violées, avant leur départ de Libye, ont indiqué vendredi des enquêteurs italiens en annonçant l’arrestation de deux passeurs.
Le bateau de pêche à bord duquel se trouvaient plus de 500 voyageurs, en majorité des Erythréens, avait pris feu et fait naufrage en pleine nuit, près de cette petite île du sud de la Sicile.
Au moins 366 passagers, dont beaucoup de femmes et d’enfants, s’étaient noyés, littéralement pris au piège dans les cales. Et seules 155 personnes ont survécu.
La police italienne a interpellé un Somalien de 34 ans, soupçonné d’être « l’un des organisateurs » du transport de ces migrants, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la police de Palerme (Sicile). « C’est l’une des rares fois où nous réussissons à arrêter un des chefs de ces organisations criminelles », a précisé l’officier de police Enzo Nicoli, devant la presse.
Les migrants venant d’Erythrée et Somalie ont souvent témoigné d’abus en particulier en Libye, mais leurs récits font rarement l’objet de véritables enquêtes dans les pays occidentaux. Selon les témoignages de 8 rescapés entendus dans l’enquête, un groupe de 130 réfugiés, dont 20 femmes, a subi les pires sévices en juillet dernier avant d’embarquer pour l’Europe.
Un « camp de concentration » au XIXe siècle
Ils étaient reclus dans un « camp de concentration » à Sebha, dans le désert entre le Soudan et la Libye, a indiqué le procureur Maurizio Scalia sur une télévision. « On nous a pris toutes nos affaires personnelles, y compris les téléphones portables (…) On était contraints de rester debout toute la journée (…) Ils nous ont obligés à regarder pendant que nos compagnons étaient torturés, avec des matraques ou des fils électriques », a raconté une jeune Erythréenne de 17 ans aux enquêteurs, selon un compte rendu cité par le journal Repubblica.
Ceux qui se rebellaient étaient attachés « à une corde qui reliait les jambes au cou, ce qui faisait que le moindre mouvement enclenchait un début d’étranglement », a-t-elle précisé.
« Toutes les femmes du camp ont été violées »
Selon l’adolescente, leurs ravisseurs, une cinquantaine en tout, étaient des Somaliens et des Soudanais. Les enquêteurs italiens ont aussi souligné la participation de miliciens libyens aux exactions. Séquestrés pendant plusieurs jours, les aspirants au voyage vers l’Europe étaient rançonnés – entre 3.300 et 3.500 dollars (2.470 à 2.600 euros) par personne – et « les femmes qui ne pouvaient pas payer subissaient des violences physiques », a poursuivi la jeune femme.
« Un soir, un Somalien et deux de ses hommes m’ont contrainte à sortir. Après m’avoir jetée à terre, ils m’ont bloqué les bras et m’ont versé sur la tête de l’essence, ce qui m’a provoqué de fortes brûlures aux cheveux, au visage et aux yeux », a-t-elle raconté.
Puis l’un après l’autre, les trois hommes ont abusé d’elle. Après l’avoir battue, ils l’ont ramenée retrouver ses compagnons à qui elle a confié ce qu’il lui était arrivé. Elle a aussi dit avoir vu ses tortionnaires emmener deux jeunes filles et revenir « avec une seule, une heure plus tard ».
« Cela nous rappelle les pires moments de l’histoire humaine »
Selon le procureur Scalia, « toutes les femmes du camp ont été violées par des Somaliens et des Libyens. Cela nous rappelle les pires moments de l’histoire humaine ».
Selon le quotidien La Stampa, le Somalien interpellé est accusé d’enlèvements en vue d’extorquer de l’argent, association de malfaiteurs ayant pour but l’incitation à l’immigration clandestine, traite de personnes et violences sexuelles. Il risque 30 ans de réclusion criminelle.
