Le web, miroir de nos sentiments
**Peut-on se fier aux sites de rencontre en ligne?
INTERVIEW - «20 Minutes» s’est intéressé aux sites de rencontre avec Laouari Medjebeur, cofondateur de Mektoube.fr, site de rencontre destiné à la communauté française maghrébine…
Mektoube.fr n’est plus une start-up, mais le site vise encore une niche, sur un marché qui est encore loin d’être saturé. Si certains leaders sont bien en place comme Meetic, beaucoup de sites se lancent sans avoir grand-chose à offrir au consommateur, qui perd espoir. Mektoube.fr, qui a fait le pari de la spécialisation, réussit quant à lui son pari et rassure une clientèle qui en a besoin, car dès qu’on touche aux sentiments, tout devient sensible.
Quel est l’état du marché actuel des sites de rencontre sur lequel vous avez choisi un segment très particulier?
En 2006, il y avait une forte demande et nous y avons répondu. Nous avons d’ailleurs aujourd’hui un million de membres actifs. La segmentation du marché de la rencontre était quelque chose de nouveau en France mais qui existait déjà en Angleterre et aux Etats-Unis. Aujourd’hui les gros sites en France se comptent sur les doigts d’une main. Beaucoup se lancent mais n’offrent pas de vrais services spécifiques aux clients. Certains sites à notre image, qui se spécialisent dans des niches, comme l’orientation politique (droite-rencontre.com ou gauche-rencontre.com), n’apportent finalement pas de réelles sélections en amont. Il existe toutefois des sites qui marchent comme JDate.com (site de la communauté juive), qui offrent un vrai choix selon vos critères (ici, la recherche d’une personne de confession judaïque, ndlr).
Nous ne sommes pas réservés à une communauté, et nous n’en avons d’ailleurs pas le droit, mais nous anticipons un critère en avance pour le client sur ses recherches, pour ceux qui montrent de l’intérêt pour la communauté maghrébine. Mais le marché en général est loin d’être saturé derrière Meetic.fr et Match.com Il est dur d’évaluer une tendance générale du marché car ce dernier n’est pas unique mais très fragmenté. La France est de plus un pays spécifique, culturellement et où l’anglais, majoritairement utilisé sur ces sites, n’est pas la langue première.
Adhérez-vous à la stratégie de certains sites de rencontre aux Etats-Unis, qui se lancent dans le suivi client après que ce dernier ait trouvé un partenaire?
Non, ce n’est pas la finalité d’un site de rencontres. Notre objectif est que les gens partent et vite. Un remerciement de leur part est déjà énorme. S’ils veulent ensuite témoigner, c’est également très important pour nous en termes d’image et de travail accompli. Nous devons nous concentrer sur la qualité des rencontres plus que sur le suivi. Les célibataires ont besoin de voir qu’il y a du vrai car le business de la rencontre est très mal traité et jouit encore d’une mauvaise image. L’autre mal qui touche ce milieu est le tabou qui n’est toujours pas tombé autour d’une rencontre sur le Web, notamment auprès des familles et en termes de respect de la vie privée en général.
Existe-t-il d’autres dangers pour les sites de rencontre, comme la fraude?
Oui, ce phénomène existe depuis une dizaine d’années. Le ‘scam’ ou fraude est un vice contre lequel nous luttons au quotidien. Il existe deux types d’attaques: l’une venue d’Afrique subsaharienne, qui consiste à soutirer de l’argent avec des sentiments. Les pays de l’est attirent avec des photos aguichantes. Il faut s’adapter à leurs nouvelles méthodes mais il n’existe pas de parade ultime, comme le prétendent certains. C’est le jeu du gendarme et du voleur. Toutefois, plus nous leur mettons des barrières, plus ils auront tendance à aller voir ailleurs. Nous avons d’ailleurs écrit une tribune à ce sujet. Mais cela fait partie du métier qui évolue, qui rapporte davantage et qui attire forcément de plus en plus l’attention. Aujourd’hui, les internautes peuvent faire confiance aux sites dont la renommée n’est plus à faire pour trouver ce qu’ils sont venus chercher à l’origine, la ou le partenaire de leur choix. (20Minutes-10.02.2012.)
