L’océan, une richesse universelle à protéger

*La biodiversité marine nécessite d’être protégée au travers de mesures internationales

 />LES FACÉTIES DES OTARIES</b><br /> Il n’y a pas plus pataud qu’une otarie sur la terre ferme. Cette maladresse a longtemps causé leur malheur : au XIXe siècle, les chasseurs ont tant massacré ce gibier facile et lucratif qu’il fut quasiment exterminé, tout comme les loutres ou les baleines. Depuis 1978, le Marine Mammal Protection Act (MMPA), promulgué par les Américains, protège les pinnipèdes et a permis, en une trentaine d’années, la renaissance de ces espèces. «A présent, se félicite Stéphane Durand, l’un des conseillers scientifiques du film, on trouve des éléphants de mer au beau milieu du port de San Francisco, ce qui prouve bien qu’une décision politique peut peser sur l’avenir de la planète. » Gauche sur la rive, l’otarie de Californie se mue, dans la vague, en une danseuse à la grâce infinie, doublée d’une farceuse incorrigible. La joie de vivre de ces demoiselles (les mâles, moins faciles à approcher, sont plus bougons), observées en novembre dans les grandes forêts sous-marines de kelp – ces algues géantes du sudouest des Etats-Unis qui grandissent de 30 centimètres par jour et peuvent atteindre des longueurs de 50 mètres – s’exprime par de souples cabrioles et un esprit curieux et joueur qui les pousse à venir observer les plongeurs de très près, allant même jusqu’à se mirer dans l’objectif des appareils. Autre passion des otaries, le mordillement, élevé au rang d’art de vivre, qui les pousse, avec une grande délicatesse toutefois, à mâchouiller tout ce qui dépasse, notamment les palmes et les caméras…  » height= »326″ /></span></font></font></font></strong><strong><font face=

Adieu sardine, anchois, maquereau, hareng, thon, morue… En plagiant la fable de Jean de La Fontaine, ce pourrait être le triste refrain d’une chanson dédiée à la faune marine d’aujourd’hui et, surtout, de demain. À l’occasion de la sortie nationale du film Océans et du lancement de « 2010, Année internationale de la biodiversité », force est de constater que la biodiversité sauvage marine est menacée.Une mer sans poissons, prophétisaient Philippe Cury de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et Yves Miserey dans leur ouvrage en 2008 (1). Sans aller jusqu’à une situation aussi extrême parce qu’irréversible, l’état de santé du monde marin en termes de « diversité biologique », c’est-à-dire du nombre d’espèces au sein d’un écosystème vaste et ouvert, n’a jamais été aussi dramatique. Malgré quelques lueurs d’espoir, avec la protection des cétacés par exemple.

Depuis des lustres, des scientifiques comme Daniel Pauly, un Français travaillant au Canada, ou des personnalités du monde marin comme Anita Conti, Alain Bombard, Jacques-Yves Cousteau, Isabelle Autissier (nouvelle présidente de WWF France) ou Claire Nouvian lançaient des signaux d’alerte. Mais en 2008, la FAO (Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation) a publié un bilan sévère : 52 % des ressources mondiales en poissons – des stocks halieutiques, comme disent les spécialistes – étaient déjà pleinement exploitées, 19 % surexploitées, 8 % épuisées et seulement 1 % en voie de conservation. L'océan, une richesse universelle à protéger pix_trans

Cabillaud, hareng, requin, parmi les epsèces les plus touchées

pix_transDe son côté, en 2009, la Commission européenne a reconnu dans un livre vert sur la gestion des ressources que 88 % des stocks des eaux continentales (la ZEE : zone économique exclusive des 200 milles marins, soit 370 km) seraient surexploitées. D’autre part, au niveau mondial, alors que, depuis deux décennies, le nombre de captures officiellement déclarées plafonne entre 80 et 85 millions de tonnes par an, les scientifiques observent que « l’effort de pêche » continue d’augmenter. En clair, on triche sur le nombre réel de poissons pêchés, et les captures clandestines (ou pêche illégale) augmentent.

Bien entendu, certaines espèces sont plus touchées que d’autres : ainsi la morue (cabillaud) et le hareng des bancs de Terre-Neuve. Malgré un moratoire lancé par les Canadiens dans le Nord-Ouest Atlantique dès 1982 – et dont tout le monde se moquait alors, la morue ne déclenchant pas le «réflexe anthropomorphique» du bébé phoque –, le cabillaud n’est pas vraiment revenu.

