la jalousie des abeilles…2-un courant d’air féminin

 

Depuis des siècles jusqu’à aujourd’hui, Nédroma a enfanté de nombreux hommes prestigieux, tel que Abdelmoumen Ben Ali, (décédé en 1163) le fondateur de la dynastie des Almohades, qui  va s’élancer à partir de cette cité, à la conquête du Maghreb, d’abord à l’ouest, en prenant Marrakech en 1147, puis à l’est, jusqu’à l’unification de l’Afrique du Nord, sous sa bannière.
Et de nos jours, on peut citer, le Dr. Elias Adam Zerhouni, le directeur actuel  des Instituts Nationaux de la Santé des Etats-Unis ; ce scientifique clinicien est né, et a grandi à Nédroma, il a fait des études brillantes en Algérie avant d’émigrer vers d’autres horizons Il y en a eu beaucoup d’autres, dans les domaines de l’enseignement et de l’éducation, de la médecine, de la musique, de la poésie, de la chanson, des arts et des métiers, du monde de la politique et j’en passe. 
 Le mariage auquel   nous étions conviés, ce jour-là à Nédroma, se déroulait dans une grande maison située dans un nouveau quartier, érigé récemment sur des terres fertiles utilisées autrefois pour l’agriculture.

                              Caftan, karakou et dentelle
 Nous étions arrivés juste au moment où le cortège de voitures luxueuses , décorées de fleurs, de ballons multicolores et de rubans rouges, blancs et verts, venait de ramener la mariée dans une ambiance de fête. Des femmes en tenues traditionnelles, fraichement coiffées et maquillées, descendaient des voitures et se pressaient autour de l’heureuse élue pour l’accompagner dans sa nouvelle demeure, en poussant une série de youyous joyeux et stridents à perdre le souffle et en balayant la rue d’un courant d’air féminin, chargé d’un mélange de parfums les plus doux et les plus volatiles qui arriva jusqu’à nous. 
On dirait un défilé de mode : des femmes et des jeunes filles, aussi jolies et élégantes les unes que les autres, sortaient des voitures, portant des robes magnifiques riches en couleurs, qui, en caftans en velours brodé de fil d’or, qui, en  karakou ou en robes de dentelle, qui, en ksanténya ou en mansouria légère et volante,en R’da ou blousa mansoudj, d’autres en badiya ou simplement en tenue européenne ; quelques unes étaient couvertes d’un burnous féminin très beau, ou d’un  haik mramma magnifique.
Pour celui qui venait d’arriver, il lui était difficile de reconnaître parmi toutes ces jeunes femmes aussi belles et aussi bien habillées,  celle qui allait se marier ce soir-là. On aurait dit qu’il y en avait plusieurs, tant les accompagnatrices étaient toutes de grâce et d’élégance. Il avait fallu attendre celle qui descendait de la voiture la mieux  décorée du cortège pour dire que celle-là, c’était la vraie. 
On la reconnaitrait aussi avec sa tenue de princesse chargée d’or, des kilos d’or, sous forme de bijoux divers, (la plupart empruntés)tels que :chaines en or, colliers de perles auxquels sont suspendus meskias, cœurs, mains de Fatima, en plus du krafage boulahia,zerroufs, khorsas ou énormes boucles d’oreilles à plusieurs rangs de perles fines et de pierres précieuses. Et aux avant-bras, un ensemble de bracelets en or,
et dès fois, un kholkhale à la cheville.               
                                    Les hommes tenus à distance
Attention !  les hommes doivent tenir leur distance et rester loin à l’écart. Ici, pas de mixité, pas de mélange, chaque genre se meut, évolue et se déplace dans son «  périmètre ».Pas question de transgresser les règles… quoique parfois, certains au nom de la modernité, tentent d’introduire d’autres mœurs venues d’ailleurs. De plus, les hommes sont très jaloux de leurs femmes, et vice-versa ; ils n’acceptent pas qu’on badine avec ces principes-là. Des principes sacrés. 
On fait la fête, oui ; on partage le bonheur des nouveaux mariés, et de la famille, oui ; mais tout doit rester dans les règles de la tradition musulmane qui ne permet pas le mélange et l’anarchie.
Dans la chambre nuptiale, la mariée est l’objet de toutes les attentions. Tout à l’heure, vers dix heures du soir, juste après la prière de l’ichaa, ce sera le tour au nouveau marié d’être ramené en cortège, ou en défilé nuptial, par ses copains dans une ambiance joyeuse différente.                        
                                     Par : Niar Med 
                                            

       toi et moi  

Heureux le moment où nous sommes assis, toi et moi.
Différents  de forme et de visage,
Mais n’ayant qu’une seule âme, toi et moi.
Les couleurs des bosquets et les chants des oiseaux 
Nous conféreront l’immortalité.
Au moment où nous entrerons dans le jardin, toi et moi ; 
Les étoiles du ciel viendront nous regarder ;
Nous leur montrerons la lune et sa lumière, toi et moi.
Toi et moi, libérés de nous-mêmes, serons unis dans l’extase,                             
Joyeux et sans vaines paroles, toi et moi.
*Poème de : jalal-eddine-Erroumi-[1204-1273]
-l’un des plus grands mystiques du soufisme médiéval.