*****Les sites de rencontres veulent fidéliser leurs clients après avoir formé des couples
Quel autre secteur d’activité peut se targuer de perdre deux clients lorsqu’il a accompli sa mission?. certains sites de rencontre veulent en finir avec cet aspect de leur commerce…
Les sites de rencontre ne sont plus fatalistes: la rencontre fructueuse d’un client avec un autre ne doit plus rimer avec la fin de l’aventure entre le site et son abonné. La stratégie actuelle est de conserver une relation avec le client qui a déjà trouvé satisfaction. Cadeaux, promotions, voyages, idées astucieuses et lieux de romance pour le couple, notamment à l’occasion de la Saint-Valentin, tout est bon pour fidéliser ceux qui auparavant délaissaient égoïstement le site qui avait réussi à leur donner le sourire.
Revenez sur le site après votre rupture
Le site Zoosk, comme le rapporte Bloomberg Businessweek, a décidé de fournir dès cette semaine des services après la formation de couple sur sa plateforme. Zoosk, dont l’autre particularité est de s’être adossé à Facebook et ses 845 millions utilisateurs pour créer sa base de données, propose ainsi aux couples de rester sur le site et de revenir, à des occasions particulières, comme la saint-Valentin par exemple. Idées de cadeaux d’anniversaire, albums photos numériques, réductions au restaurant et même conseils d’experts en relation: Zoosk a pensé à tout. Cela va encore plus loin: si vous avez avec votre partenaire, des photos de vacances en Inde sur votre profil, des réductions pour des restaurants indiens locaux vont seront adressées.
La plupart de ces services seront gratuits pour les couples gardant leur page active sur le site. D’autres enseignes s’engageant également dans cette stratégie invitent les couples formés grâce à leur plateforme à partager leur histoire, leurs témoignages à propos de leur rencontre et du début de leur aventure. Ils comptent ainsi sur eux pour porter la bonne parole et assurer ainsi la meilleure des publicités.
D’autres encore, au-delà de la monétisation du couple, tendent à récupérer leurs clients redevenus célibataires (comme le site américain Match.com). D’où l’intérêt de conserver des relations avec eux le temps de leur romance. Un aspect bien commercial du couple que certains professionnels du métier, comme le fondateur de Mektoube.fr, décrient déjà. Mais qui vous a dit qu’on parlait d’amour dans cet article? (20Minutes-10.02.2012.)
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**Le web, miroir de nos sentiments
L’amour, l’indignation, la tristesse, la peur… autant d’émotions parmi beaucoup d’autres qui trouvent écho sur le web. Comment dit-on « je t’aime », à l’heure du sms ? Avec qui partage t-on sa colère lorsque l’on vient de perdre son emploi ? Quelles pistes explorer pour enseigner aux enfants l’émotion esthétique de la rencontre avec les œuvres d’art ? Le web est pétri de l’expérience humaine ; bien rares sont les sites de qualité qui ne soient animés par des passionnés heureux de montrer, à leurs voisins ou au monde entier, combien cette expérience-là mérite d’être vécue.
Qu’il est difficile, pourtant, de trouver l’expression juste, quel que soit le langage choisi ! Le texte du courriel est bien pauvre pour transmettre l’intonation, le grain d’une voix, le clin d’œil qui annonce la plaisanterie ou le second degré. La création d’image est un exercice ardu, fort heureusement facilité par les outils numériques de plus en plus ergonomiques et puissants. Quant à la musique… elle sert souvent d’arrière-plan à nos émotions fortes, à tel point que le fait de réentendre un morceau, des années après avoir vécu l’intense moment auquel il est associé, peut faire monter les larmes aux yeux.
Le web est le dépositaire de tous nos langages, de toutes les traductions de nos émotions. Le web invente aussi son propre langage, fait de superpositions, de mélanges, de transformations. Toujours, le web surprend, à condition d’accepter de se laisser guider par d’autres valeurs et critères que les siens.
Et l’amour, comment se porte t-il ? En cette période de valentineries tous azimuts, profitons du web pour explorer la vie de ce bon saint Valentin, l’histoire du mariage (qui ne fut pas toujours à ranger au rayon des histoires d’amour…), pour créer de magnifiques cartes illustrées à envoyer à l’être aimé, ou pour lui écrire un poème flamboyant, en s’inspirant des poètes arabes qui faisaient naître des jardins de roses dans les sables du désert par la seule puissance du verbe. (Christine Vaufrey, rédactrice en chef – Cursus..éducation.)
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