La goélette «Tara Océans» en mission scientifique
1 08 2010
La goélette polaire Tara, deux mâts de 130 tonnes long de 36 mètres, amarrée au port des Champs-Elysées le 10 novembre 2008 à Paris.
Après la fonte de la banquise arctique, l’ancien bateau de Jean-Louis Étienne va étudier le piégeage du CO2 par le plancton dans tous les océans du monde.
Face à la cité de la voile Éric Tabarly, c’est l’effervescence sur Tara Océans avant son départ fixé au 5 septembre prochain (2009). Après 600 000 € de travaux réalisés ces derniers mois, il reste encore quelques aménagements à terminer sur le deux mâts de 36 mètres de long et 10 m de large. «Voilà déjà plusieurs années que Lorient est notre port de rattachement, explique Romain Troublé, directeur des opérations pour “Tara Océans”. Ici, les infrastructures portuaires sont adaptées et il existe un tissu de PME-PMI extrêmement qualifiées dans la réparation et l’aménagement des navires.»
Sur le pont arrière, perceuse en main, une jeune femme achève l’installation du laboratoire où seront filtrés les échantillons prélevés. À l’intérieur du navire, Éric Karsenti, directeur scientifique de l’expédition, montre la petite pièce de 6 mètres carrés qui accueillera les appareils de mesures physiques, chimiques et biologiques. Certains, comme le cytomètre de flux, sont déjà arrivés. D’autres comme le microscope 3D sont attendus. «Nous chargeons pour environ 1,5 million d’euros de matériel. Et pour plusieurs appareils, il a fallu concevoir une version robuste et compacte capable de supporter le milieu marin et aussi des températures extérieures très élevées.»
Ainsi, la très performante rosette CTD (Conductivity Temperature Depth), mise au point au laboratoire océanographique de Villefranche-sur-Mer par l’équipe de Gaby Gorsky, un des piliers de l’expédition. «Avec une caméra haute résolution reliée à des capteurs qui mesurent la salinité, la température et la profondeur et qui actionnent l’ouverture des bouteilles, nous pourrons récolter une très grande variété d’échantillons», décrit le biologiste marin, directeur de recherche au CNRS. L’appareil peut être immergé jusqu’à 2 000 mètres.
«Tara Océans» va étudier les micro-organismes marins impliqués dans le processus de piégeage et de stockage du gaz carbonique. «Les océans sont le deuxième poumon de la planète et c’est une partie de l’écosystème jusqu’à présent très peu explorée. Tara Océans aura en permanence cinq scientifiques à son bord. Une centaine d’autres suivront la mission à terre. Nous allons pouvoir étudier en détail toute la chaîne du vivant» , se félicite Éric Karsenki. Chaque mois, 300 kilogrammes d’échantillons prélevés seront acheminés vers Heidelberg en Allemagne, à l’EMBL, le laboratoire européen de biologie moléculaire auquel est rattaché Éric Karsenki.
Un financement assuré par des fonds privés
Composé de cinq personnes, l’équipage sera relevé tous les trois mois, comme les quatre membres de l’équipe médias chargée de réaliser trois documentaires grand public. Quant aux scientifiques, leurs vacations seront en moyenne de trois semaines.
Évidemment, l’expédition française coûte cher : environ 3 millions d’euros par an, uniquement financés par des fonds privés dont en premier lieu les deniers personnels d’Agnès Troublé, la créatrice de la marque de prêt-à-porter Agnès b. Déjà, la mécène avait financé la quasi- totalité de l’expédition de Jean-Louis Étienne en 2006-2008. «Cette fois, elle fournit un tiers du financement mais sans elle, rien n’aurait été possible», note son neveu Romain Troublé. Pour l’heure, 80 % du budget de la première année qui comporte 34 escales (Lorient-Le Cap) est assuré. Inspiré à Éric Karsenki par la lecture du livre de Darwin Le Voyage du Beagle, ce projet réunit pour l’instant une quarantaine de partenaires et autres fournisseurs. (Le Figaro-16.09.2009.)
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