Terrasses et Yam Tcha de l’été (France)
La terrasse plein ciel du Mama Shelter (F.Amiand).
Terrasses plein ciel, tables au vert, bistrots de poche ou exochics, voici vingt nouvelles adresses pour savourer Paris cet été.(Le Figaro-24.06.09.)
**La plus « incontournable » : Yam Tcha
Un décor d’entre épure et pénombre, seize couverts ménageant les intimités et une confidence de cuisine où manœuvre une jeune femme chef, passée par les trois étoiles de l’Astrance. La suite ? Pas de carte, un service qui garde le secret des fourneaux et des menus se déliant, au jour le jour, sans autre artifice que l’instant et l’intuition, l’ici et l’Asie, l’acuité des produits et la science des cuissons. Une gastronomie forte comme parfois les évidences, sûrement la révélation de la saison.
Yam Tcha, 4, rue Sauval, Ier. Tlj. sf lun. et mar. Menus à 30 € (déj.), 45 et 65 €.
**La plus « pique-nique urbain » : la terrasse du Mama Shelter
Non content d’assurer le plein air bobo au teck d’une terrasse alimentée par des grignotages signés Senderens, le « kibboutz urbain » de Trigano-Starck dédouble le farniente en installant sur son toit une bucolique parisienne avec ce qu’il faut de barbecue et d’effets pique-nique.
Mama Shelter, 109, rue de Bagnolet, XXe. Tlj. Env. 20-35 €.
**La plus « Marais » : Cru
Sans la plage mais avec une bonne dose de pavé parisien, une table à la manière d’une décapotable qui laisserait tourner un invisible moteur, dans la coulisse du Marais. Une charmante courette à ciel ouvert, une salle ouvrant les paupières de ses baies vitrées et, entre les deux, des nourritures nature, d’une urbaine frugalité, insouciantes comme parfois les beaux jours (carpaccios, ceviches, tartares, viandes et poissons bronzés au gril).
Cru, 7, rue Charlemagne, IVe. Tlj. sf dim. (dîn.) et lun. Env. 35-40 € (carte), menu à 19 € (déj.).
**La plus « planquée » : Passage 53
S’attabler dans un passage couvert, c’est un peu comme verser dans une gastronomie quasi clandestine, passer à table tout à la fois dans mais loin de Paris. S’en convaincre avec ce récent bistrot propice à ajouter aux charmes des planques et parenthèses le sel de l’appétit (velouté de brocolis, thon cru à la verveine, tarte de veau aux huîtres, pannacotta fraise-laurier…).
Passage 53, 53, passage des Panoramas, IIe. Tlj. sf dim. Env. 40 € (carte), menu à 19 € (déj.).
**La plus « néoguinguette » : Cantina Mundo
Pour la friture, l’onglet-frites, les nostalgies de java et de bords de Marne, mieux vaut oublier ! Mais, histoire de sortir des clichés de banlieue bitume, pourquoi pas Bagnolet, une moderne guinche et ce bistrot post-périph, délestant, sous la tonnelle de son jardinet, quelques sympathiques comestibles, à la croisée de l’épice et de la canaille (asperges au sabayon d’agrumes, agneau rôti au ras el-hanout, soupe de fraises à l’huile d’olive…) ?
Cantina Mundo, 7, rue Marceau à Bagnolet (93). Tlj. sf. sam. (déj), dim. et lun. Env. 35 € (carte), menus à 15 et 18 € (déj.) et 24 € (dîn.).
Caffè dei Cioppi.
**La plus « transalpine « : Caffè dei Cioppi
Cette casa, c’est un peu comme si la Botte avait coincé le talent de son talon aux pavés déchaussés d’une Bastoche de passage. L’aller simple pour l’Italie sans pousser plus loin que le centre de Paris avec, à l’appel d’une petite vingtaine de couverts, le service vous prenant sous son aile, les vins solaires et toute l’énergie d’une cuisine tournée vers le bonheur, « mamamiesque », jouissive, juteuse, vous roulant en bouche toutes les langues de risotto, pasta et autre mascarpone.
Caffè dei Cioppi, 159, rue du Fbg-St-Antoine, XIe. Tlj. sf sam., dim., lun. (dîn.) et mar. (dîn.). Env. 25-35 €.