« On a bien noté en 2009 un plus grand nombre de juvéniles, mais la quantité totale de morues n’est passée que de 3 à 9 % », souligne Philippe Cury. « L’écosystème a été très perturbé et la morue a été remplacée par un autre prédateur, une rascasse ou un sébaste », explique Bernard Séret, ichtyologiste à l’IRD et au Muséum. Idem pour le thon rouge dans le Nord-Atlantique et la Méditerranée pour lequel le gouvernement français hésite à demander son inscription sur la liste de la Cites (2) des animaux à protéger, compte tenu du manque à gagner voire du chômage prévisible pour les pêcheurs.

Autre exemple : le requin. 90 % des requins ont disparu. Beaucoup ne sont pas pêchés pour eux-mêmes mais sont l’objet de ce qu’on appelle les « prises accessoires ou accidentelles ». Plutôt que de les relâcher, on découpe leur nageoire dorsale, produit culturellement très prisé en Asie, et on les rejette, amputés, à la mer où ils meurent rapidement (3). En outre, 80 % des requins étant vivipares – à la différence des poissons osseux qui sont ovipares –, la capture des femelles gravides provoque un effondrement très rapide des effectifs. pix_trans

Les baleines ont vu leurs effectifs augmenter

pix_transTout récemment, la France a décidé d’interdire à l’île d’Yeu la pêche au requin-taupe, menacé de disparition. « Après des mesures progressives de limitation des prélèvements, on vient d’imposer le “zéro quota”. Six bateaux et 200 personnes sont concernés, mais ces navires pêchent aussi la sole et ils recevront une compensation. De plus, a priori, l’interdiction de pêche est appelée à n’être que provisoire », explique Bernard Séret, spécialiste des poissons cartilagineux (requin, raie, chimère).

Face à ces restrictions, forts des progrès des techniques de pêche (usage du sonar) et de l’augmentation de la taille des filets et des bateaux (pêche industrielle), les pêcheurs se sont rabattus sur la pêche en eaux profondes riches de « nouvelles espèces » telles qu’empereur, hokki, sabre, grenadier, lingue, légine. Mais ces animaux sont doublement vulnérables car, vivant en eau froide, ils ont une croissance lente et une faible capacité de reproduction.

Le tableau n’est toutefois pas tout à fait noir. En effet, espèces commerciales elles aussi, les baleines, dont l’avenir était très préoccupant, ont vu leurs effectifs augmenter grâce à l’instauration d’un moratoire en 1986 par la Commission baleinière internationale (CBI). Certes, aujourd’hui, la baleine des Basques a disparu, mais la plupart des autres espèces progressent. La baleine à bosse par exemple, avec ses 60 000 spécimens, a été reclassée en 2008 par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) de la catégorie « vulnérable » à « préoccupation mineure ». pix_trans

« La situation globale n’est donc probablement pas totalement irréversible »

pix_transLa sauvegarde des baleines à dents ou à fanons n’est toutefois pas définitivement acquise, du fait notamment de dérogations pour « pêche scientifique » dont bénéficient les Japonais ou de « chasse aborigène de subsistance » au Groenland ou dans la petite île antillaise de Bequia. Toutefois, l’interdiction de la pêche peut faire l’objet de négociations de façon à trouver un juste équilibre entre la tradition culturelle d’une population et la nécessité de faire appliquer une règle qui soit la plus universelle possible, l’océan étant un milieu ouvert.

Cette ouverture de l’océan est justement ce qui le distingue le plus de la Terre. Du coup, « il n’y a pas de zones ou de mers qui aient connu un effondrement de la biodiversité comme on en constate sur Terre, dans les îles de Sainte-Hélène, Rodrigues ou Pâques, dans les rivières ou dans les forêts tropicales, observe Philippe Bouchet, spécialiste des mollusques au Muséum. Il existe des effondrements d’espèces pour des raisons de surpêche, mais parallèlement l’homme sait aussi cultiver la mer au travers de l’aquaculture ; l’ostréiculture et la conchyliculture sont, pour le moment, des techniques plus durables que la salmoniculture ou la crevetticulture qui, dans les pays du Sud, détruit beaucoup de mangroves », poursuit le zoologiste.

La situation globale n’est donc probablement pas totalement irréversible. Notamment « parce que depuis quelques années, la protection de la biodiversité marine fait l’objet d’une prise de conscience croissante de la part de la population mais aussi des professionnels, le Grenelle de la mer en étant une preuve vivante », assure Charles Braine, responsable du programme pêche durable au WWF France.

« Les préoccupations concernant la biodiversité, qui n’est pas tout à fait synonyme de développement durable ou d’environnement, ne doivent pas rester enfouies sous celles du changement climatique », conclut toutefois Philippe Bouchet. (la Croix-25.01.2010.)

(1) Paru chez Calmann-Lévy.
(2) Sigle en anglais de la convention des Nations unies sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
(3) Un kilo d’ailerons secs se vend entre 300 et 500 €.

10 réponses à “L’océan, une richesse universelle à protéger”

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