La police a également arrêté un autre passeur, d’origine palestinienne et âgé de 47 ans, poursuivi pour incitation à l’immigration clandestine. Il est soupçonné d’avoir notamment organisé l’arrivée récente d’un navire de réfugiés syriens, selon la police. Les deux hommes sont détenus à Palerme, où la Direction anti-mafia, compétente aussi dans la lutte contre la traite d’êtres humains, est en charge du dossier.
L’Italie a renforcé la répression policière et judiciaire du trafic de migrants après l’arrivée de plus de 35.000 demandeurs d’asile sur ses côtes depuis le début de l’année. *Source: AFP -08.11.2013
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*La Méditerranée, cimetière migratoire
**En vingt ans, près de 25.000 personnes sont mortes en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe.
En vingt ans, près de 25 000 personnes sont mortes en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe. Des voix s’élèvent de toutes parts pour dénoncer cette hécatombe. Mais quel crédit donner aux larmes des responsables politiques européens qui n’ont de cesse d’ériger des murs autour du vieux continent ? Les symboles se percutent : peu après le drame de Lampedusa, des policiers français sont intervenus à Calais pour expulser des exilés syriens, avant d’interrompre leur opération.
Le port de Lampedusa transformé en morgue à ciel ouvert et la mer Méditerranée en cimetière migratoire. Combien de morts faudra-t-il pour que les pays de la rive nord de la Méditerranée prennent conscience de leur part de responsabilité dans les drames qui se succèdent à leurs portes ? 300 ? Davantage ?
La réalité est pourtant déjà plus terrifiante : près de 25 000 corps ont sombré au cours des vingt dernières années dans cet espace maritime qui sépare l’Europe de l’Afrique et, au-delà, du reste du monde, selon les estimations de l’eurodéputée (EELV) Hélène Flautre, membre de la commission des Libertés civiles. Depuis 2011, plus de 50 000 personnes ont tenté de franchir la Méditerranée et des milliers ont péri. Nos enquêtes. *mediapart.fr- 04 octobre 2013
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Un bateau avec 200 migrants à bord s’échoue près d’un port italien de Lampedusa
Un bateau transportant 200 migrants s’est échoué alors qu’il s’approchait du port italien de l’île de Lampedusa et de nombreux passagers, dont des femmes et des enfants, se sont jetés à la mer, a annoncé dimanche l’agence italienne Ansa, citant des sources officielles. Des garde-côtes ont lancé une opération de secours et ont déjà répêché des dizaines de passagers qui s’étaient jetés à la mer après que le bateau eut heurté des rochers, a-t-on ajouté de même source.
Le navire devait apparemment se rendre à Malte mais a été escorté par des garde-côtes maltais vers Lampedusa, a-t-on encore indiqué. Dimanche, un autre bateau de migrants avec 800 personnes à bord est également arrivé à Lampedusa. Des milliers de réfugiés quittant la Libye et la Tunisie sont arrivés ces dernières semaines à Lampedusa. Les migrants venant de Libye étaient pour la plupart des travailleurs venant d’Afrique sub-saharienne et d’Asie du Sud-Est. (AFP-08.05.2011.)
**Scènes dramatiques
*Un autre bateau, comptant 800 migrants, est arrivé sur l’île.
Leur bateau, parti de Libye, s’est échoué dans la nuit de samedi à dimanche près du port de l’île italienne. Les gardes-côtes sont aussitôt intervenus pour les sauver. Un autre bateau, comptant 800 migrants, est arrivé sur l’île.
Les 500 passagers d’un bateau chargé de réfugiés de Libye, qui s’était échoué pendant la nuit de samedi à dimanche près du port de l’île de Lampedusa (Italie), ont été secourus, a indiqué dans la matinée un porte-parole des garde-côtes italiens. «Nous avons réussi à sauver tous les passagers. Nous pensons qu’il n’y a pas de victime», a-t-il précisé. Quelques-uns des réfugiés ont été légèrement blessés et ont été hospitalisés.L’embarcation a heurté dans la nuit des rochers à l’approche du port de la petite île italienne, située au sud de la Sicile, semant la panique parmi les passagers, pour la plupart des travailleurs migrants d’Afrique sub-saharienne et d’Asie qui travaillaient en Libye ainsi que des femmes et des enfants.
