la Grande Barrière de corail victime d’une hécatombe catastrophique
19 04 2018*Selon une étude scientifique, environ 30% des coraux de ce vaste récifs sont morts durant une vague de chaleur en 2016.
La Grande Barrière australienne, joyau du patrimoine mondial de l’humanité, a subi une hécatombe « catastrophique » de ses coraux pendant une vague marquée de chaleur en 2016. Environ 30% des coraux du vaste ensemble sont morts durant la vague de chaleur survenue entre mars et novembre 2016, le premier épisode de deux années consécutives de blanchissement, selon une étude publiée jeudi 19 avril par la revue scientifique Nature (en anglais).
Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1981, le récif s’étend sur environ 348 000 kilomètres carrés le long de la côte australienne et constitue le plus vaste ensemble corallien du monde. Le corail, qui sert d’habitat à d’autres créatures marines, a été durement touché par la hausse des températures de l’eau consécutive au réchauffement climatique.*cliquer ici: Faune et flore marines.Fotos
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Vivre près de la mer, c’est bon pour la santé
On l’aurait sans doute bien deviné tout seul mais vivre face à la mer ou l’océan s’avère réellement bénéfique pour la santé mentale, selon une étude récente des universités de Canterbury (Nouvelle-Zélande) et du Michigan (Etats-Unis). Ces résidents privilégiés semblent en effet moins sujets à la dépression, au stress et aux troubles psychologiques en général.
Ce que l’on imagine peut-être moins, c’est que la couleur du paysage est à l’origine de ce sentiment de bien-être, selon les conclusions des chercheurs et l’analyse d’un échantillon de 450 résidants de Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande, bordée par la mer de Tasman et l’océan Pacifique. L’étendue de bleu aurait en effet des propriétés apaisantes plus bénéfiques que la vue d’espaces verts, tels qu’un jardin, un parc ou une forêt, confie Amber L. Pearson, co-auteure de l’étude.
Nuance
Une nuance s’impose toutefois: si les volontaires interrogés pouvaient parler d’une seule voix au sujet du décor océanique, homogène et préservé de la colonisation humaine, les espaces verts varient quant à eux qualitativement d’un quartier à l’autre, d’une rue à l’autre, en fonction de l’urbanisation environnante. L’étude n’aborde par exemple pas le sentiment de l’habitant résidant au beau milieu d’une réserve naturelle, sans immeuble dans son champ de vision.
Avantages
La science avait déjà démontré les vertus bénéfiques de la mer sur la qualité du sommeil ou l’état des poumons. On découvre désormais le pouvoir étonnant de sa couleur sur la santé mentale. Mais qu’en est-il de l’impact d’un plan d’eau non azur, comme la mer du Nord en hiver, de la vue d’un lac, de la neige immaculée, de la montagne voire du désert? Autant de cadres de vie qu’il serait intéressant d’analyser du même point de vue médical…*10/05/2016 -Source: MSU
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Une île déserte et son seul habitant face à un futur incertain
Vittoria Traverso — Traduit par Felix de Montety — 22 mars 2018 / .slate.fr / reportage
Mauro Morandi a vu son monde menacé par le tourisme, la technologie et le changement climatique. À présent, il craint de ne pas pouvoir y rester assez longtemps pour le voir renaître.
Temps de lecture: 8 min
En 1989, Mauro Morandi a mis les voiles; il est parti de la petite ville des Pouilles Gallipoli, au sud de l’Italie, avec pour but d’atteindre la Polynésie. «J’en avais marre de la société, se remémore Morandi, aujourd’hui âgé de 79 ans. Je rêvais d’une île déserte dans le Pacifique, un endroit où commencer une nouvelle vie.»
Quelques jours après être parti, c’est à Budelli qu’il débarquait –quelques hectares de l’archipel italien de la Maddalena, situé dans les bouches de Bonifacio, entre la Sardaigne et la Corse. «Il y avait beaucoup de touristes, donc je pensais que je pourrais gagner de l’argent en les promenant dans les îles. Je devais de l’argent à ma banque», explique-t-il.
**Autonomie menacée
À l’époque, Budelli était la propriété d’une entreprise immobilière qui employait un gardien et sa femme pour s’occuper du lieu. Morandi a rencontré le couple et commencé à se demander si les remplacer pourrait être envisagé. «Il m’a dit que sa femme n’aimait pas ce mode de vie, se souvient Morandi. Certains trouvent l’endroit trop fréquenté en été et trop désert en hiver, mais moi cela ne me dérange pas.»
Quelques semaines plus tard, le poste était à lui. Depuis, il vit et travaille à Budelli en tant que seul et unique gardien de l’île. Mais l’autonomie qu’il chérit tant pourrait toucher à sa fin. «Cela fait deux ans que je n’ai pas quitté Budelli et si jamais je m’absentais, je ne suis pas sûr qu’on me laisserait revenir», explique-t-il, inquiet.
Avant que le conflit actuel ne commence, Morandi sortait de son isolation deux fois par an, pour rendre visiter à ses filles dans le centre de l’Italie. Alors employé légalement par les propriétaires de l’île, il était assuré de pouvoir revenir dans sa cabane équipée de panneaux solaires. Mais en 2011, Budelli a été mise en vente. C’est alors que les problèmes ont commencé.