**La plus « expérimentale » : Nomiya
Prière d’aviser là un parfait objet gastronomique non identifié en forme de capsule de verre posée, pour une petite année, sur les toits du Palais de Tokyo. À l’intérieur, une table d’hôte et des repas en façon de performance culinaire, cogités pour une douzaine de couverts par le binôme arty-popote Laurent Grasso- Gilles Stassart. Cœurs sensibles s’abstenir mais aux appétits vertigineux, avouons une assiette qui tutoiera les étoiles mieux que chez Michelin.
Nomiya, 13, avenue du Président-Wilson, XVIe. Réservation : www.art-home-electrolux.com. Menus à 60 € (déj.), 80 € (dîn.).
**La plus « Costes » : La Société
Cinquante ans après, sans Boris, sans Vian, mais avec ce qu’il reste d’après à Saint-Germain-des-Prés, l’ancien Bilboquet renoue avec les gymnastiques mondaines de la rive gauche sous la houlette des Costes au meilleur de leur forme. C’est par là qu’il faut voir, être vu et « parisianer » son été, entre deux airs jazzy (servis sur piano à queue) et deux bouchées d’air du temps (tartare AR, soupe thaïe, sole meunière, canard crispy…).
La Société, 4, place Saint-Germain-des-Prés, VIe. Tlj. Env. 60 €.
**La plus « bon chic, bon green » : Le Jardin d’Ampère
À cinq minutes de l’Étoile, au vert d’un patio de discrétion, la petite musique d’une table de derrière la façade réglant une partition, certes un peu précieuse sur quelques plats (croustillant d’asperges, cromesquis de morue et sorbet parmesan) mais suffisamment bien intentionnée pour filer la romance jusqu’aux desserts (ceux-là, carrément épatants !).
Le Jardin d’Ampère, Hôtel Ampère. 102, avenue de Villiers, XVIIe. Tlj. sf dim. (dîn.). Menus à 24 et 28 € (déj.). Carte env. 40-50 €.
**La plus « bistrote » : Frenchie
Il en fallait bien un, ce sera donc celui-là ! Soit une bonne mine de bistroquet niché dans une de ces rues sans pignon, fidèle au sirop de Paname, oublieuse des passants et prodigue à abriter une double salle post-popu où un jeune chef mouille le tablier pour sortir un bon sens de formule, futée sans être futile (truite fumée aux pickles de concombre, agneau et compotée de pois chiches-tomates, pannacotta rhubarbe-verveine…).
Frenchie, 5, rue du Nil, IIe. Tlj. sf dim., lun. et mar. (déj.). Menus à 16 et 19 € (déj.), 27 et 33 € (dîn.).
Le 51
**Le plus « cinéphage » : le 51
On s’attendait à une série B de buffet et voilà que la Cinémathèque s’offre un joli brin de réfectoire prolongé d’une terrasse, histoire de parler la bouche gentiment pleine en avant-après séance. Tant qu’à choisir la meilleure scène, autant miser sur l’extérieur jour pour inviter à sa table un Technicolor de ciel entre le gaspacho, le poulet (bien) rôti et un public tout plein de meilleurs espoirs féminins-masculins. Manquent plus que la caméra de Rohmer et le Conte d’été.
Le 51, À la Cinémathèque. 51, rue de Bercy, XIIe. Tlj. sf. mar. Env. 15-25 € (déj.), menus à 16 et 23 € (dîn.).
**La plus « Paris de campagne » : Rosa Bonheur
Lancée l’été dernier dans une délicieuse débraille de post-caboulot, Rosa Bonheur revient, cette année, en haussant le ton d’un décor de chic et de broc et de quelques assiettes verdoyantes, désormais supervisées par le chef du restaurant La Chassagnette, en Arles. Verdure pour verdure, les frondaisons des Buttes- Chaumont et le service très nature de la fraîche patronne se chargent de maintenir des climats parfaitement de saison.
Rosa Bonheur, Parc des Buttes-Chaumont, 2, allée de la Cascade, XIXe. Tlj. sf lun. et mar. (sf lun. uniquement à partir du 1er juillet). Env. 15 €.
**La plus « night » : La Réginette
Puisque les mâchoires les plus en vue de l’avant-scène parisienne n’auront juré, cette année, que par la quatre fromages, la Vesuvio et la calzone (Al Taglio, Pizza Chic…), autant les suivre dans l’ultime antre du genre. Soit la Réginette, micro-annexe pipole et pizzaïole du célèbre club Régine’s. Vous reprendrez bien une part de snobisme ?