Les gardes-côtes sont immédiatement intervenus pour repêcher les passagers qui s’étaient jetés à l’eau et secourir ceux qui étaient restés à bord. Les images télévisées ont montré des scènes dramatiques de réfugiés agrippés à des cordes pour remonter du bateau de pêche rouillé vers le rivage et des hommes qui plongeaient pour les aider.
«Il y avait à peu près 500 personnes à bord. C’était difficile. Nos bateaux patrouilleurs ne pouvaient pas approcher car il n’y avait pas beaucoup de fond», a témoigné Antonio Morana, un garde-côte, après l’incident qui s’est produit peu avant l’aube. Un de ses collègues, Vittorio Alessandro, a affirmé que le bateau se dirigeait vers Malte, escorté par les gardes-côtes maltais, mais avait finalement été dérouté pour prendre la direction de l’Italie.
«Alors qu’il s’approchait du port de Lampedusa, il a viré soudainement vers des rochers. Il y avait une énorme panique à bord», a-t-il dit. Interrogé sur ce qui avait pu se passer, Antonio Morana a indiqué qu’une enquête était en cours mais qu’il pensait à une «panne du gouvernail».
800 migrants dans un autre bateau
Dimanche, un autre bateau transportant environ 800 migrants est arrivé à Lampedusa. Samedi, des centaines de réfugiés fuyant la Libye et voyageant à bord de deux bateaux avaient déjà débarqué sur l’île. 655 personnes, dont 82 femmes et 21 enfants, étaient à bord d’un premier bateau et 187, dont 19 femmes et un enfant, à bord du second, un bateau de pêche rouillé et surchargé.
L’Italie est confrontée depuis le début de l’année à une vague d’immigration exceptionnelle. Des milliers de réfugiés sont arrivés ces dernières semaines à Lampedusa. Il s’agit soit de Tunisiens, quittant leur pays pour chercher un travail en Europe, soit de réfugiés fuyant la Libye, pour la plupart des migrants venus d’Afrique sub-saharienne et d’Asie du Sud-Est.
Le 6 avril, au moins 150 réfugiés somaliens et érythréens ont trouvé la mort dans le naufrage de leur embarcation en provenance de Libye. Une semaine plus tard, deux femmes sont mortes et une autre personne portée disparue lors de l’échouage de leur embarcation surchargée sur une petite crique de l’île italienne de Pantelleria, située elle-aussi entre la Sicile et la Tunisie.(Le Figaro-08.05.2011.)
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** les migrants venus de Tunisie et de Libye traités en Italie comme du bétail
**ils sont transbordés par une grue, dans des filets
Lorsque un jour du mois de juin 2009, Abdel Malik Mohammed Abdi et la soixantaine de migrants en majorité somaliens se font arraisonner par un vaisseau de la marine italienne, tous pensent que leur calvaire prend fin. Il est alors à bord d’une barque de 11 mètres de long, quelque part entre les côtes libyennes et siciliennes.Quatre passagers sont déjà morts de soif et de faim, dont une femme enceinte, après quatre jours d’une traversée à l’aveuglette sur une mer agitée et sous un soleil de plomb.Abdel Malik Mohammed Abdi raconte :
« Il était environ une heure du matin lorsque nous avons aperçu des lumières sur la mer. Nous étions dans un tel état d’épuisement que nous avons pensé qu’il s’agissait d’une ville de Sicile. En fait, c’était le garde-côte italien. Il s’est approché et nous a secouru.
Après quelques heures, peut-être quatre, nous avons vu un autre bateau s’approcher. Nous avons été frappé d’effroi quand nous avons constaté que celui-ci était libyen. »
Transbordés par une grue, dans des filets
Malgré les cris et les protestations des naufragés, marins libyens et italiens organisent leur transbordement.