L’île a trouvé preneur en 2011, avant d’être rachetée par le gouvernement et d’être intégrée à un parc national. «Je vis à présent dans un état d’incertitude, déclare Morandi. L’île appartient au Parc national de la Maddalena, et ils pourraient m’expulser à tout moment.» Morandi se retrouve pris dans l’étau kafkaïen de la bureaucratie italienne –une des raisons pour lesquelles il avait un jour décidé de tout quitter, à bord de son voilier.
**Rudesse magnifique
Lors de son premier hiver idyllique sur l’île en 1989, il était loin d’imaginer ce type de préoccupations. «À l’époque, je détestais la compagnie, affirme-t-il. Pendant l’hiver, j’avais enfin pu profiter tout seul de la beauté de l’île.»
Parfois, pendant la saison froide, les rayons du soleil brillent d’une façon qui lui rappelle ses tableaux préférés du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich. Mais les hivers peuvent aussi être cruels, avec leurs vents éprouvants qui dévastent les rares arbustes qui poussent parmi les pierres.
La célèbre plage rose de Budelli | Mauro Morandi
Pour Morandi, la rudesse de la nature locale fait partie de sa beauté. «Mon meilleur souvenir ici est la tempête de 1991», se souvient-il. Les vents avaient alors atteint la vitesse de 104 nœuds, une intensité qui n’avait jamais été observée au cours des deux siècles précédents.
«Le vent était très puissant et faisait un son de hurlement que je n’avais jamais entendu avant», explique Morandi. Les vagues avaient atteint plus de cinq mètres et déferlaient bien au-delà de la plage. «J’ai alors compris que les humains ne sont rien face à la nature, continue-t-il, d’une voix tendue. Même avec toute notre technologie, nous ne sommes que des fourmis.»
**Photos partagées sur les réseaux sociaux
Mais la technologie a fini par briser l’isolation de Morandi au fil des années. Il y a trois ans, une entreprise privée a installé un routeur sans fil à proximité, pour donner un accès internet aux touristes visitant le parc naturel. «Je ne savais même pas ce que c’était qu’un iPad, s’amuse-t-il. Et maintenant, je suis sur Twitter, Facebook et Instagram.»
Le principal exutoire créatif de Morandi a longtemps été la fabrication d’objets à partir de bûches de genièvre échouées sur la plage, qu’il a aujourd’hui remplacée par la photographie, grâce à laquelle il alimente ses comptes sur les réseaux sociaux. «J’étais plus égoïste autrefois, admet-il,mais maintenant je veux partager cette beauté avec le monde entier.» Ses publications sur les réseaux sociaux touchent aujourd’hui des centaines de milliers de personnes tout autour du globe.
Morandi consacre une grande partie de son temps à prendre des photos pour les publier sur les réseaux sociaux. | Mauro Morandi
Lors d’un jour typique d’hiver, Morandi se réveille vers 7h30 du matin, se fait du café et commence sa journée de travail dans sa cabane ou dans les environs, sciant du bois de chauffage, nettoyant et cuisinant. Après le déjeuner, il se promène dans son paradis, prend des photos de plages de sable, de criques rocheuses et du ciel méditerranéen qui change si vite. «Avant je lisais beaucoup, essentiellement des penseurs d’Europe centrale comme Kant ou Schopenhauer, mais maintenant je m’occupe surtout en prenant des photos et en les travaillant.»
**Au fil des saisons
Des amis viennent le voir tous les dix jours depuis une île voisine pour l’approvisionner, mais moins fréquemment en hiver. «Mes amis viennent tout le temps en été», dit-il, mais ce jour-là, cela fait vingt-cinq jours que personne n’est venu lui apporter de réserves. «En hiver, on me rend plus rarement visite. Donc ce soir, je vais manger des orties sautées au beurre.»
De l’automne au printemps, il peut partir à la recherche des plantes sauvages typiques de la macchia, le milieu de garrigue caractéristique du bassin méditerranéen: racines, asperges, ail, romarin et poireaux sauvages. «C’est au printemps que tout fleurit, explique-t-il. À partir de fin février, on perçoit un fort parfum de romarin.»
Pendant l’été, le puissant soleil et le vent fort assèchent tout, à l’exception de quelques plantes à feuilles persistantes, comme les roses sauvages et les plus occasionnels lys sauvages. «Les lys ont un parfum si puissant,raconte Morandi. En été, le vent du soir emporte l’odeur jusqu’à ma cabane.»
Des lys blancs sauvages à Budelli | Mauro Morandi
La myrte, dont on fait dans la région un digestif aux plantes appelé Mirto, est également très répandue. «Les baies de myrte sont en général récoltées en automne, mais cette année, dix mois sans pluie se sont succédés, donc il y a très peu de baies.»