La Réginette, Galerie 66. 49, rue de Ponthieu, VIIIe. . Tlj. mais le soir seulement les mer., jeu., ven. et sam. Env. 20-30 €.
**La plus « smoke in the summer » : la terrasse du Chacha
Après neuf mois de bons et loyaux services rendus à la nocturne, le resto-bar-boîte-fumoir du tandem Hôtel du Nord-Langmann s’aère en dévoilant une terrasse où devraient s’agiter les nuits et les faunes d’usage. Vus de l’assiette, les comestibles tiendront le parasol comme, cet hiver, ils le firent de la chandelle.
Chacha, 47, rue Berger, Ier. Tous les soirs. Env. 15 € (le verre), 40 € (le repas).
Rice & Fish.
**La plus « asie-mutée » : Rice & Fish
Vacances pour vacances et tant qu’à croiser du côté des japonaiseries, autant leur faire voir un peu de pays en taquinant de la baguette les créations de ce sushi-maki bar, revues et corrigées par une bande de Californiens, propices à rock’n'roller les usages du riz et du poisson cru (rouleau sésame-concombre-shitake et déroutante glace en tempura…).
Rice & Fish, 22, rue Greneta, IIe. Tlj. sf dim. Env. 10-20 €.
**La plus « boboland » : Corso
À quoi tient le destin d’une place parisienne jusqu’alors sans plus de postérité que celle inscrite au plan des préfectures ? Peut-être à un été 2009, la mécanique des fluides costienne et une terrasse ordinaire, soudainement investie par les bonnes têtes du Xe parallèle (bobos & co), lézardant ses paresses devant un ronron italo-parigot nettement plus industrieux (cappuccino de morue, entrecôte Montana, vacherin napolitain).
Corso, 2, place Franz-Liszt, Xe. Tlj. Env. 35-40 €.
**La plus « si loin, si proche » : Chamarré Montmartre
Lors de son lancement, l’automne dernier, nous en avions dit tout le mal que nous estimions en penser. Quelques mois plus tard, au retour d’un soleil complice et après sérieux ajustements, cette enclave néomauricienne abordant aux rives de Montmartre s’est enfin trouvé un cap et une terrasse en illusion de hamac, prompte à accompagner des exotismes et des épices désormais aussi plaisants qu’opportuns.
Chamarré Montmartre, 52, rue Lamarck, XVIIIe. Tlj. Menus à 17 et 25 € (déj.), 52, 65 et 115 € (dîn.). Carte env. 60 €.
**La plus « chinoise » : Shan Goût
Loin des interlopes du coin de la rue et des bouddhas plaqué or, un sino sans pesanteur et sans esbroufe, prodigué entre quatre petits murs intimistes, où le seul exotisme à se tramer est celui du creux de l’assiette, l’instant de quelques grammages étonnamment friands (raviolis de porc grillé, soupe de bœuf nouilles, poulet à l’étouffée et châtaignes caramélisées, pommes laquées au sésame…).
Shan Goût, 22, rue Hector-Malot, XIIe. Env. 25-30 € (carte), menus à 11,80 et 18,80 €.
**La plus « mini, mini » : Le Zinc Caïus
Est-ce le diktat des temps de crise ou la revanche des discrétions sur les saisons du bling, toujours est-il que Paris a plébiscité, cette année, les adresses de promiscuité. Cette microannexe du très vertueux Caïus (juste en face) joue, sur quelques mètres carrés, une cuisine au direct de l’ardoise (lard de San Clemente, lentilles vertes du Puy, lapin en cocotte, tombée de cerises à la glace pistache). Un comme-chez-soi sans les aléas.
Le Zinc Caïus, 11, rue d’Armaillé, XVIIe. Tlj. sf. dim. Env. 30 €.
Kitchen
**La plus « saine » : Kitchen
Futomaki, stew bowl, acai bowl, smoothie, conscious chocolate, spiruline ? Vous n’avez rien compris ! Prière donc de réviser, le temps d’un été, l’ABC des nouvelles nourritures végétariennes en picorant à cette fraîche cantine, activée par un agit-popote de l’appétit naturopathe. Lequel roule les mécaniques de ses ustensiles dernier cri devant un parterre de brindilles pinçant leurs jolies bouches aux pics du diététique.
Kitchen, 74, rue des Gravilliers, IIIe. Tlj. sf sam. Env. 10-15 €.
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