La loi italienne prévoit pourtant que « les bateaux et les aéronefs italiens sont considérés comme territoire de l’Etat » et que par conséquent : une fois embarqués, ces migrants ont droit d’accéder à la procédure de demande d’asile sur le territoire de la République italienne.
Et le territoire libyen ne peut être qualifié de « port sûr » pour des naufragés, la Libye ne faisant pas partie de l’Union européenne et n’ayant pas pas ratifié la Convention de Genève sur le statut des réfugiés.
Abdel Malik se souvient :
« Ils nous ont transbordé avec la grue du navire dans ces filets qu’on utilise d’habitude pour la marchandise ou le bétail. Ils nous avaient pourtant promis qu’ils nous emmèneraient en Sicile. »
« J’ai levé la main et j’ai dit que j’étais le capitaine »
A bord du bateau libyen, les migrants sont menottés, battus jusqu’à ce qu’Abdel Mohammed Ali, le capitaine de la barque de fortune, se dénonce.
»« Qui est le capitaine du bateau ? Qui est la capitaine ? », hurlaient-ils. Tout le monde restait muet, personne ne voulait me dénoncer.
Quand j’ai vu qu’ils commençaient à battre et infliger des décharges électriques à dix, onze personnes innocentes, j’ai levé la main et je leur ai dit que j’étais le capitaine, je leur ai demandé de ne plus battre personne.
Abdel Mohammed Ali est somalien et a travaillé pendant plusieurs années comme second maître sur un navire marchand d’une compagnie basée à Dubaï.
Ce n’est pas un « passeur », mais un migrant comme tous les autres que le groupe a désigné comme capitaine pour son expérience de marin. Son épouse est morte d’épuisement quelques heures avant leur « sauvetage » par la marine italienne.
« Je savais le sort que réservent les Libyens à l’homme qui est à la barre des bateaux de migrants et je devais en assumer les conséquences.
Ils m’ont tout de suite emmené à la cale et m’ont battu jusqu’à ce que je m’évanouisse. Quand ils m’ont réveillé, l’un d’eux m’a donné à boire, c’était de l’eau de mer. Puis ils m’ont battu à nouveau et encore et encore jusqu’à notre arrivée à Tripoli. »
Les migrants sont accueillis au port de Tripoli par une haie de militaires.
« Ils nous criaient “Abid ! ”, qui veut dire “esclave” en arabe. Ils nous battaient pour nous faire avancer mais nous étions à bout de forces et nous nous écroulions à terre. »
« Un quignon de pain et un verre de lait par jour »
Ils sont incarcérés dans une prison de Tripoli et rejoignent les quelque 60 000 migrants détenus en Libye. La prison de Siriton, affirme Abdel Malik.
Cet établissement est inconnu de tous les Libyens que nous avons rencontrés. N’était-ce pas plutôt un camp ? Un de ces vingt camps de rétention pour migrants que compte la Libye ?
« Non, c’était une prison avec des murs et des plafonds en dur. Nous avons passé les trois premiers mois sans pouvoir sortir d’une cellule de douze mètres carrés où nous étions plus de soixante.
Nous étouffions car c’était l’été. Les malades n’avaient pas accès aux soins. On ne nous donnait qu’un quignon de pain et un verre de lait par jour. »
Diana El Tahawy, chercheuse spécialiste de l’Afrique du nord au bureau londonien d’Amnesty International, pense que ce lieu de rétention pourrait être le camp de Zliten, à quelque 140 kilomètres à l’est de Tripoli :
« C’est apparemment le pire des camps de détention pour migrants en Libye. Nous n’avons pas pu le visiter, car le Comité du peuple pour la justice en charge des questions migratoires qui était notre interlocuteur en Libye nous a dit ne pas en être responsable.