**Nature à protéger
Morandi a senti, année après année, évoluer sa partie du monde. L’été dernier a été anormalement chaud. «Les températures ont atteint quarante-six degrés en Sardaigne dans l’intérieur des terres, et environ quarante-trois degrés ici à Budelli.» Il a remarqué qu’il y a moins de poissons dans les eaux peu profondes entourant l’île. «J’ai parlé à des pêcheurs qui m’ont dit que c’est parce que les eaux côtières se réchauffent trop, et poussent les poissons à descendre plus profondément pour y trouver des températures fraîches.»
Les vents changent également. D’ordinaire, cette partie de l’archipel est balayée de vents d’ouest, mais la brise vient à présent aussi de l’autre côté. «Les vents d’est érodent la plage», explique-t-il.
«On peut déjà en voir les conséquences.» Les tempêtes sont devenues plus longues et plus violentes. Durant la haute saison, le gardien de Budelli passe ses journées à parler aux visiteurs de protection de la nature. «En été, ma vie change complètement. Je m’occupe de donner des conférences et de faire des visites guidées de l’île, de l’aube au crépuscule.»
Les cours ont lieu dans une petite cabane à part, équipée de bancs de bois et d’échantillons de pierres et de coraux. Parfois, un ami traduit ses paroles en anglais. «Les enfants sont plus réceptifs que les adultes,remarque-t-il. Ils aiment entendre un vieux Robinson Crusoé leur parler de la nature.»
La cabane où Morandi accueille les visiteurs | Mauro Morandi
«J’enseigne aux enfants que la nature n’est pas quelque chose qu’on utilise, dit Morandi. C’est quelque chose que nous devons protéger.» Il fait là référence à un site célèbre de Budelli, sa plage rose, qui fait dire à certains qu’il s’agit de l’une des plus belles îles au monde.
**Ravages du tourisme
Connue pour avoir été immortalisée dans le film de Michelangelo Antonioni Le Désert Rouge, sorti en 1964, la plage rose ou spiaggia rosadoit sa couleur à un mélange bien particulier de cristaux, de fossiles et de coraux tels que Miriapora truncata et Miniacina miniacea.
Quand la Sardaigne et les archipels alentours sont devenus une destination touristique émergente dans les années 1980, des masses de touristes ont afflué vers Budelli pour voir sa fameuse plage rose et en ramener chez eux des poignées de sable. En 1994, cette pratique avait déjà causé des dégâts importants. La plage blanchissait et les touristes en ont bientôt été bannis. Faire appliquer cette interdiction constitue depuis une partie du travail de Morandi. «Depuis trois ou quatre ans, le rose commence à revenir», constate-t-il. Mais il craint à présent de ne pas pouvoir être là lorsque la plage reviendra complètement à sa splendeur passée.
Des traces d’érosion à Budelli | Mauro Morandi
Quand Budelli a été mise aux enchères en 2011 suite à la banqueroute de la compagnie immobilière qui la possédait, une offre d’achat a été soumise par Michael Harte, un banquier néo-zélandais qui affirmait vouloir la convertir en une réserve naturelle accompagnée d’un centre hôtelier écologique.
Le plan n’a pas été bien reçu par les autorités locales et le conflit a duré des années, durant lesquelles Morandi n’a pas caché son soutien à Harte. «Je sais parfaitement bien que les choses dirigées par le gouvernement ne fonctionnent pas, explique-t-il, tandis que ce type, Harte, il a déjà réalisé des réserves naturelles en Nouvelle-Zélande.»
**Liberté à double-tranchant
Harte a finalement retiré son offre en 2016 et l’île est officiellement devenue propriété de l’État italien. Morandi pense que son soutien public à Harte l’a déconsidéré auprès des autorités. «J’étais certain qu’ils essaieraient de ruser pour me chasser», affirme-t-il. Il a en effet reçu il y a environ un an un avis d’expulsion s’appuyant sur des irrégularités dans la façon dont sa cabane avait été construite, avant même son arrivée sur l’île. «Mais je sais bien à quel point ce type de question juridique peut s’éterniser. Je ne bougerai pas.»
Plus récemment, le parc national a nommé un nouveau président, qui pourrait changer d’avis quant au droit du gardien de l’île à y rester. Dans le même temps, l’homme qui a passé la majorité de sa vie adulte à Budelli et certains de ses partisans ont lancé des pétitions pour le soutenir. L’une d’entre elles était intitulée: «Je voudrais que Mauro Morandi, ancien gardien de Budelli, puisse ne plus vivre dans la terreur.»
Lui ne trouve pas vraiment que «terreur» soit un terme adapté à sa situation actuelle. «Je n’ai pas peur, dit-il, je suis habitué à vivre dans l’incertitude». Le premier propriétaire de l’île avait apparemment cessé de le payer au bout de cinq ans, et Morandi avait déjà dû faire face à la nécessité de partir, pour des raisons financières.
Mais cette fois-ci, c’est différent, notamment parce que la liberté à quelle il avait un jour aspiré en venant ici est maintenant à double-tranchant. «Avant, je pouvais toujours partir et revenir, explique-t-il. Aujourd’hui, je suis contraint de dépendre des gens qui viennent.» **Vittoria Traverso — Traduit par Felix de Montety — 22 mars 2018 / slate.fr / reportage
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