Les migrants et réfugiés subsahariens qui ont été détenus dans ce camp et dont nous avons pu recueillir les témoignages sont unanimes : ils ont été enfermés dans des cellules bondées pendant plusieurs semaines, parfois plusieurs mois sans pouvoir en sortir, ils n’avaient pas d’assistance médicale, manquaient de couvertures et de nourriture, étaient victimes de sévices, de coups, d’insultes… »
Des migrants victimes de la belle amitié italo-libyenne
Onze mois plus tôt le 30 août 2008, dans un bâtiment attenant à l’hôtel Al Fadeel de Benghazi, Silvio Berlusconi et Mouammar Kadhafi signaient un traité d’amitié dont l’un des volets organisait la contention des flux migratoires et notamment le refoulement des réfugiés de l’Italie vers la Libye.
L’Italie livrait notamment six patrouilleurs à la marine libyenne pour l’aider à mieux contrôler ses eaux territoriales. L’Union européenne lui emboîtait le pas en novembre de la même année : elle entamait des négociations pour un accord qui comprenait entre autres la possible réadmission par la Libye de migrants ayant transité sur son territoire pendant leur voyage vers l’Europe.
C’est dans ce même hôtel que se terre depuis un mois Moustafa Hassan Al Gatous, ancien lieutenant-colonel chargé de la brigade de recherche et d’investigation des services de l’immigration libyenne à Benghazi. Il nous reçoit dans sa chambre, le visage anxieux, les mains moites, il jette des coups d’œil réguliers par la fenêtre.
S’il s’est rangé du côté de l’opposition au colonel Kadhafi quelques jours après le déclenchement de la révolution du 17 février, il est encore en sursis et doit faire les preuves de sa loyauté aux insurgés.
En attendant, il parle, exorcise. Il confirme ce que dénoncent depuis longtemps les organisations humanitaires comme le réseau d’ONG Migreurop dans son rapport 2009-2010 :
« Oui, le récit [d'Abdel Malik et Abdel Mohammed Ali] est crédible. Nous n’avions pas que des camps pour les migrants mais aussi des prisons qui ne répondaient à aucune des normes humanitaires minimales requises.
Beaucoup de migrants sont morts dans ces prisons à cause du manque d’hygiène et d’assistance médicale.
Mais je dois ajouter qu’on ne nous donnait aucuns moyens pour nous occuper des migrants. A mon niveau de responsabilité, je n’ai jamais vu la couleur de l’argent italien ou européen destiné à aider la Libye dans la lutte contre l’immigration clandestine.
Jusqu’au sommet de l’Etat, tous les pans de la société bénéficiaient de l’immigration d’une façon ou d’une autre. C’était un secteur corrompu et très lucratif. »
Les Italiens connaissaient les conditions de détention des migrants
Le traitement des immigrés clandestins était épouvantable en Libye. Les Européens le savaient-ils ?
« Il y a certainement eu des visites d’organisations européennes, mais je pense qu’ils ont visité des prisons vides ou avec des prisonniers qui n’y étaient pas depuis longtemps, un ou deux jours peut-être.
Ils n’ont pas vu les prisons pleines à craquer de migrants malades avec femmes et enfants. Concernant l’Italie, je ne peux pas croire qu’ils n’étaient pas au courant : les autorités italiennes interrogent les réfugiés qui arrivent sur leur territoire en provenance de Libye, ils leur ont forcément parlé de leurs conditions de vie en Libye, ça ne fait aucun doute. »
En juillet 2010, le colonel Kadhafi ordonne que plusieurs milliers de migrants soient relâchés. Les révélations par plusieurs ONG de leurs conditions de détention seraient à l’origine de ces libérations massives.
Le lieutenant-colonel Moustafa Hassan Al Gatous se souvient :
« Leur libération s’est faite de nuit et à Benghazi, le lendemain matin, nous avons eu l’impression d’être envahis par les réfugiés. »
Abdel Malik Mohammed Abdi sort de prison à la fin de l’été 2010. Il est d’abord transféré dans un camp « où l’on mangeait mieux, où l’on était pas entassés » avant sa libération définitive, qu’il situe au mois d’octobre 2010. Les autorités libyennes lui délivrent un permis de résidence de trois mois.
La peur d’être pris pour un mercenaire
Avec son épouse, ils survivent en enchainant les petits boulots dans la crainte d’être à nouveau emprisonnés. Ils
voudraient formuler une demande d’asile mais le bureau du HCR a été fermé et ses employés expulsés par le régime libyen en juin 2010.
La Libye nie la présence sur son sol de demandeurs d’asile ou de réfugiés comme Abdel Malik dont le pays subit une guerre civile depuis plus de vingt ans. Il n’y aurait, selon les autorités libyennes, que des migrants économiques sur son sol.
Lorsque la révolution libyenne éclate le 17 février, il trouve refuge avec 250 autres migrants éthiopiens, érythréens et somaliens dans un camp érigé par le croissant rouge libyen à Benghazi. C’est là que nous l’avons rencontré et qu’il nous a livré son récit.
« Que faire ? Nous n’avons nulle part où aller. Nous sommes terrorisés ici à l’idée d’être pris pour des mercenaires. »
Bien que protégés par les palissades du camp du Croissant rouge, les migrants montent la garde à tour de rôle la nuit, de crainte d’être raflés. Ils refusent d’être évacués vers l’Egypte, de peur de se voir refuser leur entrée dans le pays, et continuent de nourrir le rêve de trouver « un grand bateau qui [les] emmènerait loin de la Libye ».
Direction l’Egypte pour fuir les troupes de Kadhafi
Le 16 mars, les 250 migrants se décident à partir vers As-Saloum, à la frontière égyptienne, pour échapper à l’avancée sur Benghazi des forces loyales au colonel Kadhafi.
Ils rejoignent les milliers de migrants qui attendent ici depuis des jours, parfois des semaines, d’être rapatriés dans leurs pays ou trouver une terre d’asile. Parqués côté égyptien, ils dorment dehors à même le sol dans des abris de fortune.
May Abou Samra, est une des coordinatrices de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), présente sur le site :
« Tout manque ici : les tentes, les couvertures… Les conditions d’hygiène sont catastrophiques. Nous attendons impatiemment les latrines car il n’y en pour l’instant que dix pour plusieurs milliers de réfugiés. »
Rencontré dans le local exigu où il reçoit ses patients, Nidal Oddeh, médecin jordanien de l’OIM, s’alarme devant les cas de bronchites, diarrhées et autres maladies liées à l’insalubrité, au froid et à l’humidité qui se multiplient.
Début mars, alors que paraît ce texte, Abdel Malik et ses amis se trouvent toujours à As-Saloum. Ils attendent que le HCR traite leurs dossiers pour poursuivre leur interminable voyage. Certains, déjà, regrettent le relatif confort du camp du Croissant rouge de Benghazi, et songent à y retourner. (20Minutes-02.04.2011.)
Photos : des réfugiés subsahariens au poste frontière égyptien d’As-Saloum
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**TUNISIE – Tous les candidats à l’immigration ne parviennent pas à traverser…
**Les parents d’Atif, 19 ans, mort lors d’un naufrage alors qu’il tentait de rallier l’île italienne de Lampedusa…**.Fatima est inconsolable. Son châle marron lui sert à sécher ses larmes qui continuent de couler un mois après. Son fils, Atif, 19 ans, est l’une des trente victimes du naufrage d’un bateau de pêche, plein de clandestins tunisiens, qui tentait de gagner l’île italienne de Lampedusa le 11 février.L’embarcation a coulé après avoir été percutée par un navire des gardes-côtes tunisiens. Le père d’Atif, Hedi, était contre le départ de son fils. «Il n’y a pas de travail en France et la mer est dangereuse.» Mais il n’a pas su trouver les mots pour le faire renoncer. A Zarzis (Tunisie), d’où il est parti, ils sont nombreux à tenter l’aventure vers l’Europe depuis la chute de Ben Ali. La police tunisienne ne contrôle plus autant les départs. Wissem, 32 ans, coiffeur, lâche: «Tous mes clients sont partis.» Il était dans le même bateau qu’Atif. Mais a eu plus de chance. Il n’était pas dans la cale lors de la collision et a pu être sauvé. Mais il n’a pas récupéré les 1.800 dinars (900 euros) qu’il a payés pour passer. Lui qui gagne 400 dinars par mois (200 euros) rêvait d’une situation à Paris où il avait, assure-t-il, une promesse d’embauche.
Un rêve proche de celui de Najeh, 20 ans, un mécanicien qui travaille à une centaine de mètres du salon de Wissem. Lui souhaitait rejoindre son oncle à Anvers (Belgique). Comme l’a fait avant lui son frère de 17 ans. Mais pour lui aussi, la traversée a tourné court. «Nous étions 87 hommes à bord d’un bateau de pêche, raconte-t-il. Nous sommes partis dans la nuit. Mais au bout de dix-huit heures de traversée, le moteur s’est arrêté.» Najeh, mécano, a essayé de le réparer. En vain. «Nous avons dérivé pendant cinquante heures avant d’être repérés par un hélicoptère italien.» Il avoue avoir eu peur, car l’embarcation était prise dans une tempête. Maintenant, Najeh hésite à retenter l’aventure. Wissem, lui, a décidé: «Même en paquebot, je n’essaierai plus d’aller à Lampedusa.» (20Minutes-17.03.2011.)
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**le gouvernement italien est montré du doigt pour avoir violé les droits de l’homme
Les conclusions d’une enquête menée, fin février 2009, par le réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), dans l’île italienne Lampedusa accablent le gouvernement italien et l’Europe sur les violations des droits de l’homme des migrants et des réfugiés.Une fois de plus, le gouvernement italien est montré du doigt pour avoir violé les droits de l’homme. Et l’Europe est accusée de laisser faire. Depuis quelques années, le nom de Lampedusa est assimilé à Guantanamo. L’île italienne (20 km au sud de la Sicile, entre Malte, Tunisie et Libye) a été le théâtre de nombreuses violations et traitements inhumains des migrants et des réfugiés. Rien qu’en 2008, 31.700 arrivées, 75 % de plus qu’en 2007. Au terme d’un voyage douloureux, ces candidats à l’immigration, qui fuient la misère, ont subi la violence et les humiliations une fois arrivés sur cette île appelée «la porte de l’Europe». A l’intérieur du centre de rétention temporaire de Lampedusa, un camp dont l’accès est interdit à la presse, «les conditions sanitaires sont inacceptables, le droit d’asile est bafoué et de nombreuses atteintes aux droits individuels sont commises», constate le rapport du réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (REMDH). L’attention de ce réseau a été attirée, fin janvier 2009, sur la situation de ressortissants tunisiens détenus en très grand nombre et dans de mauvaises conditions dans le centre de détention de Lampedusa. Le 18 février, une révolte à l’intérieur du centre débouchait sur un incendie. Le «centre d’accueil et de premier secours», qui les prend en charge, venait d’être rebaptisé «centre d’expulsion et d’identification», par la grâce d’un décret-loi intégré au Paquet Sécurité du ministre de l’Intérieur Roberto Maroni. Auparavant, les immigrés restaient 48 h à Lampedusa avant d’être transférés dans un centre en Sicile ou sur la péninsule. Aujourd’hui, ils sont enfermés sur place avant qu’une décision ne soit prise à leur sujet. Lampedusa est devenue un Guantanamo, version italienne. Sur les 975 occupants de ce centre appelé contrada Imbriacola, 884 sont des Tunisiens. Dans ses conclusions, le REMDH estime que «les différents facteurs qui ont abouti à l’incendie du 18 février semblent s’articuler comme les pièces d’un puzzle dont la principale est la décision du gouvernement italien de bloquer les migrants arrivés fin décembre à Lampedusa. Le maintien sur place des migrants ne pouvait que conduire au drame. Tous les ingrédients ont été accumulés pour parvenir à un état d’exaspération qui s’est emparé des migrants enfermés au point qu’on a du mal à écarter la thèse d’une volonté délibérée de provoquer la crise.» Le réseau euro-méditerranéen dénonce la nouvelle politique italienne de gestion des arrivées de boat people et le traitement des demandeurs d’asile. Les enquêteurs du REMDH ont constaté que «de nombreuses dispositions du droit européen et italien n’ont pas été respectées.» Le REMDH recommande aux autorités italiennes «de mettre immédiatement fin à la détention de toutes les personnes qui se trouvent encore dans les deux centres de Lampedusa et de procurer aux demandeurs d’asile les conditions d’accueil prescrites par le droit européen dans des locaux ad hoc de la péninsule, d’annuler toutes les mesures administratives d’éloignement prises contre les migrants et demandeurs d’asile détenus depuis le début de l’année 2009 et d’abroger le décret de création du centre d’identification et d’expulsion sur l’île.» Le REMDH recommande aussi aux autorités européennes «de mettre en place en urgence un dispositif d’accueil des demandeurs d’asile dans les lieux notoirement susceptibles de ne pas répondre aux prescriptions de la directive 2003/9/CE du conseil relative à des normes minimales pour l’accueil des demandeurs d’asile dans les Etats membres.» Le rapport exhorte aussi l’UE de «créer un organe indépendant, chargé du contrôle du fonctionnement des centres de rétention administrative d’étrangers et des demandeurs d’asile au regard des normes de protection des droits de l’homme et de présenter devant le Parlement européen un rapport annuel analysant la situation des personnes placées dans les centres de rétention qui se trouvent sous l’autorité des Etats membres.» Dans le cadre de la coopération euro-méditerranéenne, le REMDH appelle à «renoncer à tout type de coopération qui ne serait pas de nature à garantir le respect des droits des migrants et des réfugiés.» Le rapport ne ménage pas non plus les autorités tunisiennes: ces dernières sont appelées à «modifier la législation de migration afin d’abroger les dispositions visant à criminaliser la migration irrégulière.» Le REMDH dénonce ainsi «les violations de la loi italienne comme les textes internationaux relatifs à la liberté d’aller et venir, à la détention, à l’accès effectif au droit de recours et à l’expulsion.» Le REMDH cite également «des séquestrations arbitraires et la détention des réfugiés dans un centre d’accueil illégalement transformé en centre de détention.» Le rapport fait état d’autres violations flagrantes: «de nombreuses dispositions du droit italien mais également du droit européen et international n’ont pas été respectées, des principes constitutionnels et de la loi italienne en matière de liberté individuelle, de détention et de traitement des migrants et des demandeurs d’asile de la Convention européenne des droits de l’homme.» «De telles pratiques ne sont pas chose nouvelle en Italie», regrette le REMDH qui rappelle que «nombreuses sont les institutions et les organisations internationales les ayant dénoncées»: En avril 2005, une résolution du Parlement européen dénonce les violations du principe du non-refoulement et de la prohibition des traitements inhumains et dégradants commises par les autorités italiennes à Lampedusa. Le Comité des droits de l’homme des Nations unies, la Cours européenne des droits de l’homme, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe ont tous, tour à tour, épinglé les autorités italiennes sur les violations des droits de l’homme des migrants. «Ce qui n’a jamais empêché ni le gouvernement italien ni la Commission européenne d’intervenir afin de faire cesser ces violations», regrette le REMDH.(Le Q.d’O. du 19.04.09.)
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